
http://www.filoche.net/ publié le 26 juin 2017
Ils suppriment la feuille de paie papier pour une version électronique. En même temps ils veulent la « simplifier » au point qu’on ne verrait plus le salaire brut, ni le détail décisif des différentes cotisations pré affectées que nous mutualisons dans nos caisses sociales.
Que vise ce double souci affiché de progrès ou de simplification ? Pourquoi un bulletin informatisé devrait il être en même temps simplifié ? Est ce vraiment pour aider les entreprises ou embrouiller les salariés ?
Macron s’est engagé dans une manœuvre géante en vue des mois de janvier 2018 et 2019, pour modifier à la fois nos salaires, bruts et nets, nos cotisations et nos impôts.
Voilà un changement « technique » mis en œuvre bien opportunément par ceux qui ont intérêt à obscurcir nos moyens de contrôler la façon dont nos employeurs nous paient, dont nous cotisons à notre Sécu d’une part et dont l’impôt est prélevé par l’état d’autre part.
Les lois Sapin, Macron, El Khomri ont autorisé la dématérialisation de la feuille de paie… « sauf si le salarié refuse individuellement » et exige de recevoir une version papier. Qui utilisera ce droit ? Qui pourra l’imposer à son employeur ?
Un salarié sur 10 est déjà soumis à un bulletin de paie électronique. Comment sera assurée la sécurité de ces documents tellement essentiels, par exemple, pour le logement ou la retraite ?
26 % pensent déjà avoir perdu des bulletins de paie papier. Mais n’y a t il pas autant de risques pour l’informatique que pour le papier ? Ceux qui ont un disque dur ou coffre fort virtuel sont 95 % à préférer le bulletin dématérialisé, mais 46 % n’ont pas de coffre-fort électronique ! 21 % ne veulent pas de bulletin dématérialisé, 5 % ne sont pas à l’aise avec les nouvelles technologies. 13 % ne sauront pas intégrer les anciens bulletins de paie dans un outil numérique et ni gérer une solution mixte. 45 % sont réticents à changer leurs habitudes et classent, mois après mois, leurs papiers dans un classeur ou toute autre solution non-numérique.
Le décret d’application paru au Journal Officiel décembre 2016 prévoit que « le salarié doit être informé 3 mois avant l’éventuelle fermeture d’un service en ligne, qu’il soit géré par l’employeur lui-même ou par un prestataire externe ». Combien, sur 25 millions de salariés concernés sauront récupérer les bulletins virtuels stockés ?
L’employeur est censé « garantir la disponibilité du bulletin de paie dématérialisé pendant 50 ans ou jusqu’aux 75 ans du salarié ». Bercy envisage déjà qu’on travaille 50 ans jusqu’à 75 ans ? Qui croit que ça marchera ? 70 000 entreprises disparaissent chaque année et autant se créent. Un million d’entreprises ont moins de 11 salariés et l’informatique y laisse à désirer.
Peut être vaut il mieux défendre encore nos bulletins de paie à la fois papier et bien détaillés ?
Gérard Filoche