Un article du blog de Patrick Le Hyaric

112 ans, ce 9 décembre, après sa promulgation à la suite de bien des péripéties et déchirements, qui aurait pu imaginer que la loi de séparation des Églises et de l’État puisse faire l’objet de tant de controverses et de malentendus ? Qui aurait parié que le principe de laïcité qui la sous-tend soit prétexte à des polémiques à nouveau déchirantes ? Pourquoi, en somme, une loi de pacification sociale est-elle devenue sujet de discorde et d’affrontements verbaux souvent violents pour en tordre l’esprit et en violer la lettre ?
On se souvient qu’en 2004, M. Sarkozy avait tenté de remettre les religions au cœur du débat public en proposant que l’Etat garantisse, sous couvert de tolérance, leur coexistence. Aussi écrivait-il pour justifier sa démarche : « pour fondamentale qu’elle soit, la question sociale n’est pas aussi consubstantielle à l’existence humaine que la question spirituelle ». Cette promotion de la spiritualité religieuse s’est accompagnée d’une régression historique des droits sociaux et de l’égalité sociale.
La tentative de réécriture et de réinterprétation de la loi de 1905 n’est pas étrangère au brouillage actuel qui tend à rendre la laïcité coupable des divisions qui pullulent dans la société, alors qu’elles trouvent leurs origines dans les inégalités et les conditions d’existence dégradées générées par le capitalisme néolibéral. La religion, ainsi devenue prétexte, cause ou fondement des inégalités et des divisions, est poussée en avant du débat public.
Il est nécessaire de renouer avec les fondements révolutionnaires et rationnels de la laïcité qui indiquent l’égalité parfaite des êtres humains devant la loi sans autre tutelle que celle qu’ils ont décidé eux-mêmes et démocratiquement. La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, pierre angulaire du principe de laïcité indique en effet, pour la première fois, que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».
La loi de séparation, née dans le sillon de l’unification du mouvement socialiste, préserve la liberté de conscience, rend étanche les institutions publiques à toute forme de prosélytisme religieux, proclame l’égalité de tous les citoyens devant la loi commune et indique le chemin d’une fraternité humaine au-delà des croyances de chacun. Elle est, dès lors, indissociable du combat pour l’égalité véritable comme l’a si souvent rappelé Jean Jaurès sous les huées des réactionnaires. C’est ce qu’indique d’ailleurs formellement le préambule la constitution. « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. »
Comment donc accepter le détournement de ce principe puissant pour cibler une religion, en l’occurrence l’islam, dont la majorité des pratiquants dans notre pays a la particularité d’être issue de l’histoire coloniale et de subir une terrible relégation sociale, accompagnée de toutes sortes de discriminations, notamment à l’emploi ? Si un certain islamisme à visée politique doit être affronté avec vigueur, ne nous trompons pas de combat !
La laïcité n’est ni la lutte indispensable contre le racisme, ni l’athéisme et encore moins la vindicte contre une ou des religions, mais un principe de séparation ferme et fort entre la puissance publique et les cultes qui garantit à tous, croyants ou non croyants, une liberté de conscience infinie. Elle est au fondement de notre système éducatif qui s’attache à promouvoir la critique rationnelle et l’approche scientifique, et par là offre à tous les enfants la possibilité d’une liberté future, qu’elle s’exerce ou non dans le culte.
La laïcité est un attribut de la République. Elle est ainsi une manière de « vivre ensemble » et un cadre qui autorise et appelle des politiques sociales à visée égalitaire. Refusons les divisions identitaires et portons le beau flambeau de la laïcité, fidèle à sa vocation pacificatrice et égalitaire.
Patrick le Hyaric
le 8 décembre 2017
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LE MOT DE PRESENCE PALESTINNIENES

Cher-e ami-e,
Ce mois de décembre, nous serons présent-es sur 3 marchés d'Avignon :
Samedi prochain 16 décembre : au marché des Carmes et à celui de la Préfecture,
Mercredi 20 décembre : au marché de la Rocade (en face de la médiathèque Jean-Louis Barrault.
Nous proposerons entre autres :
1) des verreries d'art de Palestine en provenance d'Hebron (verrerie artisanale Tamimi),
2) des savons artisanaux en provenance de Naplouse
3) de l'huile d'olive bio extra vierge,
4) des ouvrages d'auteurs palestiniens : Mahmoud Darwish, Elias Sanbar, Ziad Medoukh, ...
Pour les fêtes de fin d'année, vous pourrez ainsi (vous) faire plaisir et en même temps montrer votre attachement à la Palestine et aux Palestinien-nes.
A bientôt.
Merci de partager l'information.
Et bonnes fêtes à tou-tes.
Pour Présences palestiniennes,
Jean-Pierre Bonnafous (le président)
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