L'article ci-dessous est publié dans le cadre d'une tribune libre sous la responsabilité de son auteur, il n'engage ni la section Oswald Calvetti ni le Parti Communiste Français.
Drapeaux blancs de Syriza
Drapeaux blancs du PS au meeting de François Hollande au Bourget
Les drapeaux blancs, que brandissent avec enthousiasme les supporters de Syriza, me rappellent ceux qu’agitaient les militants socialistes lors du meeting de François Hollande au Bourget. Les drapeaux blancs de la reddition, ai-je pensé à l'époque...on connaît la suite.
Les Grecs souffrent, le capitalisme les ronge. Ne voyant pas bien comment on pourrait guérir durablement les malades sans éradiquer la maladie, j’ai bien du mal à partager les espoirs que beaucoup mettent dans une victoire de Syriza.
Cela n’a guère d’importance, le choix de la route à suivre appartient au peuple grec et à lui seul ; il trouvera sa voie. Plutôt que de sombrer dans le pessimisme qu’engendre l’impuissance, je me suis préparé une bonne salade grecque en y incorporant les ingrédients qui me semblaient utiles au militant communiste que je suis, ici en France.
Parmi bien d’autres, j’en ai sélectionné trois:
1. Un soutien concret au peuple grec
Dans son combat contre l’austérité, le peuple grec doit pouvoir compter sur notre soutien concret et sans faille, cela quelle que soit la voie qu’il choisira pour la mener.
Tout succès que nous remporterons dans notre rejet de la loi Macron, notre refus de l’austérité (pour les pauvres) et dans la diffusion des idées communistes, affaiblira l’adversaire commun aux peuples français et grec : le capitalisme et son bras armé l’Union Européenne.
Le soutien le plus efficace que nous puissions apporter à la lutte du peuple grec c’est de mener la lutte de classe ici et maintenant.
2. Une observation : 2 stratégies s’opposent
D’un côté les communistes du KKE (1). Mettant en cause le capitalisme, ils proposent de s’attaquer à ses fondements en nationalisant les grands moyens de production et d’échange notamment les banques. Ils ne croient pas qu’on puisse faire fonctionner l’Union Européenne dans l’intérêt des travailleurs, car elle est a été conçue pour défendre celui du capital, ils proposent donc d’en sortir.
De l’autre Syriza. Estimant qu’il est possible de prendre des mesures favorables aux travailleurs dans le cadre des institutions et du système actuel, son programme économique ne remet pas en cause le capitalisme. On lira avec intérêt l’analyse sereine qu’en fait le quotidien des affaires La Tribune (2). Pour Syriza l’important est de remplacer les incompétents corrompus actuellement au pouvoir par des compétents de gauche animés de bonnes intentions.
L’avenir dira si l’une ou l’autre de ces stratégies pourra être mise en œuvre et quels fruits elle portera. Leçon devra en être tirée.
3. Une interrogation: Syriza un Front de Gauche grec?
En Grèce le Parti Communiste ne participe pas à Syriza. A l’opposé, en France, les communistes sont la cheville ouvrière du Front de Gauche que, dans une large mesure, ils font vivre et le financent.
Dire que Syriza est un Front de Gauche grec, c’est compter pour rien la position et l’action des communistes.
Venant de nos adversaires, l’affirmation n’aurait rien de surprenant; venant de responsables du Parti (et non des moindres) elle est plus inquiétante. Traduit-elle un désir de s’associer artificiellement à une aura médiatique qu’on n’a pas su conquérir en France ou est-ce un lapsus révélateur de dessins inavoués? La réponse à cette question peut être lourde de conséquences. Gardons les yeux ouverts.
Cette salade paraîtra sans doute indigeste à certains de mes camarades. Qu’elle ne leur reste pas sur l’estomac! En France tout finit par des chansons (dit-on). J’ai la certitude qu’à propos de la Grèce il y en a au moins une que nous pourrions entonner ensemble:
Tant qu'y a d'la lutte, Y a dl'espoir
Tant qu'y a dl'a vie, Y a du combat
Tant qu'on se bat c'est qu'on est debout
Tant qu'on est debout on lâchera pas
Enver
Un des communistes
Notes:
(1) Le parti communiste grec (KKE) a une longue tradition de lutte, il est bien organisé et est fortement lié à la classe ouvrière et aux couches populaires. Il obtient environ 10% des voix aux élections. Il a un site que l’on peut suivre en français (3). Son drapeau est rouge….
(2) Analyse du programme de Syriza par le quotidien financier la Tribune.
(3) Site du Parti Communiste Grec (KKE) en français