A l’heure où fleurissent des initiatives anti-Linky y compris de ceux qui ont soutenu au plan européen le 3ème paquet énergie du traité de Lisbonne, dont découle le 4ème paquet énergie et Linky, le Pcf Drôme entend faire connaître sa position.
Le compteur Linky fait partie d’un processus de longue date visant à démanteler les politiques énergétiques et sociales des Etats pour passer sous contrôle complet des forces ultralibérales supranationales.
C’est à l’aune de choix politiques européens partagés par la France qu’il faut apprécier ce que permet le compteur Linky :
- Le nomadisme énergétique : changement de contrat et de fournisseur d’électricité facilité et encouragé grâce aux opérations techniques instantanées que Linky permet.
- Le développement de l’auto production et le renvoi d’électricité par les installations privées photovoltaïques sur le réseau, exigeant d’Enedis une gestion technique complexe (et la facturation à l’ensemble des usagers captifs). Linky permet la comptabilisation des flux entrants et sortants de ces installations privées. Avec tous les risques de rupture de l’égalité d’accès à l’énergie pour tous les citoyens où qu’il habite.
- Le 4ème paquet énergie encourage l’extension les contrats d’effacement. Au lieu d’investir dans des outils de production nécessitant des financements importants amortis sur le long terme, ce projet de directive inciterait les usagers à ne pas consommer d’électricité quand la demande est forte. Aujourd’hui des millions de personnes ne se chauffent pas ou peu car ils ne peuvent pas payer ! Demain, ils ne le pourront toujours pas car les prix augmenteront et les tarifs sociaux seront supprimés. Par contre ils seront incités à ne pas consommer par de nouveaux opérateurs privés dits « gestionnaires de contrats d’effacement » rémunérés via un mécanisme imputé sur la Contribution du Service Public de l’Électricité (CSPE). C’est à nouveau les usagers qui vont payer ! Linky participera à la gestion des contrats d’effacement.
- Le 4ème paquet énergie complète le « SuperGrid » (super quadrillage), projet de réseau de transport intégré et piloté au niveau européen, par des mailles régionales intermédiaires, en fait un niveau transnational et une multitude de « SmartGrids » (quadrillages intelligents) locaux avec des connexions complexes entre ces communautés de « petits producteurs et de consommateurs ». Grâce à ces capacités techniques, Linky participe au fonctionnement de ces systèmes et à l’éclatement de la desserte publique sur le territoire national. .
Par ailleurs le 4ème paquet énergie veut en finir avec la péréquation tarifaire et imposer une facturation différenciée reflétant les coûts réels par exemple d’acheminement et de gestion des réseaux ce qui mettrait fin à la facture d’abonnement identique pour tous.
In fine l’objectif est de passer à des opérateurs privés le marché de l’électricité et de leur permettre d’augmenter les prix du Kwh ce qu’empêche le tarif réglementé qui devrait disparaitre dans 5 ans. Ce serait la mort du service public de l’énergie !
Les communistes sont opposés au compteur Linky, non sur ses aspects techniques, mais par rapport aux choix pour lesquels il a été conçu. Le cout de développement du Linky est exorbitant : 5 milliards d’€. Ces financements ne seraient-ils pas mieux utilisés pour renouveler et enfouir les réseaux, isoler les logements aider socialement les 12,5 millions de personnes en précarité énergétique.
Tout n’est cependant pas perdu d’avance. Ainsi suite à l’intervention d’organisations syndicales et d’ONG comme « Droit à l’énergie S.O.S. Futur » les Vingt huit réunis à Bruxelles sont parvenus à un accord sur le projet de directive relative au marché intérieur de l’électricité, supprimant la date butoir des 5 ans pour la fin du tarif réglementé. Il n’y a donc plus de raison pour que ce tarif soit supprimé. A la France de passer maintenant de la parole aux actes !
Jean-Marc Durand
Fédération Pcf Drôme