Article paru sur le Blog militant de joseph coutant le 18 janvier 2015
http://jcoutant.over-blog.com
L'inversion de la courbe du chômage est une promesse phare de F Hollande depuis 2012 ;
je devrais plutôt dire « était » car la fin du quinquennat c'est pour 2017 et malgré les exonérations et cadeaux aux entreprises, l'inversion inlassablement promise n'a pas eu lieu, pire, le nombre de chômeurs sans aucune activité (catégorie A) n'a jamais cessé d'augmenter. En avril 2014, lors d'un déjeuner avec des salariés de l'entreprise Michelin qu'il visitait, il annonçait même «Si le chômage ne baisse pas d'ici à 2017, je n'ai, ou aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d'être réélu». Et lors de l'entretien télévisé du 14 juillet 2015, F Hollance a affirmé que « s'il n'y a pas de baisse du chômage, je l'ai dit plusieurs fois, je ne serai pas candidat [en 2017] ».
Au vu de la situation, c'est pour lui une sacrée épine dans le pied. Malgré cela, Valls répète à qui veut l'entendre que Hollande est le candidat naturel de la gauche pour 2017. Il considère que c'est la candidature la plus logique et la plus légitime.
Déjà, il devrait retirer « de la gauche » car Hollande n'a plus rien à voir avec la gauche. Et quand à ce qui est de la légitimité, c'est une nouvelle fois manquer à la parole donnée concernant la candidature puisque le chômage n'a fait qu'augmenter.
Car réduire le nombre de chômeurs à moins de 3 millions pour le ramener à son niveau de 2012 tient de la mission impossible. Alors la solution pour Hollande et son gouvernement, c'est de faire disparaître les chômeurs des statistiques, d'où le plan annoncé par Hollande aujourd'hui devant le Conseil économique, social et environnemental. Parmi les mesures, mettre 500 000 chômeurs en formation, cela ne fera pas un emploi de plus pour l'instant, mais 500 000 chômeurs de moins dans les chiffres de pôle-emploi.
Il a été versé 34 milliards d'euros de CICE aux entreprises pour un résultat nul en terme de créations d'emplois, puisque depuis 2012 le nombre de chômeurs venus grossir les chiffres de pôle-emploi s'élève à 650 000. Et pendant ce temps, 2015 a été une année record de dividendes versés aux actionnaires du CAC40 avec 56 milliards distribués. Cherchez l'anomalie.
C'est manifestement la sauvegarde de son emploi qui intéresse Hollande. Comme le dit le député frondeur PS Laurent Baumel, « Entre le libéralisme sans conscience et l'immobilisme sans avenir, François Hollande invente le libéralisme sans résultats. »
joseph coutant
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Article tiré du PCF le 18 janvier 2016
Le plan pour l’emploi présenté par François Hollande se heurte à des réalités qui ne peuvent être dissimulées derrière des annonces qui ne régleront rien. Aucun pouvoir nouveau pour responsabiliser vraiment les entreprises et les banques afin qu’elles créent des emplois. Pas de moyens financiers nouveaux (2 Mds€ pris ailleurs) et, même, une confirmation de la baisse des dépenses pour le monde du travail à travers la transformation du CICE (40 Md€) en exonérations pérennes de cotisations sociales.
F.Hollande maintient le scandale du Crédit impôt recherche (CIR)c, il amplifie et renforce la politique de baisse du coût du travail au lieu de s’attaquer à une baisse du coût du capital (dividendes, charges bancaires, spéculation, etc.). Et donc il poursuit la diminution des dépenses publiques et sociales. Il annonce une sécurisation, oui mais des licenciements ! c’est contraire à celle des salariés.
Sous couvert de « compléter » le pacte de responsabilité et le CICE, tant décrié à gauche et par le monde du travail, F. Hollande a pour objectif d’intégrer le plus largement possible tout le pays à la feuille de route égoïste du patronat au détriment du pays lui-même.
Une toute autre direction est à prendre avec une campagne de longue haleine pour l’emploi – son développement et sa sécurisation – ouverte à tous les citoyens et à toutes les forces sociales qui le souhaitent, Nous voulons bien relever le défi d’un état d’urgence pour l’emploi, de la France et ses régions jusqu’à l’Europe. Mais avec une évaluation démocratique, en y mettant les moyens et en impliquant de façon contraignante les banques et les entreprises : elles ne peuvent pas utiliser leur argent contre l’emploi, la recherche et le développement des capacités efficaces de production.
– Nous disons chiche pour évaluer vraiment le CICE et le pacte de responsabilité, car tout montre que le patronat n’a quasiment pas développé les entreprises avec cet argent mais l’a plutôt utilisé pour ses profits, pour spéculer et exporter ses capitaux.
– François Hollande propose de donner 2.000 euros à chaque PME-TPE qui embaucherait un jeune en prenant en charge ses cotisations sociales ? Ces cotisations manqueront alors aux comptes sociaux !
– Nous proposons au contraire qu’un Fonds public soit créé pour prendre en charge tout ou partie des intérêts payés par les entreprises aux banques pour leurs investissements si, nous disons bien si, ces investissements créent des emplois et améliorent les qualifications et qu’au contraire elles paient une sur-cotisation au contraire lorsqu’elles alimentent le chômage. Une partie des 40 Mds du CICE pourrait être affectée à ce fonds.
– Le PCF se félicite que l’on parle de sécurisation, lui qui est porteur très tôt d’un projet du 21è siècle de « Sécurité d’emploi ou de formation » pour un développement des capacités de tous, de l’emploi et une maîtrise des mobilités. Mais ce qui est dessiné par le Président est une sécurisation des patrons, des licenciements et des profits, pas des salariés, ni même des entreprises et de leur développement efficace.
– Même si 500.000 formations de chômeurs sont annoncées, cette sécurisation se ferait à moyens constants puisque l’Etat annonce 2Md€ … prélevés sur le reste du budget public existant (y compris sur le budget de l’enseignement). Donc moins de dépenses pour les services publics : moins de dépenses de santé ou pour l’école ou l’université ou le logement. Croît-on que cela va sécuriser les autres domaines de la vie de nos concitoyens, qu’ils soient chômeurs ou travailleurs ?!
Plutôt que de créer des contrats facilitant les licenciements, nous proposons de développer les CDI mais aussi de réfléchir à des contrats de réelle sécurisation avec un double volet : emploi et formation ; et une double responsabilité : de l’employeur et d’un service public de l’emploi profondément rénové.
Car en sécurisant les salariés et en développent leurs qualifications, leurs capacités créatrices, d’innovation et de recherche, on sécurise du même pas la création de richesses efficace par les entreprises.
François Hollande annonce des conférences pour la formation dans chaque région réunissant le patronat, les préfets, les services de l’Etat et les salariés. Pour qu’elles adaptent les formations aux besoins des entreprises. Nous disons « chiche » ! Mais à condition qu’elles incluent les banques, y compris la banque publique d’investissement, qu’elles ne portent pas que sur la formation mais aussi sur des engagements chiffrés et contraignants d’emploi par les entreprises répondant aux exigences de développement social et écologique.
« Etat d’Urgence pour l’emploi » ? Qu’attend F. Hollande pour interpeler aussi nos partenaires européens afin de créer un Fonds européen pour que les immenses liquidités créées chaque mois par la BCE n’aillent pas à la spéculation mais au développement de l’emploi et des services publics. Le Traité de Lisbonne nous y autorise (article 123.2).
Voilà ce dont il faut discuter . Il y a urgence .