Blog des communistes de Pierre Bénite
Le jeudi 8 février 1962, à l’appel de nombreuses organisations syndicales, politiques, associatives, Daniel Féry, de Drancy, son copain Georges et leurs camarades de l’entreprise la S.E.R.P. où il est apprenti, partent ensemble pour manifester contre la guerre d’Algérie, les attentats et les actes terroristes de l’O.A.S.
La manifestation est interdite par le Ministre Maurice Papon et le préfet Roger Frey.
Plusieurs cortèges se constituent place de la Bastille, défilent, se rejoignent.
Les forces de l’ordre attaquent brutalement les manifestants. Ceux-ci cherchent à se protéger, à fuir, et quelques-uns courent se réfugier dans la station de métro la plus proche, Charonne. Mais les grilles sont fermées, il est impossible de remonter. Les coups pleuvent. Les manifestants se piétinent les uns les autres. Les forces de l’ordre jettent des projectiles par-dessus la balustrade.
Bilan : des centaines de blessés et huit morts dont Daniel Féry, quinze ans et demi.
L’émotion et la colère sont grandes à Drancy, 1500 personnes manifestent devant la petite maison de la rue de la cité Romaine, qui, débaptisée, porte le nom de Daniel Féry.
Le mardi 13 février, plus aucun fleuriste de Paris ou de la proche banlieue n’a de fleurs coupées, il a fallu en faire venir de Belgique et d’Italie.
Des milliers de personnes se recueillent devant sept cercueils drapés de noir, et celui de Daniel drapé de blanc. De la place de la République au cimetière du Père-Lachaise un million de personnes, en un cortège ininterrompu, accompagnent les chars mortuaires chargés de couronnes, de gerbes, de simples bouquets
Sont mort avec lui huit autres amis du peuple algérien, étouffés ou matraqués à mort.
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Certaines victimes sont mortes étouffées ; dans d’autres cas, le décès semble dû à des fractures du crâne sous l’effet de coups de matraque administrés par les meurtriers. Telle sera encore la cause d’un neuvième décès, intervenu, plusieurs mois plus tard, à l’hôpital, des suites de ces blessures. Toutes les victimes étaient syndiquées à la CGT et, à une exception près, membres du Parti communiste :
- Jean-Pierre Bernard, trente ans. Dessinateur à la direction des Télécommunications. Secrétaire de la section du PCF dans le 15e arrondissement de Paris. Père de trois enfants.
- Fanny Dewerpe, trente et un ans. Secrétaire. Famille décimée par les nazis. Mère d’un garçon de neuf ans. Elle est morte à son arrivée à l’hôpital Saint-Louis.
- Daniel Féry, quinze ans et demi. Apprenti à la SERP, la société qui assurait le routage de “ l’Humanité ”. Membre des Jeunesses communistes et de la CGT.
- Anne Godeau, vingt-quatre ans. Employée des PTT. Communiste.
- Édouard Lemarchand, quarante ans. Artisan menuisier, il venait d’entrer à l’Humanité comme vendeur organisateur.
- Suzanne Martorell, trente-six ans. Mère de trois enfants. Travaillait au service routage de “ l’Humanité ”.
- Hippolyte Pina, cinquante-huit ans. Maçon. Ce communiste avait fui le fascisme italien. Il a succombé à ses blessures le 9 février 1962 à l’hôpital Saint-Antoine.
- Raymond Wintgens, quarante-quatre ans. Typographe. Militant de la CGT.
- Maurice Pochard, quarante-huit ans. Deux enfants. Durement matraqué, il est hospitalisé d’urgence. Coma. Quatre opérations. Il meurt après deux mois et demi de souffrances.
De très nombreux blessés dont certains resteront handicapés à vie sont par ailleurs dénombrés.
Les obsèques des victimes du 8 février