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C’était dimanche 6 février, le car N°2  finissait de ramasser les derniers Vauclusiens en route pour Marseille.

Les masques sagement portés laissaient cependant apparaître des yeux brillants. Pas encore de la joie, mais le plaisir de se retrouver ensemble, hommes, femmes, communistes ou sympathisants, travailleurs en activité ou retraités, provençaux de Provence ou du Maghreb, jeunes, entre deux âges, vieux solides et dynamiques.

Discussions, plaisanteries, une certaine fébrilité était perceptible. On avait fait beaucoup dans les dernières semaines pour préparer ce premier grand meeting du candidat communiste. Collages, tractages aux portes des entreprises, marchés. On avait cru sentir un frémissement, on avait rencontré une attention, un intérêt chez les gens à qui l’on s’adressait. De plus en plus souvent revenaient des commentaires qui n’étaient pas dénués d’une certaine sympathie. On n’avait même pas entendu, ou si rarement, le « Ça existe encore, le PC ? » auquel on s’était habitué, haineux parfois, simplement taquin souvent. En revanche, il devenait de plus en plus en plus fréquent d’entendre louer notre candidat. On le jugeait ouvert, pugnace mais pas inutilement agressif, plein d’énergie, non dépourvu d’humour et, surtout, sincère. Certes, dans ceux qui parlaient ainsi, beaucoup ajoutaient qu’il ne serait pas leur choix, mais, de plus en plus souvent, d’autres affirmaient vouloir voter pour lui ou n’excluaient plus de le faire.

Marseille allait être synonyme d’espoir. En tout cas, on voulait y croire. Trois cars pour le Vaucluse, sachant que les camarades du Sud-Vaucluse, de la région de Pertuis, partiraient en car ou en voitures avec les Aixois, c’était l’équivalent du déplacement au meeting de Mélenchon de 2012, où tout le Front de Gauche était représenté. N’empêche, on n’était sûrs de rien.

Et puis, notre car se gara sur le parking du Parc Chanot. Un parmi vingt autres. Et nous sortîmes alors, avec nos camarades de la section de Carpentras, brandissant le drapeau historique pourpre de la cellule de Pernes, caché pendant l’Occupation et remis à l’honneur à la Libération, et une forêt d’autres, plus modestes mais bien voyants, et les chasubles PCF-Vaucluse et PCF Section Oswald Calvetti, derrière notre grande banderole, suscitèrent la curiosité puis l’enthousiasme de militants qui faisaient la queue pour pénétrer dans la salle.

Un journaliste chargé des pages spéciales de L’Huma pour le lendemain nous attendait. Ou plutôt, attendait  la toute récente cellule d’entreprise Marie-Hélène Calvetti, et Frédérique, la déléguée CGT qui avait impulsé avec courage et détermination, pendant 12 jours et autant de nuits, la grève chez Charles et Alice, et rejoint avec son compagnon deux jours plus tôt le Parti Communiste.

Et puis… Et puis, ce fut l’entrée dans une salle déjà bondée, qui bientôt déborderait, avec plusieurs centaines de participants debout entre le dernier rang de sièges et les murs. Partout des drapeaux, des chasubles, des casquettes, des écharpes, des autocollants. ROUGE, du rouge partout. Et aussi, parce qu’en 1934, déjà, Jacques Duclos appelait à ne pas laisser le drapeau tricolore à la droite et à l’extrême-droite – dont l’emblème avait toujours été le drapeau blanc de la royauté -  du Bleu-Blanc-Rouge !

Alors tout est réuni pour que la fête commence. Le Secrétaire fédéral des Bouches-du-Rhône, Jérôme Bacchi, qui ouvre le ban, Sophie Camard, mairesse des 1er et 7e arrondissements de la ville,  députée-suppléante de Jean-Luc Mélenchon, qui appelle à voter Fabien Roussel, suivie par François Cocq, qui, avec quatorze autres proches de Montebourg, relaie cet appel,  et encore Magyd Cherfi, du groupe Zebda, la sénatrice Eliane Assassi et un André Chassaigne débordant d’énergie et d’enthousiasme…

Fabien Roussel n’est pas encore apparu que chacun sait que le pari est gagné, que tous les efforts militants déployés inlassablement ont payé, que, sans besoin d’effets spéciaux  à l’Américaine, le meeting de Marseille est d’ores et déjà un grand succès !

Alors, le candidat est chez lui, et les salves d’applaudissements, les Roussel Président ! des 3500 présents peuvent rythmer l’heure de discours. Aucune langue de bois, des déclarations qui ne laissent pas de place à l’ambiguïté, des propositions fortes, accompagnées des moyens de les réaliser. Impôts sur la fortune et traque de l’évasion fiscale, Santé, Énergie, Éducation, droits des travailleurs dans les entreprises, égalité des salaires hommes-femmes, régularisation des travailleurs-sans papiers, lutte implacable contre le racisme et l’antisémitisme, rien n’est laissé dans l’ombre, il n’y a pas de sujets gênants, pas même ceux qui ont valu de lamentables procès à Fabien Roussel dans des milieux qui se réclament d’une gauche qui en a perdu les valeurs essentielles.

Car, permettre aux plus défavorisés de se nourrir sainement, ça n’est ni beauf, ni démagogique et si le bio c’est mieux, si une alimentation saine et des produits de qualité devraient être la règle, alors que ceux qui sont contraints par leur budget de se contenter de bouffe industrielle puissent en bénéficier !

Fabien Roussel n’a rien esquivé. Certes, demain, les mêmes, qui, à gauche osent le traiter de raciste, le taxer d’extrême-droite, au moment même où l’on commémore Charonne et ses neuf morts (tous militants de la CGT et huit d’entre eux membres du Parti communiste), ou en déformant ses propos, tel le philosophe auto-proclamé Aymeric Caron, que Laurent Ruquier a tiré d’un anonymat mérité en même temps que son pseudo adversaire Zemmour.

Les drapeaux ont été repliés, le car se remplit. La joie, oui, cette fois c’est bien de la joie, se lit dans tous les regards. Trois jours plus tôt ils sont trois à avoir adhéré au Parti Communiste à la section Oswald Calvetti. Aujourd’hui, dans le car qui repart vers le Vaucluse, deux autres rejoignent la section de Carpentras ! Le lendemain, un camarade appelle de Marseille. Serait-on prêt à l’accueillir ?

Lundi matin, Aziz et Frédérique sont à l’honneur dans L’Humanité…

Mais les Beatles dans tout ça?

Imagine…

 

Roger Martin

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