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Capture d’écran 2012-05-23 à 12.04.23

 

Intervention de Roger Martin à la réunion du Front de Gauche à Entraigues le 6 juin 2012

 

 

Mesdames, messieurs, chers amis, chers camarades,


Avant tout autre chose, je tiens à vous remercier chaleureusement de votre présence à ce meeting qui constitue notre dernière initiative médiatique.

Merci aux dizaines de militants et sympathisants qui ont mené la campagne, collant les affiches, distribuant des milliers de tracts, sillonnant les marchés et inondant les boîtes à lettres, m’accueillant et me soutenant partout avec générosité et fraternité.

Sans eux, sans vous, comment aurait-il été possible de rencontrer autant de nos concitoyennes et concitoyens, comment aurait-il été possible d’avancer nos propositions, les propositions du Front de Gauche ?

 

À quelques jours du 1er tour des élections législatives, je voudrais faire part de quelques réflexions que m’a inspirées cette nouvelle campagne.

 

La première c’est que nous avons été les seuls à parler politique, à évoquer les questions essentielles qui se posent au pays tout entier et au Vaucluse en particulier. Il est manifeste que les vingt dernières années ont causé des dommages importants dans la perception qu’ont les gens de la politique. Les émissions censées apporter une réflexion et un éclairage sur les questions politiques sont devenues des parloirs feutrés où s’organisent de faux débats contradictoires entre républicains modérés et modérément républicains. Les désaccords ne portent jamais que sur des détails, car pour l’essentiel, le monde médiatique, à de très rares exceptions près, lié à quelques gros groupes inféodés au pouvoir financier, ne travaille qu’à maintenir les puissants au pouvoir en faisant croire à l’inéluctabilité de la crise et à  la bonne volonté des possédants. Il faut en avoir conscience, un des plus gros problèmes que nous avons rencontrés, c’est qu’une propagande et un pilonnage incessants ont réussi à persuader les victimes que personne ne pourrait rien – sinon se serrer la ceinture – parce que la crise échapperait à toute rationalité, serait mondiale et qu’il n’y aurait aucun moyen de pression ou de résister.

 

Notre campagne, qu’il s’agisse de sa première partie, la présidentielle avec notre candidat Jean-Luc Mélenchon, comme la seconde pour les législatives, s’est inscrite en faux contre ces vérités établies par le capitalisme et ses relais. Nous avons inlassablement martelé les propositions de notre programme, L’Humain d’abord, en les liant aux réalités de notre département. En partant d’exemples concrets, comme la liquidation de Continentale Nutrition à Vedène ou le dépérissement organisé de la SEPR, l’électro comme le disent tous ceux qui y travaillent ou y ont travaillé, nous avons mis en valeur des propositions économiques tout en faisant la démonstration qu’il était impérieux de créer des droits nouveaux dans les entreprises, tant il est vrai qu’il est odieux et immoral que le patronat puisse exercer un droit de vie et de mort sur les outils de travail et ceux qui produisent les richesses sans qu’une intervention des personnels puisse modifier le cours des choses. Dans le cadre de nos interventions, des citoyens sont venus enrichir la discussion. À Monteux par exemple, nous avons évoqué les problèmes des maladies professionnelles, avec le cas terrible de l’amiante, à Mazan, c’est la dégradation de la situation de l’école primaire et la disparition des ATSEM qui a fait irruption dans les débats. Nous n’avons pas joué au maître et ses élèves. D’abord parce que nous ne savons pas tout, que nous n’avons pas la science infuse, que nous avons tiré les leçons des dangers de la certitude, ensuite parce que le but du Front de Gauche c’est bien de rendre la parole à nos compatriotes et que la variété et la richesse des débats et des rencontres à confirmé qu’il ne fallait surtout pas avoir peur d’aller à la rencontre des autres, tant il est vrai, comme l’écrivait déjà Montaigne, qu’il n’y a rien de plus stimulant que de « frotter sa cervelle à celle des autres ».

 

Une autre réflexion est venue s’imposer à nous, que nous aurions préféré éviter: le Vaucluse tout entier, mais par la force des choses la 3ème circonscription en particulier, est un laboratoire de la recomposition de la droite et de l’extrême-droite. La puissance électorale du Front national auquel il faut ajouter les épigones, comme la Ligue du Sud, ou certains satellites comme cette auberge espagnole où se sont retrouvés d’étranges convives, des représentants du Nouveau Centre, du MPF, de la Ligue du Sud et de groupuscules divers, nous  impose sans tarder une réflexion, des analyses et une action en profondeur. D’abord, il est clair que se met en place une recomposition de l’extrême droite. Je ne donne pas deux ans – les municipales en feront foi – pour que la tribu Bompart ne réintègre le giron de la maison mère. S’il fallait en donner une preuve, elle est sous nos yeux, qu’elle crève : Marion Maréchal-Le Pen a pour suppléant Hervé de Lépineau de la Ligue du Sud, Astrid Ducros est secondée par Guillaume Bompart lui-aussi de la Ligue du Sud. Étrange, non ? Pas tant que cela. Ceux qui ont écouté le débat organisé sur Radio-Bleu Vaucluse ont pu entendre Madame Ducros expliquer qu’elle rencontrerait Melle Maréchal Le Pen entre les deux tours, laquelle a accepté cette proposition avec gourmandise. Mais la recomposition va bien au-delà. Nos 4 députés UMP ont tous rejoint le groupe de la Droite populaire. Depuis plusieurs années, leurs discours ne se différencient plus de ceux du Front national. Les arguments sont peu nombreux, identiques : les immigrés sont responsables de tout. Du chômage, de la délinquance, de la précarité. Si l’on ajoute des sondages fort opportuns qui révèlent qu’une majorité d’électeurs UMP seraient pour une alliance avec le FN, on voit venir la manœuvre et la menace. Le Vaucluse témoigne de cette porosité. Il est clair que le vote FN y est très majoritairement un vote de droite et le report des voix de Marine Le Pen, massif, sur Sarkozy en constitue la démonstration éclatante. La vraie question, la seule question qui est posée c’est de savoir autour de qui se fera la recomposition ! Et à la différence de son père, Marine Le Pen veut le pouvoir. Elle ambitionne de faire demain de son mouvement rebaptisé un parti de gouvernement, avec des ministres, des élus en grand nombre. Le Vaucluse, le Gard, les Alpes Maritimes, les Bouches du Rhône et le Var, sont pour elle l’avant-garde de cette implantation. Alain Hayot évoquera certainement ces questions tout à l’heure, avec la pertinence et la perspicacité qu’on lui connaît et je ne m’étendrai pas plus longtemps.  Qu’on me permette cependant d’enfoncer un clou sur lequel je tape depuis longtemps : le vote FN n’est pas homogène, n’est pas un. Il rassemble des gens qui ont parfois peu de choses en commun. Parmi ces votes FN, il en un que nous devons porter une extrême attention. Celui d’une frange de population démunie, victime de la précarité, voire de la pauvreté, rencontrant d’énormes difficultés sociales, dans l’emploi, le logement. Jean-Luc Mélenchon dans sa campagne et le Front de Gauche tout entier dans celle que nous sommes en train de vivre ont mis l’accent sur cette situation. Plus que jamais, nous devons démystifier les prétentions sociales du FN, un parti foncièrement acquis au capitalisme, parce que nous ne pouvons plus accepter de laisse se dévoyer la colère et le mal être de gens qui se trompent de colère, qui se trompent d’adversaires et à qui l’on veut faire croire que l’immigré est la source de tous les maux. Nos amis de Continentale Nutrition, qui s’exprimeront ce soir, le savent bien : ce ne sont pas les immigrés qui les contraignent au chômage en programmant leurs licenciements. Les responsables de la situation de Fralib, de Continentale Nutrition aujourd’hui, de la SEPR demain, ce sont les banquiers et les dirigeants de groupes pour lesquels seuls comptent la course aux profits et l’accroissement des rémunérations des actionnaires !

 

Qu’on me permette, avant de conclure, de dire quelques mots sur cette campagne. Elle a été très riche en rencontres et en échanges. Elle a été aussi très rude. Vous savez comme moi les conséquences de l’échec d’un accord national sur la cinquantaine de circonscriptions où existe une réelle menace de voir élus des représentants de l’extrême-droite. Vous connaissez le malaise qui s’est ensuivi sur le terrain. Je n’ai pas besoin de vous rappeler les attaques diverses, souvent fielleuses, que nous avons eu à subir, comme nos camarades d’autres circonscriptions, hélas ! Je ne m’étendrai pas sur ce sujet parce que je pense que l’essentiel est ailleurs. Nous avons encore trois jours pour poursuivre notre combat jusqu’au premier tour, nous pouvons convaincre encore beaucoup de gens que le vote utile c’est bien le vote pour le Front de Gauche, ses candidats et ses propositions. Ne les gaspillons pas ! Le renforcement du Front de Gauche est à l’ordre du jour, non seulement avec l’élection de députés supplémentaires et la formation d’un groupe parlementaire conséquent, mais aussi, et c’est capital, l’enracinement croissant de notre mouvement dans la population et le pays. Nous ne sommes pas des naïfs, nous savons que les bonnes volontés affichées par le gouvernement ne tiendront pas longtemps sans l’intervention du mouvement social et sans celle des presque 4 millions de citoyens qui ont permis que le 6 mai ait été chassé le représentant du pouvoir du fric, de l’injustice et de l’insécurité sociale !

Alors, chers amis, chers camarades, je terminerai en disant que nous abordons une nouvelle étape de notre chemin de lutte, une étape importante certes, mais qui ne constitue que le prélude des tâches immenses que nous allons accomplir ensemble !

Et parce que je suis sûr qu’il aurait apprécié cette audace, je voudrais associer HK et les Saltinbanks, avec leur ON LÂCHE RIEN qu’on pourra entendre bientôt à la Fête de la Marseillaise à celui dont l’ombre tutélaire nous protège et nous encourage, l’infatigable Victor Hugo, qui disait : « Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent […] les autres je les plains […] Car le plus lourd fardeau, c’est d’exister sans vivre ».

Alors, chers amis et camarades, avec Victor Hugo, avec HK et les Saltinbanks, continuons à vivre et à lutter !

 

Tag(s) : #AGIR AVEC LE PCF
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