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(La Marseillaise, le 24 mai 2018)

Gouvernement et direction de l’entreprise ont beau ergoter, le résultat et le taux de participation de la consultation organisée par l’intersyndicale constituent un message clair.

94,97% contre (soit 86.490 votants), avec un taux participation qui atteint 61,15% (91.068). Le rejet de la réforme est massif et le résultat « sans appel », ainsi que le qualifie Laurent Brun (CGT Cheminots).

Cette consultation « vot’action » organisée par l’intersyndicale CGT, Unsa, SUD et CFDT, qui avait débuté le 14 mai pour s’achever mardi soir, s’avère être « une prouesse militante ».

C’est pourtant avec toute la condescendance qui le caractérise que le gouvernement l’a reléguée au rang de simple « pétition », tandis que le dirigeant de la SNCF, Guillaume Pepy, n’a cessé de marteler qu’elle n’était pas « légale ».

Or, le référendum d’entreprise n’était-il pas présenté comme la panacée en matière de démocratie, par ce même gouvernement, au moment où il passait en force les ordonnances réformant le Code du Travail ? En réalité, sous l’ère Macron-Philippe, l’expression des salariés est à prendre en considération quand ce sont les directions d’entreprise qui en fixent les règles (malgré le contre-exemple d’Air France). Et surtout lorsque l’issue du vote est conforme aux orientations libérales du pouvoir.

Si le gouvernement n’entend pas accorder de crédit à l’initiative syndicale de « vot’action », c’est aussi parce que le référendum tel qu’il l’envisage est précisément une manoeuvre pour contourner les représentants des personnels sous prétexte de démocratie directe.

Une « vot’action » légitime

Quant à la « légalité » ou pas de ce scrutin, s’il ne répond pas aux critères dictés par le gouvernement, et n’en déplaise à Guillaume Pepy, il est en revanche tout à fait légitime au regard du nombre de cheminots qui y ont pris part. « On ne fait pas une réforme contre l’avis des principaux experts en la matière et de ceux qui vont devoir la mettre en œuvre au travers de leur travail », commente Laurent Brun.

Ce résultat constitue un point d’appui supplémentaire et une nouvelle perspective pour le mouvement entamé le 3 avril par les cheminots qui totalisent, ce jeudi, 22 jours de grève perlée. Et à ceux qui spéculent
inlassablement sur le fameux « essoufflement », Sébastien Mariani (Unsa ferroviaire) a répondu hier que la grève demeure « forte dans la durée », soulignant la « détermination » des cheminots car le projet de réforme « détruit l’existant sans dire ce qu’on va construire demain ».

Peu disert hier sur la question, Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, a tout de même concédé « un score important » de la « vot’action », ajoutant néanmoins qu’« elle ne dit pas comment il est envisageable de sortir de la crise ». Le message est pourtant limpide : l’abandon de la réforme serait, à n’en pas douter, une très honorable « sortie de crise » aux yeux des milliers de votants.

Dans sa volonté de minimiser la consultation, le gouvernement tente de détourner l’attention sur les évolutions du dossier qu’il maîtrise. Benjamin Griveaux évoque ainsi le « rendez-vous important » de vendredi, date à laquelle le Premier ministre doit recevoir les syndicats pour des rencontres bilatérales. Et voudrait fixer l’attention sur « les questions de reprise de la dette ». Selon Les Échos, le gouvernement annoncerait une reprise de 35 milliards d’euros sur 47. Quant à Elisabeth Borne, ministre des Transports, elle a salué hier via un tweet « l’adoption du projet de loi (…) en commission au Sénat. Ce texte marque les avancées issues du dialogue social que nous avons eu avec certaines organisations syndicales ». Avancées ? Ou plutôt énième tentative d’ouvrir une brèche dans l’unité syndicale.

Agnès Masseï

Tag(s) : #JE LUTTE DES CLASSES
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