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Un article du Maitron

 

BERTRAND Max, François

Né le 18 avril 1920 à Entraigues-sur-la-Sorgue (Vaucluse) ; courtier-négociant en fruits et légumes puis employé de mairie ; résistant ; secrétaire à l’organisation de la fédération communiste du Vaucluse ; élu local (maire d’Entraigues) et régional.

Fils d’un préparateur en droguerie puis épicier (radical socialiste selon le témoignage de son fils) et d’une ouvrière du textile puis épicière, Max Bertrand obtint le baccalauréat. Lecteur d’Émile Zola et de Victor Hugo, marqué par la lutte contre l’Occupant, il adhéra au Parti communiste début 1943. Il participa activement à la Résistance comme le précise son témoignage : « Dès 1941, il engagea la lutte contre l’occupant nazi en créant quatre groupes de résistance dans le secteur d’Entraigues » (lettre du 18 octobre 2004). Touché par le STO au printemps 1943, il rejoignit la région de Bollène où il participa à de nombreux sabotages (pylônes électriques, voies ferrées). En septembre 1943, il fut nommé commissaire technique régional de la Drôme-Ardèche. En février 1944, il fut technique régional de la région Gard-Lozère. Arrêté à Alès le 3 juillet 1944, il réussit une évasion spectaculaire et rejoignit l’Ardèche où il prit la place de technique régional, mi-juillet 1944, puis de chef du 4e bureau de la subdivision militaire de Privas. Le commandant Jacques Lamotte (son nom de guerre) fut démobilisé le 5 septembre 1945.
Négociant en fruits et légumes, il entra au secrétariat fédéral communiste fin 1946 et fit une école centrale de quatre mois, à Viroflay, en novembre 1947-février 1948. Secrétaire à l’organisation de la fédération communiste du Vaucluse en 1947, il occupait encore cette fonction en 1959 et demeura au bureau fédéral jusqu’en 1961. Il quitta le comité fédéral vers 1970.
Secrétaire du maire de Sorgues en 1953, Max Bertrand devint secrétaire général de la mairie. Marié, père de deux enfants, il présida une association de parents d’élèves de 1953 à 1965.
Secrétaire de la cellule communiste d’Entraigue, il fut maire adjoint (1953-1959), conseiller municipal (1959-1965), maire de cette ville (1971-1984), conseiller municipal (1984-1995) et compta, en tout, trente-six années de mandat. Créateur et président du syndicat intercommunal des Sorgues (1971-1994), comme du syndicat intercommunal des transports scolaires, il fut également conseiller régional de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA) de 1975 à 1984, dont quelques années vice-président.

Son cousin, Eugène Bertand, communiste, résistant (FTPF du Gard) fut exécuté et précipité dans le puits de Célas (Servas, Gard)

Source:

http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?      

article16546, notice BERTRAND Max, François par Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 29 décembre 2017

 

 

 

Les cousins Bertrand Eugène et Max

 

  • La mort atroce d’Eugène BERTRAND, combattant F.T.P.F.

Militant communiste à Marseille, il est arrêté en 1939 et interné au fort Saint Nicolas. Relâché, il vient vivre à partir de juin 1940 à ENTRAIGUES (Vaucluse) chez son oncle alors maire de la commune.

 

En septembre 1942, il échappe de justesse à une nouvelle arrestation. Il se réfugie à Bollène et rentre alors dans une complète illégalité. Il est d’abord hébergé chez Mme Alida DUGAS à La Croisière, puis par la famille VINCENT à LAPALUD.

 

A ce moment-là, l’action de la Résistance s’est considérablement développée. Les premiers groupes F.T.P.F. se constituent et multiplient les actions de sabotage. Il se retrouve avec Henri SABATIER dans le groupe F.T.P.F. de La Croisière jusqu’au mois de mai 1943. Le groupe étant repéré par la Gestapo, il est obligé de quitter Bollène. Vers octobre 1943, il est désigné avec son cousin MAX BERTRAND (qui après la Libération deviendra maire d’ENTRAIGUES) pour la direction régionale Drôme –Ardèche des F.T.P.F.. Il est commissaire régional eux effectifs.

 

La lutte armée s’amplifie de plus en plus : coups de mains dans les mairies, sabotages des voies ferrées, de pylônes électriques.

 

En février 1944, il participe à l’attaque d’un train allemand au défilé de DONZERE. Pertes importante pour l’ennemi.

 

En mars 1944, toujours avec son cousin, ils sont nommés à la direction régionale Gard-Lozère.

 

Le 3 juillet 1944 à 19h, la Gestapo et la milice viennent les arrêter au restaurant de la place FLORIAN (devenue Place de la Libération à ALES). Max réussit une évasion spectaculaire, mais hélas ! Eugène ne peut le suivre. Il est emprisonné au siège de la Gestapo d’ALES où il subit tous les supplices que nombre de résistants ont connus. Il ne parle pas.

 

On a retrouvé son corps devenu méconnaissable dans le puits de mine de CELAS, près d’ALES.

 

 

  • L’arrestation d’Eugène BERTRAND

Témoignage de son cousin Max BERTRAND ex commandant LAMOTTE (F.T.P.F.)

 

« Le 3 juillet 1944, j’étais avec Eugène, dans la salle du bar, Place FLORIAN à ALES, en train de souper. Trois civils entrèrent et demandèrent les papiers des clients du café. Pendant ce temps la milice cernait l’immeuble. Avec Eugène, nous avions d’excellents faux papiers. Nous passâmes à travers, mais peu de temps après, ayant contrôlé la salle du fond, ils revinrent en emmenant RAMIER, le recruteur régional et deux autres camarades. Nous les vîmes passer devant nous, conduits, revolver au poing par les trois civils. Nous étions impuissants, la rage au ventre. Le bar était redevenu libre. Je dis à Eugène : « Filons vite ! Allons parer à tout ce qui peut arriver ! » Il ne voulut pas, car dit-il « j’ai des papiers importants que je ne peux laisser ici ».

 

Hélas, quelques minutes plus tard, la Gestapo revint en force. Deux hommes seulement entrèrent et vinrent vers nous. L’un d’eux s’adressa aux clients en tenant des propos orduriers sur la Résistance, nous présentant comme des bandits qui allaient expier leurs crimes. Pendant ce temps-là, je pensais à la triste renommée de l’Hôtel du Luxembourg d’ALES siège des S.S. et de la Gestapo.

 

Le discoureur me dit soudain :

« Allez ! Crie Vive Pétain ! ». A la troisième injonction et après avoir reçu une énorme gifle, j’obtempérais. Comme il se tournait vers Eugène et lui demandait la même chose, j’avais choisi ma solution. Je criai en provençal : « Zéno ! Ei lou moument ! a nen ié* ! »

 

Nous étions debout, près du comptoir, à deux mètres de l’entrée du bar. Je balançai un coup de pied dans le ventre de notre tourmenteur suivi d’un coup de tête qui l’envoya sur son collègue, les déséquilibrant tous les deux. Je m’élançai vers la sortie. Deux ou trois miliciens se trouvaient là. Je leur envoyai une bicyclette stationnée sur le trottoir et partis dans l’avenue en courant en zig-zag. Les balles sifflaient à mes oreilles. Heureusement je ne fus pas touché. Eugène ne put me suivre et il fut arrêté. »

 

Le nom d’Eugène BERTRAND est maintenant inscrit sur la stèle érigée à la gare de Bollène, à la mémoire du groupe F.T.P.F. de La Croisière, aux Côtés de ses camarades de combat Henri SABATIER, Louis DUGAS et Léon DUGAS.

 

Source: Les FTP Bollénois

 

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