Du comptage des étrangers en 1938 à la rafle du Vel d'Hiv en 1942.....
Du comptage des immigrés en 1970 à .....
A Venelles (13), le maire UMP a tenu sur Tweeter des propos si islamophobes que, même ses amis politiques, ont été obligés de les désavouer. Ceci amène notre camarade Michel Bianco, habitant de cette commune, à rappeler que ce que l'on dit des musulmans aujourd'hui ressemble à s'y méprendre à ceux qu'on disait hier de populations très diverses: bretonne, juive, italienne.
Si le même discours xénophobe peut s'appliquer indifféremment à des groupes très différents c'est qu'il n'a pas pour but de décrire la réalité. Il vise à diviser les milieux populaires en opposant de mythiques "gens d'ici", parés de toutes les vertus, à "ceux d'ailleurs" ayant les pires défauts.
Résultat: tant que les pauvres font la guerre aux pauvres les riches peuvent exploiter librement, c'est bien là l'objectif visé.
R.C.
Venelles : Nous avons peut-être l'impression que le profil des immigrés a changé mais il est certain que les racistes n'ont malheureusement pas changé!
Lorsqu'une minorité est stigmatisée pour ce qu'elle est, et non pour ce qu'elle fait, la barbarie est proche. Un discours putride parcourt notre commune: Robert Chardon (*) notre ex-maire aurait dit tout haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas, il n' y aurait donc pas matière à en faire une histoire. C'est ce qu'on entend depuis que l'affaire a éclaté pour justifier les propos tenus…
La rumeur mauvaise d'aujourd'hui prolonge, à si méprendre, les stigmatisations qui traversent notre histoire; à croire que l'oubli se trouve dans les gènes de certains de nos compatriotes!
Le discours politique, médiatique et économique dominant veut faire oublier ses souffrances à un peuple victime d'un système à bout de souffle ; pour cela il pratique l'injure raciste qui divise et nie la dignité humaine.
Ce que je veux démonter dans ce texte, c’est la réflexion très fréquente , qui consiste à présenter les étrangers d’aujourd’hui comme inassimilables , oubliant ce qu'on a dit de leurs prédécesseurs.
Et pourtant, à y regarder de plus près, toutes les immigrations ont été touchées par des affirmations xénophobes:
1) Les immigrations de l’intérieur, les racismes anti-provinciaux :
C'était principalement de la classe dominante, concentrée à Paris, qu'émanait ce racisme. Ainsi le Journal des débats parlait "d'invasion des barbares", le baron Haussmann y voyait quant à lui une "tourbe de nomades", et Adolphe Thiers une "multitude de vagabonds".
Etaient par exemple concernés:
- Les Bretons (incompréhensibles, sales et stupides).
"Les principaux traits de la race bretonne sont la malpropreté, la superstition et l'ivrognerie " Manuel de géographie, 1929
L'exode rural pousse les bretonnes à aller à Paris
Elles y seront "bonnes à tout faire" ou prostituées
Normal: elles sont toutes "bécassines" - BD 1905
- Les méridionaux : (exubérants, fainéants, métissés…et lâches) .
"Je crois que Marseille est incurable à tout jamais, à moins d’une déportation de tous ses habitants et d’une transfusion d’hommes du nord" Fréron, à la Convention, 1793.
" Zone Sud, peuplée de bâtards méditerranéens, de Narbonoïdes dégénérés, de nervis, Félibres gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord. Au-dessous de la Loire, rien que pourriture, fainéantise, infect métissage nègrifié ". Louis Ferdinand Céline, novembre 1942
2) Les immigrations européennes :
- Racisme anti-belges : les Belges, majoritaires dans la population de Roubaix vers 1880, sont traités de « pots de beurre » et de « vermines ». De Liévin à Tourcoing, sévissent des émeutes anti-Belges dans les années 1890.
Pendant que l’ouvrier mineur français laisse sa famille et ses outils pour accomplir son service militaire, le belge lui prend sa place et travaille a vil prix. 1892
- Racisme anti-Polonais : vers 1920, il se développera tout un discours qui accusera les enfants polonais de ne pas bien s’adapter à l’école (cette chère école française républicaine...) et ainsi de menacer l’ordre public et l’unité nationale.
- Racisme anti-Italiens :il atteindra son point culminant avec la tragédie d'Aigues-Mortes, le 17 août 1893, qui vit des altercations entre travailleurs italiens et français dégénérer en véritable émeute, durant laquelle la foule excitée poursuivit les Italiens, armée de fourches et de pioches, provoquant un véritable massacre. Le bilan officiel de cette véritable chasse à l'homme fait état de huit morts.
Café à Marseille vers 1920
- Racisme anti-Espagnols : le 4 février 1939 le quotidien de droite bisontin « La République de l’Est » parle de "racailles interlopes". Il ajoute concernant ceux qui fuient la dictature franquiste "rejetons sans scrupules les violeurs, les profanateurs de sanctuaires, les fusilleurs et les tortionnaires. Fermons sans regret et sans hésitation notre porte aux déterreurs de carmélites, aux rôtisseurs de curés et de moines, aux scieurs d’otages entre deux planches".
3) Et tant d'autres immigations....
- Arabes :
“Je suis pas raciste, j’aime le couscous et les bricks aux oeufs” N. Morano
“ Honnêtement, Jean-Michel Larqué, ne croyez-vous pas qu’il y a autre chose qu’un arbitre tunisien pour arbitrer un match de cette importance? T. Rolland.
Restaurant Marseille 2012
- Noires:
« Je peux vous dire qu’il y a à Marseille une immigration comorienne importante qui est la cause de beaucoup de violences. Je ne peux pas la quantifier» Guéant- septembre 2011
La ministre de la justice Christiane Taubira est à ce titre visée par ce racisme : Sur internet "Elle a pas honte, la planète des singes et de retour, honte à la France du nous imposer pareil bouffon"
- Roms:
" Hitler n’en a peut-être pas tué assez " , Gilles Bourdouleix, député-maire
de Cholet, condamné en janvier 2014 à 3 000 euros d'amende avec sursis pour apologie de crime contre l'humanité.
Le maire (UMP) de Roquebrune-sur-Argens (Var), Luc Jousse, a été condamné en 2014 à un an d'inéligibilité et à 10 000 euros d'amende pour les propos suivants : « Ils (les Roms, NDLR) se sont mis à eux-mêmes le feu dans leurs propres caravanes ! Un gag ! Ce qui est presque dommage, c'est qu'on ait appelé trop tôt les secours ! »
- Juives :
« Veut-on démonter que le Juif n'est pas Français, qu'il n'est pas Allemand ?... Le Juif lui-même nous prouve surabondamment que pour vivre en France, il n'en est pas moins Juif, que vivant en Allemagne ou en Chine, il n'est ni Allemand ni Chinois ; il reste un Juif. Rien qu'un Juif. » Gabriel Malglaive « Juif ou Français, aperçus sur la question juive » mars 1942
Pendant l'occupation
Ainsi une immigration chasse l'autre et la pauvreté intellectuelle de la réflexion de certains se répète à l'infini.
Nous avons peut-être l'impression que le profil des immigrés a changé mais il est certain que les racistes eux n'ont malheureusement pas changé!
Michel Bianco (*)
(* ) Militant communiste de Venelles
Illustations choisies par Rouge Cerise
La couverture du Grelot et le commentaire viennent du site des retraités CGT du 13