
On entend un peu partout, et notamment au sein de la gauche "défensive", que les retraites, c'est :
- un salaire différé pour soi-même... "J'ai cotisé tant pendant ma carrière, j'ai le droit à tant"...
- de la "solidarité" intergénérationnelle...
- un "coût" ou une "dépense" pour la société...
- un problème (mathématique) à cause du vieillissement de la population...
Face à la nouvelle réforme des retraites à points, force est de constater que la réponse des opposant(e)s n'est encore une fois pas à la hauteur. Le cantonnement dans ces postures défensives, focalisées sur la baisse des pensions, risque d'être encore une stratégie perdante, tant elle implique d'accepter nombre de présupposés de la réforme, comme cette dernière idée de "crise démographique" impliquant mathématiquement une refonte du système de retraites.
On peut continuer à être sur la défensive en acceptant toutes ces fausses interprétations et perdre d’avance, ou être offensif en (ré)affirmant ce qu'est véritablement le régime de retraites ou du moins comment il a été conçu par les bâtisseurs de 45-46 et comment nous voulons qu'il le reste.
Depuis la mise en place du régime en 45-46, la retraite c'est :
- un droit à la continuation du salaire, basée normalement sur la poursuite des meilleurs salaires. C'est ainsi que l'a voulu Croizat en imitant, pour le secteur privé, la pension des fonctionnaires dont les qualifications personnelles ne disparaissent pas par magie à 60 ans... Doit-on rappeler les faits : 3/4 des pensions sont calculées sans aucune référence aux cotisations passées ! La vision de Croizat est toujours à l'oeuvre !
- une part contribuant au PIB, et non pas une contrepartie des cotisations passées personnelles, ou une "dépense".
- la reconnaissance de la valeur économique des retraités, qui ne sont pas juste "utiles" mais bien productifs : travail dans des associations, conseil municipaux, travaux.... ; remarque : le salaire attribué aux retraités est dépensé et revient donc à la sphère marchande in fine, ce qui permet aux entreprises de payer les cotisations correspondantes à ce travail.
- une part du PIB qui n'a aucune raison d'être fixée à l'avance et limitée à 13% du PIB : s’il y a besoin, il faut bien sûr l’augmenter.
On voit là, comment, contre les postures défensives, nous devons insister sur l'enjeu politique de la bataille des retraites qui n'oppose pas la capitalisation à la répartition, mais qui est une bataille à l'intérieur même de la répartition, entre la retraite comme salaire différé (c'est la version capitaliste et la vision des réformateurs) et la retraite comme salaire continué (c'est la vision révolutionnaire de nos aîné(e)s), bataille complètement liée à la définition que l'on a du travail et de la valeur.
J'attache à ce message un livret explicatif sur les retraites édité par l'association Réseau-Salariat
(*) Stéphan est militant du PCF (section d'Orange) et membre du Réseau-Salariat
