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On peut dire que le calendrier n’est pas idéal pour faire passer la pilule amère. Alors que le gouvernement nous appelle tous à faire de (gros) efforts pour « sauver » les retraites, deux chiffres viennent perturber la communication (mal) huilée de l’exécutif. 

 

Selon de premières estimations issues du milieu financier lui-même, les entreprises du CAC 40 auraient réalisé pas moins de 172 milliards d’euros de profits en 2022. Un chiffre faramineux, en augmentation de 34 % par rapport à l’année précédente, et un nouveau record historique.

Si cette année a rimé, pour la plupart des Français, avec inflation, baisse de pouvoir d’achat et difficultés à boucler les fins de mois, c’est une ambiance bien plus légère qui a parcouru les conseils d‘administration des grands groupes. Les actionnaires ont largement participé à la fête puisque, autre record historique révélé ces jours-ci, ils n’ont reçu pas moins de 80 milliards d’euros en dividendes et rachats d’actions de la part de ces mêmes entreprises. À titre de comparaison, la somme s’élevait à 40 milliards, il y a dix ans. 100 % d’augmentation en une décennie, qui dit mieux ?

L’affaire est d’autant plus choquante que ces résultats ont été obtenus grâce au soutien massif de l’État depuis la pandémie.

L’argent public sert donc à soutenir les profits des grands groupes et permet à ceux-ci de rémunérer grassement leurs actionnaires. Ça coûte très cher, et Bruxelles s’inquiète du trou dans la caisse.

Le président a donc promis de réduire la dépense publique… en reculant l’âge de départ à la retraite et en abaissant les droits au chômage. Pour les citoyens, c’est la double peine. C’est un peu comme si on se faisait voler nos économies, et qu’on nous demandait ensuite de rembourser la somme. Comme il est peu probable que le président, auteur du plafonnement de l’impôt sur le capital, décide soudainement de taxer les superprofits, on lui souhaite bon courage pour expliquer aux Français que, pour ne pas toucher à cet argent-là, ils vont devoir travailler (encore) deux ans de plus.

 

Cédric Clérin

Article publié dans l'Humanité

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