Hommage à Pete Seeger par Serge Guérin

We shall overcome!

(Nous vaincrons!)

Photo BN.Com      

L’hiver n’est jamais une saison bien gaie, mais celui-ci est particulièrement sinistre. Ainsi, j’ai appris récemment deux mauvaises nouvelles.

La première, c’est que Pete Seeger est mort. Cela laissera bien des gens indifférents, ce qui se conçoit : Pete Seeger avait 94 ans. Je voudrais néanmoins lui rendre hommage, une fois n’est pas coutume.

Pete Seeger, c’est , avec ses complices Woody Guthrie et Malvina Reynolds, le créateur de la « protest song », c’est-à-dire de la chanson folk engagée. C’est le père spirituel de Bob Dylan, de Joan Baez, de Patty Smith, de Peter, Paul and Mary, de Bruce Springsteen, des étudiants américains pacifistes, etc.

 Dans les années 40-50 Pete Seeger était membre du Parti communiste américain.  Ce n’est pas une situation confortable, pour qui exerce son métier. Il a, pendant le maccarthysme, figuré sur la liste noire, et subi été dix condamnations. Comme son ami, le chanteur noir et militant communiste Paul Robeson, il a été l’objet de violentes attaques et blessé par les fascistes. Il a été de tous les combats pacifistes, et une figure de la lutte pour les droits civiques des Noirs. L’hymne de cette lutte, We shall overcome, c’est lui qui l’a créé, à partir d’une vieille chanson d’esclaves ; comme il est l’auteur de If I had a hammer, stupidement et commercialement détourné et souillé par Claude François. Lisez le texte original, vous verrez.

Jusqu’à sa mort, Pete Seeger a combattu, ne cessant jamais d’être un homme libre, ce qui n’est pas simple au « pays de la Liberté ». C’est d’ailleurs là qu’elle a sa statue. Pourquoi ? Parce que c’est là qu’elle est morte. Le sénateur McCarthy ne me démentira pas.

 C’était la première mauvaise nouvelle. La seconde, c’est que Jean- Marie Le Pen est vivant, mais cela n’a pas grand intérêt.

Serge Guérin.