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3ème Circonscription : Le feuilleton LE PEN !

 

«Échos de la campagne»

    par Roger Martin

 

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Internet l’annonce : demain jeudi sera proclamée officiellement dans la presse la candidature sur la 3ème circonscription de Vaucluse de la petite-fille du milliardaire Le Pen.

 

Ce n’est que l’ultime rebondissement d’un feuilleton dont la première livraison a eu lieu en février dernier. Le bruit courait depuis quelques semaines lorsque La Provence du jeudi 23 février a confirmé : il y aura un Le Pen dans notre circonscription.

Silence sur son identité.

 

Puisqu’il ne pouvait s’agir de l’avocate Marion Anne Perrine Le Pen-Alliot, dite Marine, le choix se résumait au patriarche, Jean-Marie, ou à la descendante, Marion, étudiante en droit à la fac préférée des fachos, Assas.

 

Interviewé, Jean-Michel Ferrand avoua sa préférence pour l’aïeul, se montrant fort peu respectueux du presque nonagénaire, avant de se payer la peau de l’ours avant de l’avoir jeté à terre : « Je ferai une photo avec mon pied sur sa tête… Il repartira avec le mal de tête, lou papet, je vous le dis. Et je ne sais pas avec quel rituel il sera sacrifié, mais il le sera… ».

 

Fichtre ! Le député sortant en héros de la Table Ronde ou en Saint-Georges terrassant le dragon, voilà qui ne laissa pas d’impressionner. Encore heureux qu’il n’ait pas cru bon de pasticher Danton en s’écriant : « Je montrerai ta tête au peuple, elle en vaut la peine » !

 

Pourtant, celui qui, aux législatives de 1997, traitait ses adversaires de « Turlupins », prenait le risque de passer avec pareilles rodomontades pour un nouveau Tartarin.

Tartarin de Carpentras, en effet, ne compte pas au rang des tribuns, pas plus que des débateurs hors pair et je vous fiche mon billet que si le Milliardaire de Saint-Cloud l’avait provoqué en duel, pardon en face à face, il aurait décliné la proposition.

 

Jean-Michel Ferrand, il faut le reconnaître, a cependant un atout pour lui. Solidement implanté dans sa circonscription (dont les nouveaux contours semblent avoir été dessinés pour lui), il n’est pas un parachuté. Et, contrairement à son collègue Thierry Mariani, sous-ministre, qui abandonne son mandat dans le haut-Vaucluse pour aller en quémander un autre chez les Français de l’étranger, laissant ainsi à Jacques Bompart, maire d’Orange, candidat de la Ligue du Sud, une place bien chaude, Ferrand annonçait la couleur : il allait abattre la Bête. Le fond du problème, cependant, c’est qu’il se gardait bien d’indiquer la façon dont il comptait s’y prendre ! Si c’était en rivalisant avec lui dans les discriminations et le sécuritaire à tout crin, l’affaire promettait !

 

À gauche, dans cette même page de la Provence, c’est à Catherine Arkilovitch, candidate du PS, qu’était donnée la parole : « Je suis ravie et j’attends avec impatience un Le Pen… ». Avant d’ajouter : « La campagne aura alors un tout autre enjeu, elle sera davantage médiatique et j’aurai alors certainement d’autres appuis, que je n’ai pas pour l’instant ! ».  

 

Aujourd’hui, dans plusieurs journaux, et sans même attendre que la situation des quelque 80 circonscriptions où existe un risque d’élection de députés de l’extrême droite soit examinée par les responsables départementaux et nationaux des partis de gauche, Catherine Arkilovitch ouvre les hostilités contre…le Front de gauche et son candidat : « Le Front de gauche n’a pas fait le score qu’il escomptait et je maintiendrai ma candidature aux législatives. Je ne me désisterai pas en faveur de Roger Martin qui n’est connu que dans son petit périmètre de Pernes-les-Fontaines… ».

 

Je ne veux pas polémiquer stérilement, mais il me paraît bon de rappeler quelques vérités : le Front de gauche a réalisé 10,40 sur la 3èmecirconscription, François Hollande, qui a obtenu un beau résultat sur Avignon, ne recueille en revanche que 19% sur cette circonscription. Et c’est François Hollande. Est-il insultant de penser que le score du PS, avec la candidature de madame Arkilovitch, non souhaitée par 70% des militants de ce parti, n’a aucune chance d’égaler ou de dépasser celle du candidat Hollande ? Faut-il être voyante extra lucide pour prévoir que son parachutage dans un département et une circonscription où elle est inconnue n’est guère susceptible de la propulser vers des hauteurs ?

D’autant que celle qui se présente comme le recours contre le FN et qui « n’a pas peur de Jean-Michel Ferrand » a multiplié les bévues. Le parachutage d’une novice de la dynastie Le Pen serait-elle son seul thème de campagne?  Quid de la situation du monde agricole ? De l’emploi ? Des 99 licenciements de Continentale Nutrition et de la cinquantaine d’autres qui s’ensuivraient dans l’ex-Carnaux Métal Box ? Et la situation de l’enseignement, avec les postes supprimés à l’école des Garrigues et d’autres écoles de la circonscription, sans oublier ceux du collège Charles Doche de Pernes, ville où on lui a trouvé un pied à terre ? Madame Arkilovitch sait-elle que les restrictions budgétaires y sont abominables, qui risquent d’entraîner l’abandon de l’aide aux élèves en difficulté et  l’arrêt des projets pédagogiques ? Quid de l’opinion méprisante affichée pour les fonctionnaires dans une formule qu’on se serait davantage attendu à entendre dans la bouche de représentants de la droite et de l’extrême droite : « Je n’ai pas peur de Ferrand, je ne suis pas fonctionnaire, je suis chef d’entreprise ». Une déclaration qui ravira les enseignants, les postiers, les agents de L’EDF, des Impôts, des Télécoms, les personnels hospitaliers… Tous des lâches, quoi !

 

« La campagne sera davantage médiatique » : certes, mais si on n’avait pas imposé aux militants du PS une parachutée, il n’y aurait pas eu besoin du débarquement lepéniste pour la faire connaître !

Car, je n’hésite pas à le dire : il y a quelque chose de méprisant et même d’humiliant, et pour les autres candidats et pour les propres militants du PS, dans les propos et l’attitude de madame Arkilovitch : « J’arrive, faites-moi de la place, Le Pen n’a qu’à bien numéroter ses abattis ! »

 

Eh bien non, Catherine Arkilovitch : le candidat de la solidarité, de la justice, du social, de la fraternité, le candidat qui s’opposera aux propositions nauséabondes de la dynastie milliardaire des Le Pen, nul besoin d’aller le chercher ailleurs ! Ni débarqué, ni parachuté. Il y a 20 ans qu’il milite dans cette circonscription.

 

C’est moi.

 

 

Je m’appelle Roger Martin, j’étais professeur jusqu’au 1er septembre 2011 (un lâche, donc). Responsable de la cellule communiste du canton de Pernes qui porte le beau nom de Danièle Casanova, secrétaire du SNES/FSU au collège Charles Doche, militant de toujours. J’ai reçu l’investiture du Front de Gauche pour être candidat aux prochaines législatives. Je suis fier d’avoir été désigné par un vote unanime.

 

Le Front national, je n’ai pas attendu cette annonce pour le combattre.

En 1995, c’est à mon initiative et à celle de quelques militants progressistes,  dont des socialistes, des verts et beaucoup de syndicalistes, qu’une vingtaine d’organisations se sont réunies à Carpentras pour préparer une riposte à la venue de Le Pen le 11 novembre.

J’ai été le porte-parole de ces organisations.

Le 11 novembre, devant 3500 manifestants, c’est moi qui ai été chargé, à l’unanimité, de prononcer le discours à Carpentras.

Quelques jours plus tard, c’est moi encore qui étais élu, à l’unanimité, président de la nouvelle organisation antifasciste baptisée Sursaut, qui comptera jusqu’à 500 adhérents et mènera un combat de tous les jours contre l’extrême droite.

 

Cette année-là, et les suivantes, j’ai été la cible de menaces régulières de la part des partisans du FN. Menacé devant le lycée Fabre à Carpentras avec un pistolet à grenaille, harcelé la nuit plusieurs fois par semaine à mon domicile, parce que nous avons toujours refusé, ma femme et moi, de nous mettre sur liste rouge (ce qui aurait montré qu’ILS avaient gagné…). Et le pire restait à venir lorsque j’ai publié le livreMain basse sur Orange (Calmann-Lévy), à une époque où Bompart, sa femme et sa parentèle appartenaient encore au FN.…

 

Je ne la jouerai pas « ancien combattant », mais je tiens à dire que je trouve un certain culot à cette attitude : débarquer sans tambour ni trompette, mais pleine de morgue et de suffisance comme si l’on était attendue comme le Messie.

 

Que les choses soient claires : il existe à Gauche une règle. Le désistement au second tour en faveur du candidat arrivé en tête au premier. En général, cela se passe plutôt bien. Ma position est simple : respect de la règle. Ce type de démarche, cependant, rien n’interdit de le rendre moins douloureux, plus aisé : il suffit de témoigner à ses « concurrents », qui ne sont donc ni des adversaires ni des ennemis, d’un minimum de respect.

 

Et tiens, si je dois livrer le fond de ma pensée : je souhaite ardemment que le peuple de gauche renvoie Sarkozy dans ses foyers, qu’il trouve l’énergie et la volonté de mettre en œuvre une stratégie respectueuse des uns et des autres pour conjurer le péril brun-marine dans les quelque 70 à 80 circonscriptions menacées.

 

Je vais m’y employer, je m’y emploie déjà avec mes amis et camarades du Front de gauche, pour que le 6 mai, pas une des voix que nous avons recueillies ne manque au candidat Hollande.

 

Roger Martin

 

Tag(s) : #AGIR AVEC LE PCF
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