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Mercredi matin, Myriam Macaire, candidate de la liste À Gauche, Vraiment !, qui est, rappelons-le, la seule liste de gauche pour le canton de Pernes, accompagnée de Jean-Pascal et de moi-même, tous deux membres de son comité de soutien et de celui de Bruno Verdi, distribuait un tract de campagne sur le marché de Mazan. Tout se passait dans le plus grand calme, entre encouragements de certain.e.s et regards peu amènes d’autres, lorsque la Police rurale se présenta. La vérité oblige à reconnaître que le policier en question, qu’escortait un adjoint en formation, se présenta fort civilement, refusant notre tract que sa position lui interdisait de prendre, et nous demanda ce que nous distribuions. Nous l’informâmes de notre qualité de militants communistes et l’affaire semblait devoir en rester là lorsque son Walkie-talkie crépita. Une voix, mâle et virile, demandait à voix assez forte pour que nous puissions l’entendre à deux mètres pour qui « ils distribuaient ». Le policier ayant répondu que nous étions des communistes, s’entendit répondre qu’il fallait nous « virer ». Après quoi, on lui demanda s’il fallait qu’ « on lui envoie des renforts ». Puisque le dialogue était audible, je rétorquai bien fort que renforts ou pas, on ne quitterait pas les lieux et que les communistes distribuaient sur les marchés depuis un siècle et qu’ils n’entendaient pas s’en laisser expulser. Nous laissâmes même entendre que nous étions prêts à nous asseoir au sol - voire nous y coucher - et que notre « virage » ne pourrait se faire sans que les méthodes expéditives prônées depuis l’intérieur de la mairie par un élu ou un cadre administratif soient d’abord vues de la population avant d’être dénoncées à la presse.
La situation sembla s’apaiser, les policiers poursuivant leur ronde après avoir noté notre identité, ce à quoi, contrairement à « Toto », nous avions consenti bien volontiers, tant il est vrai que loin de trembler ou d’être honteux, nous étions fiers de tracter pour la seule liste vraiment de gauche, garantie 0 % LaRem.
Pourtant, alors que nous avions distribué pas mal de tracts et noué des discussions intéressantes, nous vîmes arriver deux personnages dont l’attitude montrait qu’ils personnifiaient la loi et l’ordre (républicain ? Ça c’est une autre question). Nous assistâmes alors à un numéro bien rôdé depuis que l’écrivain Georges Arnaud, dans sa pièce Les Aveux les plus doux, l’avait mis en scène. Le Bon et le Méchant. Le Bon, en l’occurrence se présenta comme adjoint à la sécurité, car, oui, dans ce haut lieu du grand banditisme qu’est devenu Mazan, on a créé, comme dans une ville de plus de 100 000 habitants, pareil poste. L’irruption de trois communistes avoués sur le marché de Mazan prouve d’ailleurs la prescience des élus bleu marine soucieux de préserver leur population et de la protéger d’un nouveau Coup de Prague. Bref, le Bon, à la parole embarrassée, n’avait pas grand-chose à balbutier. Le Méchant, sûr de lui, n’avait à la bouche que l’article municipal N° je ne sais plus combien, interdisant toute distribution de propagande religieuse ou politique dans l’enceinte du marché, démontrant que la tradition de notre pays que les partis politiques puissent s’exprimer sur la voie publique, et d’autant plus en période électorale, n’avait pas l’agrément des élus de Mazan. Comme il avait omis de décliner ses titres, nous avons cru comprendre qu’il était quelque chose dans la hiérarchie administrative de la ville. Ce qui est sûr, c’est que nos gueules ne lui revenaient pas et qu’il n’hésitait pas à mentir effrontément puisqu’il niait avoir dit (ou quelqu’un d’autre) qu’il fallait nous virer et qu’il était prêt à envoyer la cavalerie, euh, non, les renforts…
Nous avons répété que nous ne quitterions pas les lieux et que si renforts il y avait, nous leur opposerions une résistance, passive certes, mais ferme.
Nous ne les revîmes pas. Sans doute se préparaient-ils à leur prochaine intervention. C’est que bientôt les distributeurs du RFN honoreraient le marché de leur présence et qu’il conviendrait de les accueillir dignement.
Roger Martin
J’oubliais ! Dans cette bonne ville de Mazan, dont le 1er adjoint, Georges Michel, est aussi candidat RFN aux élections cantonales, où il entend, comme ses amis d’autres cantons, restaurer la sécurité, une prérogative qui n’appartient pas aux Conseils départementaux, on a semble-t-il une curieuse conception de ladite sécurité. Selon France 3 PACA du 7 novembre 2020, l’adjoint au maire chargé des affaires scolaires et du sport a été condamné lors de son procès deux jours plus tôt à 12 mois de détention avec sursis, 5 ans de mise à l’épreuve et inscription de la peine au casier judiciaire. Les raisons de l’acharnement de cet ami des scolaires et des sportifs : agression sur mineur, agression avec arme par destination (sa voiture), agression en réunion.
Fichtre ! Mais le plus surprenant, à en croire le Dauphiné libéré du 9 novembre 2020, c’est que le maire de Mazan et sa majorité, dont M. Michel, ont maintenu l’édile motorisé dans ses fonctions au sein de leur équipe.
De là à ce qu’on lui confie la sécurité du marché…