Intervention d'Olivier Safon (ANACR)
"Monsieur le Maire du Beaucet, François Ille,
Bien chers Camarades de la Résistance, de la Déportation et du Maquis,
Mesdames et Messieurs,
Nous voici, ici, tous ensemble, rassemblés, sur cette place du Maquis Jean Robert, afin de commémorer le 79ème anniversaire du massacre des cinq jeunes fusillés de Barbarenque.
Nous autres, association patriotique locale, tenons à remercier vivement la commune du Beaucet, son Maire François Ille, les membres du conseil municipal, le personnel communal pour leur aide, leur engagement, l’excellente entente avec notre association, tout au long de l’année.
Remercier également la présence des familles, des descendants, des proches de toutes les personnes liées à la journée du 2 Août 1944.
Après le grand honneur de présenter, de rappeler la présence si précieuse de Claudius Vard, résistant sédentaire F.T.P.F. de Valréas, En clave, Vaucluse, voici une mission très émouvante, redoutée depuis longtemps et pourtant indispensable…
La mission d’évoquer la mémoire du dernier Maquisard du Maquis Jean Robert. Notre Maquisard-boulanger, Mr Pierre Orinier, Pierrot, Coquinette s’est éteint le 10 Août 2022, le 10 Août dernier, soit seulement 8 jours après la cérémonie du 2 Août, ici, au Beaucet !
Pierre Orinier, Pierrot, qui dès ses 15 ans rejoint le Maquis Jean Robert, en faisant le mur, lors d’une séance de cinéma à l’Isle.
Bien vite, Abel Nouet le chef du camp de Basse-Pourraque lui confia l’importante mission de nourrir le Maquis en pétrissant le pain, depuis le four banal de la ferme de Corneirette, Venasque, 600 mètres d’altitude.
Pierrot fut témoin de la journée du 2 août 1944, puisqu’il fermait avec d’autres Maquisards, la marche du commando, provenant du château de Saumane, de la Grange Neuve vers le hameau de Barbarenque…
Coquinette a entendu et a conservé dans sa tête, toute sa vie durant, le bruit de la mitraille des nazis fauchant René Fouque et le cheval sur lequel René Fouque était juché…
Comme les autres membres du commando, il a pu, il a su se dégager de l’embuscade en dessous Barbarenque.
Depuis ce jour, depuis le 2 Aout 1944, il ne cessa de témoigner, d’expliquer sa vie de jeune Maquisard, en évoquant aussi et inlassablement ce qu’il a vécu, ici, sur la commune du Beaucet.
Pour nous autres, ici rassemblés, il était, le Maquisard , le copain , l’ ami , le père, le grand-père, le proche, le mentor, l’exemple à suivre.
Chacun chacune d’entre nous, ici rassemblés, se retrouvera dans sa relation avec Coquinette.
Nous étions nombreux à accompagner Pierrot, lors de ces funérailles le 18 Août à Orange comme lors de la dispersion de ses cendres, là-haut à Barbarenque, le 31 Août dernier.
La pierre de la petite stèle, là-haut, qui évoque la dispersion des cendres de certains Maquisards et Résistants du Maquis Jean Robert nous parle désormais de Pierre Orinier. La liste des noms sur cette plaque de granit est définitivement fermée.
Qu’il nous soit ici permit de remercier l’ensemble des personnes qui ont accompagné Pierrot et sa famille, lors de ces journées déchirantes.
Nous saluons et remercions la publication d’un livret sur le parcours de Pierrot, depuis son Maquis, jusqu’à son décès. « Résister à 15 ans en 1944 ». Un livret écrit par deux pernois, passionné d’Histoire et de Barbarenque, deux personnes présentes parmi nous, ce soir..
Nous saluons et remercions la publication d’un livret sur le parcours de Claudius Vard, « Résister à 17 ans ». Les livrets sont disponibles au Musée de la Résistance et de la Déportation de Pernes
Nouvelles du Musée.
Le témoignage de tous les anciens combattants de la Résistance, Résistants, déportés et Maquisards, avec Claudius Vard aujourd’hui parmi nous, et tant d’autres, nous oblige à perpétuer cette mémoire.
Ce devoir de répéter qu’ici au Beaucet, comme partout en France et dans le Monde, des Hommes et des Femmes, parfois très jeunes, se sont battus, et malheureusement parfois, ont été torturés, abattus, exécutés, parce qu’ils refusaient la tournure des événements face au joug des fascistes, des nazis et leurs tristes collaborateurs bien français.
Des hommes et des femmes qui refusaient le nazisme, la capitulation du Maréchal.
Ils refusaient les ordres du même Pétain, invitant la population française à se rendre, à cesser le combat, à se soumettre à l’innommable, à la chasse des juifs, comme à la chasse de tous les opposants à ce nouveau régime fasciste.
Au Beaucet, là-haut, ce sont 5 jeunes réfractaires au Service au Travail Obligatoire, le S.T.O., une des institutions du vichysme, du nazisme, qui ont été mitraillés, fusillés, fauchés dans leurs jeunesses.
Le plus âgé des 5 cinq fusillés avait 30 ans, Laurent Pons !
Mort pour la France, comme les quatre autres Martyrs !
Les cinq jeunes préféraient le Maquis, le combat, la clandestinité et ses risques face, à l’asservissement, au régime destructeur, génocidaire qui dévorait entre autres, le territoire français, le Vaucluse.
Alors, ce 2 Août 2023, sachons répéter, perpétuer, à nos jeunes générations, notre entourage, leurs combats, leurs souffrances, leurs sacrifices pour vivre dans une France, dans une patrie éprise de notre devise républicaine, la liberté, l’Egalité, la Fraternité !
Nous vous remercions pour votre présence et votre écoute !"
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CLAUDIUS VARD, un des trois fondateurs du maquis de Valréas, a pris, à 98 ans, la parole pour souligner les dangers de l'extrême droite et la nécessité de résister au présent. Un moment d'émotion intense.
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