En 1939 la France comptait 7 millions de salariés dont 6 n'avaient ni protection sociale et ni retraite et vivaient dans la hantise de la maladie et de la vieillesse. Ce cauchemar quotidien pris fin en 1945 quand Ambroise Croizat fonda la sécurité sociale où "chacun est soigné suivant ses besoins car tous y cotisent suivant leurs moyens".
On comprend l'intérêt de la conférence organisée, ce samedi premier mars à Sarrians, par l'association Les Amis d’Antoine Diouf et Albin Durand (*) : "Ambroise Croizat ou l’invention sociale". Sujet développé par Michel Étievent, historien et journaliste, en présence de Liliane Caillaud-Croizat, fille d’Ambroise et de Pierre Caillaud, son petit fils.
L'Assistance L. Caillaud-Croizat - M. Etievent - J.Aynié
Devant une assistance nombreuse, Michel Etievent, a retracé le parcours d’Ambroise Croizat:
Né en 1901 en Savoie, c’est un ouvrier et un syndicaliste : secrétaire de la fédération CGT des métaux, il participa en 1936 aux accords de Matignon qui se traduisirent par les congés payés et la semaine de 40H (au lieu de 60 minimum) sans diminution de salaire.
Il adhère au parti communiste dès sa fondation, au congrès de Tours en 1920, et ne le quittera plus jusqu’à sa mort en 1951. On notera que toute sa vie il reversa toutes ses indemnités et salaires (y compris celui de ministre) au Parti Communiste qui en échange le payait comme un ouvrier. On est bien loin du « tous pourris » !
En 1939 il est victime de la chasse aux Communistes lancée par le gouvernement de Daladier, président du conseil et homme politique vauclusien. Arrêté en octobre 1939, il est condamné à cinq ans de prison. Ayant transité par 14 prisons, il sera déporté en mars 1941 au bagne de Maison Carrée dans la banlieue d’Alger. Libéré en 1943, après le débarquement allié en Afrique du Nord, il est nommé par la CGT clandestine à la commission consultative du gouvernement provisoire.
De 1945 à 1947 il sera "le ministre des travailleurs" et mettra en place de nombreux "conquis sociaux" en application du programme du Conseil National de la Résistance: assurances maladie, système de retraites, allocation familiales, comités d’entreprise, médecine du travail, paiement des heures supplémentaires....
Ce que permettait le rapport de force favorable aux travailleurs: le patronat était discrédité par sa collaboration et la classe ouvrière sortait grandie de sa résistance à l'occupant nazis. Le parti communiste obtenait 29% des voix et la CGT avait 5 millions d'adhérents.
A sa mort, 1 million de personnes accompagneront Ambroise Crozat au cimetière du Père-Lachaise.
Alors qu’Amboise était en prison puis au bagne, sa femme et sa fille ont été prises en charge par des résistants du Vaucluse. Cette visite à Sarrians, a été l’occasion pour Liliane de revoir certains acteurs de cette époque. Elle a témoigné de la solidarité désintéressée et au courage dont ont fait preuve les résistants locaux, en particulier Albin Durand et la famille Varenne de Gigondas.
A l'heure où le MEDEF et ses commis redoublent d'efforts pour démembrer la protection socale, souvenons-nous du dernier discours d'Ambroise Croizat à la tribune de l'Assemblée Nationale, en octobre 1950:
"Jamais nous ne tolérerons que soit renié un seul des avantages de la sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès..."
Henri et Xavier
Texte de la présentation de Jacques Aynié
(*) L’association organisera le 22 mars les 3ième Rencontres Vauclusiennes du Film de Résistances.
-----------------------------------------------------
Vidéo d'une conférence de Miche Etiévent
sur Ambroise Croizat en 2 012