« Tous les travailleurs ont les mêmes exploiteurs et donc les mêmes intérêts à défendre», être communiste c’est partager ce constat fondement de notre politique unitaire.
Être communiste c'est aussi vouloir gagner la terrible lutte de classe qu’imposent, les possédants à ceux qu’ils exploitent et faire, dans cette lutte, l’expérience que l’union est la condition du succès.
« Les communistes ont l’union dans leurs gènes », disait un camarade lors d' une réunion du conseil départemental. Il avait raison.
Marcel Paul (1) parlant devant des militants de la CGTU en 1933, explique l'attitude unitaire qui en découle :
« Ne me répétez plus que les travailleurs confédérés (2) sont étrangers à notre mouvement et qu’ils ne peuvent être gagnés. Au contraire tendez leur la main, abordez-les sans crainte, n’hésitez pas à argumenter fraternellement auprès d’eux, soyez patients, ne les insultez pas s’ils ne comprennent pas tout de suite. Rappelez-vous à chaque minute qu’ils sont nos frères, que la victoire pour eux comme pour nous dépend absolument d’un coude à coude sérieux, d’un front commun qu’il faut opérer contre le régime »
Il voulait en finir avec la division syndicale mais son conseil reste plus que jamais d'actualité pour construire l’ alliance des forces populaires et démocratiques unissant communistes, PS, FI et écologistes progressistes.
La théorie est claire mais qu'en est-il de la pratique? Cette union des forces populaire comment la construire ? Il n'existe pas de réponse toute faite qui nous dispenserait d'analyser chaque situation mais un rapide retour sur deux expériences passées peut guider notre réflexion
« Permettez moi un mot à l'attention de mes amis socialistes et d'Europe Ecologie/Les Verts. Ma franchise sera excusée. Il y a vingt ans vous nous disiez : soyez démocratiques et nous sommes devenus démocratiques. Il y a dix ans, vous nous disiez : soyez écologistes et nous sommes devenus écologistes. Alors aujourd'hui, à vous amis socialistes et écologistes, nous vous disons : soyez de gauche !» déclarait Pierre Laurent à la fête de L'humanité en 2011.
Ce discours de Pierre Laurent illustre jusqu'à la caricature les pratiques unitaires d'alors. Il fallait oublier notre spécificité, notre histoire et la façon de faire qui nous avait permis d'être la cheville ouvrière de toutes les grandes conquêtes sociales de notre peuple. Avec frénésie nous cherchions à copier nos partenaires et rivaux, dans l'espoir que cette auto flagellation les amèneraient à prendre en compte les aspirations populaires dont, malgré tout, nous voulions rester porteurs.
On connaît la suite : socialistes et écologistes, sous la conduite de François Hollande, cassèrent le code du travail et firent cadeau du CICE aux actionnaires. Notre Parti s’affaiblit militants et les électeurs ne comprenant plus ce qu'il pouvait apporter.
L'histoire a tranché rien de bon ne naquit de notre effacement.....
Le dernière exemple vraiment significatif d’un alliance réussie remonte à 1969. Jacques Duclos, alors candidat communiste à l'élection présidentielle, lance un appel aux catholiques. Il ne leur dit pas « vous m’avez demandé d’être plus croyant et je le suis devenu ». Non, marxiste, il revendique et explique son athéisme mais ils constate que, bien qu’empruntant des chemins très différents, communistes et chrétiens arrivent sur un certain nombre de points aux mêmes conclusions et il propose d’avancer ensemble sur ces points:
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Cette franchise et cette clarté ont été comprises, au premier tour notre parti obtenait près de 5 millions de voix et, parmi elles, celles de très nombreux chrétiens. Le parti était lui-même, on savait ce qu'il pouvait apporter et ce à quoi il pouvait servir; dans les milieux populaires on s'y reconnaissait.....
"La naïveté c'est de croire qu'en faisant la même chose on va obtenir des résultats différents". Gardons cette définition en tête avant de choisir la stratégie de notre parti pour les élections à venir.
Enver
(*) Une tribune libre est publiée sous la responsabilité de son auteur et n'engage ni le PCF ni la section Oswald Calvetti
(1) Marcel Paul, ouvrier, résistant communiste, déporté, ministre de la production à la libération et fondateur d'EDF-GDF
(2) Adhérents à la CGT qui, à l’époque, était réformiste et s'opposait à la CGTU, à laquelle adhéraient les communistes et qui défendait des positions révolutionnaires.