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Malgré la chaleur, plus d'une centaine de personnes ont participé, ce lundi à Sarrians, à la cérémonie en HOMMAGE à ANTOINE DIOUF et ALBIN DURAND (Abominablement torturés puis assassinés, le 1er août 1944, par les fascistes du P.P.F.) 

À cette occasion notre camarade Sophie Delfino, Secrétaire fédérale des Hautes-Alpes a prononcé, au nom du PCF, une allocution que Rouge Cerise reproduit ci-dessous.

R.C.

 

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Allocution  de Sophie Delfino au nom du PCF

 

Madame le Maire de Sarrians, Mesdames messieurs les élus, les présidents et représentants des associations d’anciens combattants, Résistants et Déportés, les Représentants des corps constitués, mesdames et messieurs membres de l’association des Amis d’Albin Durand et Antoine Diouf,

Chers amis, Chers Camarades,

Je me sens réellement honorée de porter aujourd’hui le discours du 1er août au nom du Parti Communiste Français.

Le 1er août à Sarrians, c’est une histoire que nous évoquons pour la 78ème fois. Et nous devons l’évoquer encore et encore, nous devons inlassablement rendre compte de ces événements car ce sont les paroles et les mots qui permettent de lutter contre la barbarie.

Le 1er août 1944, c’est le traumatisme d’un village entier, qui résonne jusqu’à aujourd’hui, alors que plus personne ici ne peut dire qu’il se souvient l’avoir vécu.

Les premières victimes de ce jour sont celles de la fusillade sur la place : le jeune Marcel Chassilan, Angelo Grieco, Mme Pomarès, Paul Roux et Lucien Faraud.

Nous savons que ces événements ont été préparés. Nous savons que le commando de tueurs, qui a agi sous protection d’un détachement allemand, est composé de membres du parti fasciste PPF, de miliciens, de civils français.

Nous savons qu’ils cherchaient des résistants, comme Bertin, Gras, Cochet, et bien sûr Albin Durand.

À la ferme des Durand, Nick – le gendre d’Albin, mari de Lucette – vient de partir chercher des melons chez Marius Bastidon; en réalité pour une action liée à la résistance. Sont présents Antoine Diouf – l’ouvrier agricole mais avant tout l’ami de la famille – et Albine et ses filles Lucette et Renée.

C’est à cause de certains qui collaboraient avec le régime que l’horreur a eu lieu. C’est grâce à certains qui luttaient, à leur échelle, que l’horreur a pris fin.

C’est grâce à cette femme qui a prévenu Nick que les allemands étaient à la ferme qu’il a pu s’enfuir. C’est grâce à ce voisin que René Gilly, Thorimbert et Daglio échapperont au piège. Ils venaient tous les trois rencontrer Albin pour une réunion importante de l’État Major Départemental des FTP de Vaucluse.

La ferme Durand était un lieu stratégique important pour la Résistance.

Dans la cour, le commando se met à l’œuvre, pendant des heures, pour faire parler les deux hommes. Albin meurt d’une balle dans la nuque, après avoir eu le cuir chevelu scalpé, la poitrine défoncée, les jambes sciées. Antoine meurtégalement d’une balle après avoir été brûlé et avoir eu les os cassés. Ils n’ont pas  parlé.

Les femmes seront amenées au bar et interrogées durement jusqu’au petit jour. Albine avale discrètement des papiers compromettants. Elle ne parleront pas non plus.

Entrer en résistance, c’était engager toute sa famille. Chez les Durand, c’est la famille tout entière qui est antifasciste, et de longue date.

Lucette disait de son père : « Albin Durand était un homme brave. Tout jeune il était déjà contre l’injustice, il en avait été témoin, donc en homme conscient, il avait adhéré au Parti Communiste. Il était de toutes les luttes pour faire triompher la vérité et avancer le progrès et les droits de l’homme »

Lorsque je pense à la tragédie du 1er août 44, c’est à travers les yeux des femmes de la famille Durand que je la vois : Albine, Lucette, Renée. Et même Nini Anthelme, la sœur d’Albin, qui avait voulu retenir Antoine qui rentrait à la ferme.

 Ces hommes et ces femmes ont lutté « naturellement », sans hésitation, car ils mettaient l’humain au centre de toutes leurs actions. Ils n’avaient sans doute pas conscience – et encore moins l’ambition – d’être des héros. Ils étaient des humanistes, qui voulaient œuvrer pour le bien commun. Ils ont œuvré ensemble, et ils étaient plus nombreux et plus divers qu’on ne pense, ceux qui ont résisté à Sarrians: Chassillan, Ceccaroli, Anglès, Tort, Boyer, Popescu, Bagnol, Bonfils, Quaranta, Carles, etc, etc…

Ils étaient ce qu’on appelle des hommes et des femmes d’honneur.

"Certains priaient Jésus Jéhova ou Vishnou

D’autres ne priaient pas mais qu’importe le ciel

Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux"

Chante Jean Ferrat.

Lors de ces derniers mois terribles de l’occupation, ces résistants rêvaient de liberté. Ce sont elles et eux qui ont rêvé, écrit et fait advenir le programme des Jours Heureux du Conseil National de la Résistance. Elles et eux qui ont permis toutes ces conquêtes sociales, telles que la Sécurité Sociale, les retraites et les services publics de l’énergie ; conquêtes ouvertement remises en cause aujourd’hui.

Être le 1er août à Sarrians, c’est s’accorder une pause dans la réflexion.

C’est regarder le passé et se souvenir de l’engagement qu’ont eu Albin, Antoine, et tous les autres. Cet engagement total et loyal qui, pour finir, a permis de l’emporter sur la barbarie.

Faire une pause donc, et faire le point sur notre engagement, à chacun d’entre nous, aujourd’hui. Car la citation de Berthold Brecht demeure tristement d’actualité. Oui, « il est encore fécond, le ventre d’où a surgi la bête immonde ».

Et, avec Lucie Aubrac, je finirai en rappelant que « le verbe résister se conjugue toujours au présent »

Je vous remercie

 

Sarrians:  78 ans après le souvenir est toujours vivant
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