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https://guillaumesayon.wordpress.com/ publié le 2 décembre 2016

Quel magnifique, surprenant et succulent spectacle ces derniers jours. Un candidat surprise est sorti plus que confortablement de la primaire de la droite et du centre prenant le contre-pied de tous les sondages décryptés à longueur de tribunes. Le défilé des vieilles bourgeoises bigotes, haïssant la jeunesse et la solidarité même la plus discrète et imperceptible possible ont trouvé leur héros, le châtelain coincé sous perfusion de christianisme labellisé Civitas et de libéralisme économique outrancier qui a fait les beaux jours d’un Reagan, d’une Thatcher et avant eux d’un Pinochet.

Macron lui, a déchiqueté avec ses ongles aiguisés de loup affamé le voile du doute, va t-il y aller, ne va t-il pas y aller ? Après avoir goinfré une partie de la bourgeoisie lors de repas qui affichaient des prix particulièrement indécents, avouons ici que la surprise n’était que partielle. Il y a toujours le petit lèche-pompe des banques systémiques, ni de gauche ni de droite, promettant la liberté d’entreprendre, le gourou qui lâche sans tremblement dans la voix à la jeunesse désœuvrée enrichissez-vous ! Mais comme à chaque fois, flip flap la girafe !

Enfin, le président sortant décide de ne pas remettre le couvert devenant le temps d’un discours parsemé de mensonges et d’auto-congratulation grossière, un monument de courage aux yeux d’une presse bourgeoise qui se paluche en cœur devant l’iPad dernier cri . Quel courage de jeter l’éponge pour éviter le ridicule. Quel courage de partir après avoir plongé notre pays dans une sorte de clair-obscur d’où peut surgir le pire, des monstres.

Alors nombreux sont ceux qui vont se prosterner devant la divine providence. La démocratie si malmenée ces dernières années retrouve une forme de vitalité. Des candidats qui incarnent une fausse nouveauté, des scénarios qui se dessinent ne respectant pas les schémas pré-établis. J’imagine la mine enjouée des patrons de presse qui sont aussi les donneurs d’ordre politiques. Non seulement il sera possible de continuer à vendre du papier avec les biographies des papabiles surprises, de nouveaux sondages aussi pipés qu’à l’accoutumé, mais cerise sur la gâteau, la farce ubuesque de la généralissime république va pouvoir continuer encore un peu. En voilà des raisons de sabrer le champagne, de s’enivrer avec les plus beaux millésimes bordelais.

Oublions le traité de Lisbonne adopté par le parlement dans les murs royaux de Versailles, faisant abstraction du vote souverain lors du référendum de 2005 ; oublions l’épisode de 2003 et la réforme des retraites adoptée sans sourciller ; oublions le 49-3, marque de fabrique du toréador vallsiste y compris pour faire passer une bombe explosive dynamitant des siècles de conquêtes sociales. Il faut aussi faire l’impasse sur l’abstention galopante. On évoque d’ailleurs la possibilité d’établir le vote obligatoire. Ne pensons pas non plus à l’irrésistible ascension de l’extrême-droite qui compte aujourd’hui de nombreux élus dans nos régions. Tant que la légitimité du vote n’est remise en cause par personne, le vaste plan en cours peut continuer tranquillement son œuvre.

Il y a des surprises comme l’élection de Trump aux États-Unis il y a quelques semaines. Par chance, le monsieur anti-système est en fait parfaitement intégré à la matrice et la bourse, après avoir toussoté mollement, est repartie vigoureusement à la hausse. Elle est là la beauté de la république bourgeoise. Quand on a prise sur toutes les pièces du puzzle, le risque de basculement est maîtrisé. Je remarque d’ailleurs que la mort de Castro permet de remettre une couche bien grasse de pommade. Que tous les dieux prémunissent l’occident où le bonheur règne universellement de connaître un seul jour le socialisme, le vrai. Des vidéos et photos à foison montrent un peuple sincèrement endeuillé, défilant pacifiquement, sans le canon d’une arme militaire dans le dos, dans les rues de La Havane. Difficile chez nous d’imaginer un tel acte, une telle scène. En même temps, difficile chez nous d’imaginer des rues sans SDF, des universités totalement gratuites, des hôpitaux performants avec les meilleurs médecins du monde et des soins eux-aussi totalement gratuits, une prise en compte avant-gardiste de la question environnementale avec une agriculture paysanne respectueuse des sols et des hommes. Pourtant, le communisme est le diable. Alors prenez vos antidépresseurs et allez voter Fillon, dieu vous le rendra …

Pour autant, certains pensent que peut surgir dans notre cadre hypothétiquement démocratique un homme providentiel, capable par la pointe de son épée de mettre à genou le système et d’imposer le bonheur universel. Jamais je ne me moquerais de l’espoir, même s’il prend un chemin trompeur. Lorsqu’on manque d’éducation politique, j’entends par là qu’on ne mesure pas ce que sont les rapports antagonistes de classes, que la révolution par la réforme n’a jamais connu autre chose qu’un échec cuisant, que sans mouvement social organisé il ne sera possible de rien arracher de décisif, il est courant de se laisser convaincre par l’orateur talentueux. C’est une sorte d’adolescence politique où les idoles structurent la pensée. Dans le vide métaphysique de la période, qui peut-on blâmer de s’accrocher au moindre espoir paraissant sincère ? Ainsi une partie de la gauche à laquelle nous sommes nombreux à appartenir a fait le choix de Mélenchon. Je prends acte de cette décision et me plie donc au choix souverain et majoritaire de mes camarades. Bon il y a des chiffres surprenants lorsqu’on regarde le détail de la consultation. La fédération de Marie-George Buffet qui communique des chiffres à contre-tendance de ce qui se fait ailleurs en France. On aurait imaginé un peu plus de doigté tout de même tant les débats ont été passionnés, parfois clivant entre nous. Soit, ne jetons pas de l’huile sur le feu.

Je ne me fais personnellement aucune illusion sur cette candidature. Je ne ferai rien pour la salir ou la caricaturer. Néanmoins j’ai conscience des folles attentes, à mon sens déraisonnables, qu’elle implique chez certains, de la très prudente révolution économique qu’elle propose, qui ne pourra jamais voir le jour dans le cadre européen actuel. Si Jean-Luc Mélenchon gagnait demain, la première décision qu’il devra prendre sera de quitter l’Europe ou non. Voyez la broyeuse terrifiante et humiliante par laquelle Tsipras est passé en Grèce. Pas de politique de relance en Europe, la règle est simple et elle ne peut souffrir d’aucune exception. La droite autoritaire allemande veille au grain. Il ne pourra pas être question de petits bidouillages plan A ou plan B. Vous voulez augmenter le Smic, taxer le capital, redéployer les services publics massivement sur le territoire, lancer la construction de centrales thermiques, il vous faudra alors quitter l’Europe. C’est l’extrême faiblesse pour ne pas dire bêtise de notre camp. Refuser de prendre cette réalité en compte ; réciter de douces mais terriblement naïves comptines sur une possible refonte de l’Europe. Les traités rendent cette option impossible. Encore une fois la Grèce a juste élevé la voix, la BCE a coupé tous les robinets et nous avons assisté stupéfaits à ces scènes de chaînes humaines devant les distributeurs pour retirer quelques euros.

Ceci à l’esprit, je vais donc me battre pour faire élire un député communiste dans ma circonscription qui, je le sais, sera utile à nos populations, aux travailleurs en lutte du territoire … Je vais inlassablement continuer à me former, à apprendre, à écrire pour convaincre qu’un autre monde est possible, un monde où règne le commun. Je vais continuer à me battre dans mon parti pour qu’il redevienne un outil ancré dans les masses. Un outil qui forme, qui éduque, qui organise, qui rassemble et qui lutte. Par conséquent et pour paraphraser humblement Fidel Castro, mon seul orgueil sera d’avoir peut être été utile.

 

Guillaume Sayon

Militant, adjoint à la culture de la ville d'Avion et membre de la direction départementale du PCF (62)

Tag(s) : #AGIR AVEC LE PCF, #TRIBUNE LIBRE
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