Le public était venu nombreux, samedi 4 février, à Sarrians, pour écouter l'historien Philippe Laborie et, en effet, il ne pouvait y avoir meilleur choix que cette conférence pour ouvrir ces dixièmes rencontres du film de Résistances, organisées par les amis d'Antoine Diouf et d'Albin Durand.
Son sujet: "L'Histoire en chantier entre révisionnisme et négationnisme" était bel et bien une invitation à la Résistance intellectuelle contre l'endoctrinement dont nous risquons à tout moment d'être victimes et que les réseaux sociaux, et leur pseudo liberté d'expression, ont rendu encore plus redoutable.
À l'aide de multiples exemples, Philippe Laborie a mis en garde contre une vérité historique officielle, parfois bien trop rigide par rapport à la réalité, et qu'il est nécessaire de revisiter et de réviser à la lumière de nouvelles découvertes ou de nouveaux points de vue. Le journal de Monique Guyot, pétainiste haïssant les nazis et la collaboration, qui fait l'objet de son dernier livre "Journal d'une pétainiste" (*) est à ce propos édifiant.
Philippe a particulièrement mis en garde contre le négationnisme dont il a démonté, à partir d'exemples concrets, les mécanismes qui vont de la falsification pure et simple des faits à la focalisation sur des détails pour faire oublier le contexte. Tout cela dans le but, non pas de rechercher à cerner une réalité, mais d'accréditer une thèse préétablie. Les pseudo "études" de Bardèche, Faurisson et autres Reynouard, tous affairés à réhabiliter la collaboration ou à nier l'extermination des juifs pendant la seconde Guerre mondiale, en sont les parfaites illustrations.
Si l'historien ne pouvait aborder l'actualité, dans le cadre de sa conférence, comment pourtant, en l'écoutant, ne pas faire le lien entre les techniques négationnistes qu'il a décrites et le traitement de l'information par nos grands médias, tous propriétés de nos oligarques bien français? N'est-ce pas pour nous vendre la thèse préétablie du "danger de l'immigration" que sur toutes les chaînes défilent des bandeaux agressifs mettant l'accent sur un délit, certes inacceptable mais isolé, commis par un étranger (si possible arabe). N'est-ce pas la même focalisation que fait le négationnisme sur un détail. Et quand, sur aucune chaîne, on ne parle des quelques 800 000 d'accidentés du travail comment ne pas penser qu'on nie des pans entiers de la réalité que nous vivons?
Le parallèle entre le négationnisme de réalités historiques bien établies et le négationnisme de notre réalité sociale actuelle, elles aussi bien établie, est sans doute, une hypothèse à envisager, merci Philippe et plein succès à la suite des rencontres (**)
Xavier
Militant de la section Oswald Calvetti
(*) Laborie. P. (2020) Journal d'une pétainiste. Grenoble: Presses Universitaires de Grenoble
(**) Suite des rencontres le 1! février