Comme le signalait un lecteur de Rouge Cerise, la Pologne fut le second pays de la communauté européenne actuelle à légaliser l'avortement en 1956 (les femmes françaises ont dû attendre 20 ans de plus!). Les polonaises se sont vu reconnaître ce droit sous l'égide d'un système socialiste de santé entièrement gratuit. Lech Walesa, le libéral, a interdit l'avortement à quelques exceptions près en 1993. Ce sont ces quelques exceptions qu'il s'agit de supprimer aujourd'hui
Les intégristes catholiques et leurs alliés de l'extrême-droite au pouvoir veulent priver les femmes polonaises de tout droit à l'avortement mais celles-ci ne se laissent pas faire. 100 000 manifestants ont défilé à Varsovie le 30.
Le parti communiste de Pologne (KPP) est naturellement partie prenante de cette lutte comme en témoigne les extraits de son site que Rouge Cerise publie ci-dessous.
Les communistes français apportent naturellement leur soutien à ce combat contre l'intégrisme.
Rouge Cerise
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La décision de la Cour constitutionnelle, sur l'avortement en cas de lésions irréversibles ou de maladies incurables du fœtus est inconstitutionnelle. C’est une atteinte aux droits de toutes les femmes.
Les lésions graves et les maladies incurables du fœtus sont les principales causes des avortements légaux en Pologne depuis 2002. Le Tribunal a décidé de facto d'interdire presque complètement l'avortement, répondant ainsi aux attentes des fondamentalistes religieux et de la droite réactionnaire.
La décision de la Cour affectera les plus vulnérables - les femmes de la classe ouvrière et les exclues. C'est d'eux que l'État exigera une fois de plus héroïsme et sacrifices en les forçant à donner naissance à des enfants non viables ou atteints de malformations graves. Les familles en situation financière précaire ne pourront pas se permettre d’aller à l’étranger, par exemple en Slovaquie, pour avorter dans des conditions d'hygiène sécurisantes.
Quant à «l'avortement clandestin» sans contrôle médical il est dangereux pour la santé des femmes. Cette zone grise de la gynécologie verra ses revenus déjà énormes augmenter. Selon les estimations des organisations de femmes, en 2018, son chiffre d'affaires était d'environ 400 millions de zloty (*).
Dans leur perfidie, les autorités polonaises tentent d'entraver aussi l'accès aux tests prénataux permettant de diagnostiquer les anomalies congénitales du fœtus. L'introduction de la soi-disant «clause de conscience» a donné aux médecins la possibilité de décourager les femmes enceintes de passer des échographies. Cette clause a également son aspect de classe : des médecins qui découragent et font obstacle au dépistage dans les cliniques d'État n’ont aucun scrupule de conscience pour le pratiquer dans des cliniques privées moyennant des honoraires appropriés...
Seule la souffrance attend les enfants handicapés, nés à cause de cette législation dite de «protection de la vie». Le système de prise en charge des personnes handicapées ne leur garantit pas des conditions de vie décentes, surtout s'il s'agit de personnes atteintes de maladies congénitales graves. L'allocation pour un parent qui quitte son travail pour s'occuper d'un enfant handicapé est actuellement d'un peu plus de 1 800 Zloty (**) Ce montant n'est pas suffisant dans la plupart des cas et ne couvre même pas les soins de base et les médicaments. La possibilité de faire suivre médicalement ces enfants est également un problème. Prendre soin d'un enfant handicapé incurable épuise les familles matériellement et mentalement. (..)
L'assurance de la porte-parole du PiS (***), qui a déclaré qu ' "aucun enfant ne sera laissé sans surveillance", est une mauvaise blague. Le programme «For Life», censé soutenir les familles d'enfants handicapés, s'est avéré un échec. Le PiS ne dit pas comment, d'un seul coup , on pourrait surmonter des années de négligences, de privatisations successives de du service de santé et de marginalisation des personnes handicapées.
Les politiciens capitalistes sont incapables de comprendre les dilemmes auxquels est confrontée une femme qui va donner naissance à un enfant handicapé et qui sait qu'elle ne pourra subvenir à ses besoins fondamentaux. La privation du droit à l'avortement légal contribuera à l'éclatement des familles, à des tragédies humaines. et à long terme à une baisse de la natalité, car de nombreuses femmes craindront de tomber enceinte dans un contexte aussi oppressif.
Ce n'est pas par hasard que la décision de durcir la loi anti-avortement, déjà très stricte, a été prise pendant la pandémie. Ce gouvernement réactionnaire, qui affiche des positions de plus en plus antidémocratiques, a utilisé un « Tribunal constitutionnel » politiquement servile pour essayer de profiter des restrictions qui compliquent les manifestations de masse, car il sait que la majorité de la société n'accepte pas ces changements juridiques qui reviennent à torturer des femmes et des enfants.
Il convient de rappeler que dans la plupart des pays socialistes et en République populaire de Pologne, les avortements étaient légaux et pratiqués dans de bonnes conditions d'hygiène. Les femmes qui décidaient de donner naissance à des enfants handicapés pouvaient compter sur un service de santé beaucoup plus accessible et gratuit.
Le Parti Communiste de Pologne (KPP)
(*) environs 90 euros
(**)environs 400 euros
(***) Parti d'extrême-droite au pouvoir
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100 000 manifestant pour protester contre l'interdiction totale de l'avortement
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Le 30 octobre à Varsovie, plus de 100 000 personnes, pour la plupart des femmes, sont descendues dans la rue pour exprimer leur refus du jugement du soi-disant "Tribunal constitutionnel "interdisant presque totalement l'avortement.
Cette manifestation qui a durée 5 heures est la plus importante depuis des décennies. Partis de plusieurs points de regroupement, les manifestants se sont dirigés vers le centre de Varsovie où ils ont formé un cortège unique. Le parcours de la manifestation, long de plusieurs kilomètres, passait par les rues principales de la ville, du Centre à Żoliborz. Il allait jusqu'à la résidence du président et vice-premier ministre du PiS Jarosław Kaczyński. À ce niveau, le cortège a été bloqué par d’importantes forces de police.
Dans la manifestation il y avait de plusieurs centaines de personnes des divers groupes de gauche. Il y avait aussi des militantes et militants du Parti communiste de Pologne avec leurs drapeaux rouges. Ils ont rappelé que l'interdiction de l'avortement a aussi une dimension de classe – il frappera principalement les femmes de la classe ouvrière qui ne peuvent se payer des avortements clandestins.
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Les manifestants ont scandé des slogans exprimant l’indignation populaire, contre le PiS, le Tribunal constitutionnel et l'Ordo Iuris (*). Ils ont également demandé la démission du gouvernement réactionnaire.
Des appel à la grève des femmes sont apparus, entre autres au Palais de la Culture et de la Science, sur de nombreux bâtiments le long du parcours, ainsi que sur une grue de chantier dans le centre-ville.
Les manifestants ont reçu de nombreuses marques de soutien des habitants de la ville, qui avaient accroché des banderoles à leurs fenêtres et leurs balcons. Des balcons sont parties de nombreuses chansons antigouvernementales. Des ambulanciers et des paramédicaux ont apportés, sous les applaudissements de la foule assistance aux manifestants.
À plusieurs endroits, la manifestation a été attaquée par des groupes de néo-fascistes qui ont lancé des fusées éclairantes sur des femmes, des enfants et des personnes âgées. Les assaillants ont fui à l’arrivée du service d’ordre de la manifestation. La police n'est intervenue qu'après.. La provocation des soi-disant «défenseurs de l'Église» a échoué : contrairement à leurs attentes les manifestants indifférents n' ont pas ripostés.
Des manifestations de défense des droits des femmes ont également eu lieu dans d'autres villes. Le plus grande, celle de Wrocław, a rassemblé plusieurs milliers de personnes. D'autres manifestations sont prévues.
Traduction d'après Google
(*) L'Institut Ordo Iuris pour la culture juridique ou Ordo luris est une organisation non gouvernementale polonaise de lobbying et de recherche. Créé par l'Institut de la Fondation de l'éducation sociale et religieuse Fr. Piotr Skarga en 2013, Ordo luris est basé à Varsovie. L'institut finance et effectue des activités de recherche et de lobbying sur « la culture juridique et l'héritage spirituel » polonais, assurant la promotion de valeurs « traditionnelles » . Il est associé à l'ONG brésilienne Tradition, famille et propriété (TFP) opérant dans de nombreux pays à travers le monde (Wikipédia)
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Le 22 octobre dernier, le Tribunal constitutionnel polonais a supprimé une des exceptions qui demeurait à l'interdiction de l'avortement prononcée en 1993. Le gouvernement d'extrême droite du PiS, réactionnaire, nationaliste et clérical, démontre encore une fois qu'il est un ennemi des droits des femmes, dans la droite ligne des positions patriarcales de l'Eglise catholique. Depuis qu'il est arrivé au pouvoir en 2015, il a éliminé le droit à la contraception d'urgence, s'en prend à l'éducation sexuelle dans les écoles et a annoncé la dénonciation de la Convention d'Istanbul contre les violences faites aux femmes.
Mais les femmes polonaises résistent ! Déjà par deux fois, en 2016 et en 2018, elles ont fait barrage à des projets gouvernementaux de supprimer les dernières possibilités légales d'avortement. Et leurs mobilisations ont fait reculer le gouvernement polonais !
Depuis plusieurs jours, les manifestations contre cette décision inique et scandaleuse se multiplient partout dans le pays, non seulement dans les grandes villes, mais également dans des régions traditionnellement conservatrices, en dépit des restrictions dues à la crise sanitaire. Le mercredi 28 octobre, une grève générale très suivie a marqué une étape importante dans la mobilisation. Le gouvernement laisse des groupes de hooligans et des milices d'extrême droite s'en prendre violemment aux manifestantes.
Le PCF affirme sa pleine solidarité avec la mobilisation des femmes polonaises pour leur liberté de choix, pour leur droit inaliénable à disposer de leur corps et son soutien aux mouvements féministes polonais. L'Union européenne doit faire respecter partout les droits fondamentaux au lieu de faire preuve de sa pusillanimité habituelle sur ces sujets.
Aujourd'hui encore, nous ne lâchons rien pour que, partout en Europe, les femmes aient un accès libre et gratuit à l'avortement.
Le PCF
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