La manifestation parisienne contre la loi travail, à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl, organisée sous haute surveillance policière et sur un trajet resserré, a réuni 60.000 participants jeudi, selon un décompte fourni par FO et la CGT. Dans la capitale, la manifestation s'est déroulé dans le calme selon les syndicats. Les manifestants étaient tenus à un aller-retour d'un peu plus de 1,5 km entre la place de la Bastille et la Seine, avec interdiction de s'écarter de cet itinéraire très surveillé. Aucun débordement n'a été signalé.
La préfecture de police, qui avait invoqué la crainte de débordements semblables à ceux du 14 juin pour interdire le défilé, avait pris des mesures de sécurité renforcées, avec le déploiement de plus de 2.000 membres des forces de l'ordre et l'installation de grilles autour de la place de la Bastille.
En amont et au départ de la manifestation, 95 personnes contrôlées notamment avec des objets pouvant servir de projectiles ont été interpellées, a-t-on appris auprès de la préfecture. Les syndicats ont également renforcé leur propre service d'ordre. "Aucune violence, aucun débordement ne sera toléré", avait prévenu mercredi le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, après avoir trouvé un compromis in extremis avec la CGT et FO sur l'itinéraire de jeudi. Les manifestants, dont beaucoup regrettaient le parcours circulaire imposé par les autorités, ont affirmé leur détermination à obtenir le retrait de la loi Travail.
Fait singulier, les manifestants ont battu le pavé en boucle. Le cortège "officiel" a été rejoint par des militants de Nuit Debout, qui marchaient en sens inverse, mêlant leurs slogans dans une joyeuse cacophonie.
De nombreuses manifestations se tenaient également en régions. A Rennes la manifestation d'opposants à la loi travail a rassemblé 3.000 selon la CGT. Au Havre, la manifestation se déroulait dans le calme. Elle rassemblait 20.000 personnes. A Marseille, ils étaient 45.000 manifestatnts selon les organisateurs, et 12.000 à Toulouse.
"Si le gouvernement s'entêtait, on verra cet été, mais on verra surtout à la rentrée", a dit à la presse le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, avant le départ du cortège parisien. CGT et FO en appellent toujours à l'intervention de François Hollande pour débloquer la situation et mettent en cause l'intransigeance supposée de son Premier ministre, Manuel Valls."Il faut qu'il prenne les affaires en main", a déclaré le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez à propos de François Hollande, en soulignant que la CGT n'avait reçu à ce jour aucune réponse à un courrier adressé le 20 mai à l'Elysée. La CGT et FO ont à nouveau insisté jeudi pour être reçues par François Hollande, qui a affirmé qu'il irait "jusqu'au bout" sur la loi travail. "On veut une réponse", a insisté M. Martinez, estimant que "quand sept organisations syndicales écrivent au président de la République, la moindre des choses c'est de répondre, quelle que soit la réponse".
Le défilé parisien entre dans le cadre d'un appel national à grèves et manifestations dans toute la France, le dixième depuis mars à l'initiative de sept syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU, UNL, Unef, Fidl). Le texte est examiné au Sénat jusqu'à vendredi avant un vote le 28 juin, date d'une nouvelle mobilisation.
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