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Alors que la droite multiplie les annonces et les discours très fermes sur la sécurité, la gauche, elle, est taxée de laxisme. Le maire de Grenoble, Éric Piolle, est encore sous le feu des critiques ces derniers jours, accusé de dogmatisme. La ville voisine, Échirolles, a adopté une stratégie très différente en matière de sécurité.
Éric Piolle a déclaré regretter de voir la gauche "lâcher sur ses fondamentaux" alors que les actes de violences liés aux trafics de drogue s'enchaînent dans sa ville. L'élu écologiste les ignore et campe sur ses positions notamment sur son refus d'armer sa police municipale ou de développer la vidéosurveillance. Mais tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde à gauche, comme le démontre la maire communiste d'Échirolles, elle aussi confrontée au narcotrafic.
Amandine Demore nous a donné rendez-vous devant l'hôtel de ville mais elle nous invite de suite à traverser la rue pour aller "voir le bâtiment Le Carrare". L'élue a fait évacuer les habitants en septembre pour des raisons de sécurité. Leur immeuble servait de point de deal. "Beaucoup de ventes se passaient là, devant, mais ils avaient aussi investi l’immeuble, explique l’élue. Ils cassaient des portes, saccageaient des appartements".
La vidéo, un sentiment de sécurité et un atout pour l'enquête
L'entrée du bâtiment est désormais condamnée, il y a des barbelés pour empêcher toute intrusion. "C’est nécessaire, salue Nora qui habite Échirolles depuis plus de 50 ans. Au rythme où vont les choses, ça se dégrade pas mal dans beaucoup de quartier. Vraiment, c’est une femme à poigne. Elle fait ce qu’elle dit et elle dit ce qu’elle fait", admire Nora. Preuve pour Amandine Demore qu'on peut être de gauche et parler de sécurité sans se renier. “Mais bien sûr qu’on a plein de choses à dire et à porter là-dessus !, s’exclame-t-elle.
"On peut être progressiste et parler de sécurité."
Amandine Demore, maire communiste d’Échirolles
À Échirolles, la police municipale est armée depuis sa création dans les années 1970. Le maire était aussi communiste à l'époque. Échirolles est la première ville en Isère à avoir déployé des caméras de vidéo surveillance. "Une ville de gauche, première commune en Isère à déployer des caméras sur son territoire, c’est discutable, je le sais, commente la maire actuelle. Mais ça apporte un sentiment de sécurité aux habitants et ça contribue aussi au travail d'enquête, notamment sur le narcotrafic, et c’est pour ça aussi qu’on continue le déploiement".
Des mesures fortes pour la prévention et la répression
Des habitants comme Michel sont plus sceptiques. Il estime que "c’est un échec à toutes les autres réponses et qu’on va se planquer derrière ça". Selon lui, "tout un tas de réponses sociales n’ont pas été faites et maintenant, la rustine, le joint de culasse, c’est la vidéosurveillance. Il y avait tout un tas de trucs sociaux à faire qui ont été démantelés depuis 20 ans", regrette-t-il.
Amandine Demore assure qu'elle agit aussi pour prévenir la délinquance. Vendredi à Grenoble, elle a alerté Bruno Retailleau sur les crédits accordés au dispositif Bataillon de la prévention qui permet de recruter des éducateurs et médiateurs. "Ce sont des emplois qui sont extrêmement utiles dans les quartiers, qui apaisent beaucoup de situations, plaide l’élue. Et quand je vois que l’État nous coupe petit à petit les financements là-dessus, c’est désespérant !"
L’élue communiste estime que c’est en assumant des mesures fortes sur la prévention de la délinquance, sans négliger la répression, que la gauche parviendra à se démarquer de la droite. Elle a également redemandé au ministre de l'Intérieur la création d'un commissariat de police de plein exercice dans sa ville. Pour elle, pour l'instant, il y a des intentions mais peu moyens.