
Les manifestants ont formé une chaîne humaine sur le barrage - Crédits Photo Laurent Moyet
dimanche 8 avril 2018
À l'initiative du parti communiste et de la CGT Mines-Énergie, plusieurs centaines d'élus et de citoyens se sont réunis sur le barrage du Sautet (Isère), dimanche 8 avril. Ils ont formé une chaîne humaine pour dire "non" à l'entrée du privé dans la gestion des barrages en France.
Les concessions hydrauliques en France sont publiques, gérées par EDF. Seulement depuis plusieurs années l'Europe met la pression à la France (et aux autres pays) pour ouvrir à la concurrence ce secteur. Alors que les gouvernements précédents n'avaient pas cédé à la pression, celui d'Edouard Philippe, le 15 février, a ouvert de lui-même les discussions pour définir la feuille de route des appels d'offre.
"L'eau est un bien commun"
Une partie des concessions pourraient être ouvertes à la concurrence dès 2018, et c'est ce qui a provoqué la colère, non seulement des membres du parti communiste mais aussi d'autres responsables politiques. Marie-Noëlle Battistel, députée socialiste de l'Isère, Guillaume Gonthard, sénateur écologiste, ou encore Fabien Mulyk, maire de Corps (commune où se trouve le barrage) de droite étaient tous dans le même bateau.

Marie-Noëlle Battistel (en rose), Pierre Laurent (au-dessus), Guillaume Gonthard (écologiste, les bras croisés), tous réunis contre la privatisation des barrages. © Radio France - Alexandre Berthaud
Selon eux la privatisation va forcément aller contre l'intérêt public. L'hydroélectrique (11% de la production en France), est stockable, et donc mobilisable pour les pics de consommation, en cas de besoin. Un intérêt financier privé se contenterait de la loi de l'offre et de la demande, ce qui entraînerait selon les manifestants une flambée des prix.
"Non à la privatisation"
Marie-Noëlle Battistel, élue socialiste de l'Isère et spécialiste du dossier (membre de plusieurs commissions parlementaires pour étudier le sort de l'hydroélectricité en France), estime aussi que cela aurait un impact sur la sécurité (les barrages sont de grandes installations), le tourisme (les lacs artificiels maintenus à tel ou tel niveau), et même l'enneigement artificiel.
Hulot trop discret ?
L'événement était donc prévu pour faire parler, et mobiliser le public. Selon Pierre Laurent, patron du parti communiste (PCF) présent sur place : _"_l'opinion bien informée ne pourra qu'aller contre cette privatisation".
Guillaume Gonthard, sénateur écologiste de l'Isère, en appelle à Nicolas Hulot pour faire bouger les choses. Selon lui le ministre de la transition écologique est beaucoup trop discret sur ce dossier dont dépend pourtant l'avenir énergétique en France.