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C’est en présence de plusieurs élus de la ville de l’Isle sur la Sorgue, de responsables de l’ARAC , de la direction départementale du Parti communiste et de membres de la famille des victimes de la barbarie qu’a eu lieu dimanche la commémoration de l’assassinat par les nazis et leurs supplétifs français des résistants FTPF, tous deux militants du Parti communiste, Louis Lopez et Abel Sarnette.
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Hugo, jeune militant de la Section Oswald Calvetti, a prononcé, lors de la première cérémonie, un discours vibrant qui a suscité l’émotion de tous les présents, avant la traditionnelle minute de silence, le dépôt des gerbes de l’ARAC et du Parti communiste, suivis de La Marseillaise et du Chant des Partisans.
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Mireille Berbezier, secrétaire de l’ARAC, a adressé à son tour, devant la stèle en l’honneur d’Abel Sarnette, un éloge passionné de notre camarade assassiné, cependant que Philippe Laborie, historien, professeur à Pernes les Fontaines, a, avec la clarté qui le caractérise, éclairé des aspects trop peu connus du combat des Résistants et du travail de sape et de dénonciation d’agents doubles au service de la gestapo et des collaborateurs.
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Une nouvelle minute de silence, le dépôt de nouvelles gerbes de l’ARAC et du Parti communiste, la Marseillaise et le Chant des Partisans ont suivi, dans un recueillement chargé d’émotion.
Deux cérémonies plus que salutaires au moment où la guerre, le racisme, la xénophobie, les atrocités, déchirent le monde entier, et où le fascisme et la barbarie se donnent plus que jamais libre cours.
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Rouge Cerise s’honore se proposer ci-après le discours prononcé par Hugo, qui sera suivi dans les jours qui viennent par les interventions de Mireille Berbezier et de Philippe Laborie.
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Allocution de HUGO
au nom de la Section Oswald Calvetti
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Nous sommes réunis aujourd’hui, en présence des membres de sa famille, pour rendre hommage à notre camarade Louis Lopez sur le lieu même où il fut assassiné ce 16 mars 1944.
Comme tant d’autres Espagnols de l’entre-deux guerres, ses parents, André Lopez et Célina Sanchez étaient venus rechercher en France de meilleures conditions de vie. Ces migrants venus d’Espagne, rejoignant ceux venus d’Italie ou de Pologne, furent ouvriers, manœuvres, journaliers, leurs forces de travail compensaient les effroyables pertes humaines d’une Grande Guerre que l’on croyait être la Der des Ders.
Cette main d’œuvre étrangère participa activement à la vie et à la prospérité de la France pour laquelle certains allaient donner même leur vie. Lorsqu’éclata la crise de 1929, ils furent aussi souvent les premières victimes de la xénophobie et du rejet, coupable aux yeux de certain de voler le travail et le pain des Français.
Néanmoins, Louis Lopez n’obtiendra la nationalité française qu’au moment de son service militaire chez les Chasseurs alpins. Très jeune, il adhère au Parti communiste Français, encore appelé à l’époque Section française de l’Internationale communiste. En 1939, quand le Parti est interdit, il fait le choix de continuer la lutte dans la clandestinité, comme des dizaines de milliers d’autres de ses camarades. En juin 1943, il intègre les rangs des FTP.
Dans l’attestation retrouvée aux archives du ministère de la Défense, signée par Vincent Pellegrini, dit Lieutenant Jeannot, ex adjoint au C.E. des anciens Francs-Tireurs et Partisans Français, on peut lire :
« Lopez louis fut un de nos meilleurs combattants contre l’ennemi, il en donna d’ailleurs une preuve quand il fut chargé, après une action de récupération d’armes, de transporter cet armement dans un lieu sûr à l’Isle-sur-la Sorgue où nous devions accomplir une mission le 17-3-44 dans les environs ».
Honoré David, FTP au maquis du Chat, se rappelle que Louis Lopez a été surpris lors d’un contrôle par les nazis et leurs supplétifs français dans la gare de l’Isle. Il transportait des grenades et s’est enfui pour éviter la fouille. Course-poursuite sur l’avenue Julien Guigue, tournant à gauche sur le Cours Émile Zola. Puis c’est l’interception. Il est fouillé, ses munitions trouvées et il est exécuté sur place. Louis Lopez, 28 ans, Franc-Tireur Partisan Français vient de trouver la mort en combattant l’ennemi nazi.
Quelques jours plus tard, ce sera au tour de notre camarade Abel Sarnette d’être lui-même abattu sur la route qui mène à Caumont. Puis, le 22 août, quatre habitants de L’Isle pris en otages seront fusillés dans l’enceinte du Lycée Benoit: Louis Bourgues, Georges Ferrieres, Marcel Manzi, Marius Monier. Pour ne citer que quelques noms dans cette longue liste de martyrs que l’on égrène à chaque commémoration.
Rendre hommage à Louis Lopez, c’est rendre hommage à tous ces hommes et femmes qui ont cultivé et fait grandir ce beau mot de Résistance, c’est se souvenir de ces noms illustres ou moins connus, simple petites mains ou responsables d’actions d’éclat, étrangers fuyant leur pays en guerre et continuant le combat sur une terre d’accueil ou français résistant sur la terre même de leurs ancêtres, c’est se rappeler les actions du groupe franc Kléber, dont la base arrière se situe dans les collines surplombant Lagnes, à la ferme du Chat et du maquis FTP Jean Robert qui regroupe des éléments sur L’Isle, Velleron, Pernes et les environs. Et d’autres encore… Ils étaient nombreux mais tellement seuls dans une France qui avait choisi au mieux de fermer les yeux au pire la collaboration active.
Le fanatisme, le fascisme et la guerre se nourrissent d’instincts primaires, de l’ignorance, de la peur, de la haine de l’autre. Aucune civilisation ne peut se bâtir durablement sur de telles bases.
Louis Lopez et ses camarades croyaient dans un monde où tous seraient égaux, libres et fraternels, ils ont tenu tête avec courage à l’envahisseur
Commémorer, c’est transmettre aux nouvelles générations les idéaux de ceux qui se sont unis pour que resurgisse la lumière de la liberté au milieu d’un cortège de malheur et de haine qui aurait pu durer mille ans.
Commémorer, c’est également une invitation à comprendre les suites d’événements complexes conduisant ces résistants à répondre par une violence légitime à une violence barbare.
« Résister se conjugue toujours au présent » écrivait Lucie Aubrac.
Aujourd’hui, alors que se libère la parole xénophobe et raciste dans notre pays construit sur la diversité, alors que meurent chaque jour sur les rives de la Méditerranée des centaines d’hommes, femmes et enfants fuyant les horreurs d’une guerre qui les dépasse, pendant que les frontières se referment partout en Europe et que dans certains pays se reconstituent même ouvertement des ligues fascistes, il est de notre devoir de nous remémorer cette phrase :« Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre », et de nous souvenir qu’au-delà de leurs sacrifices c’est à nous de tout faire pour que l’avenir appartienne aux idéaux de Louis Lopez et de ses camarades de combats.
Symbole de cette transmission de mémoire, Eléonore et Jonathan vont à présent déposer une gerbe en l’honneur de Louis Lopez, avant que nous observions une minute de silence.