Du discours démagogique aux actes....
Dessin Frep
Nous vivons une situation inédite et confuse. Qui aurait dit, il y a quelques semaines encore, que le Front national (FN) saluerait la victoire de Syriza? Il faut démasquer l’imposture, en mettant en place, par exemple, une cellule d’observation des votes et positionnements du FN! Nous le laissons développer des discours démagogiques, d’ailleurs différents au Nord et au Sud, donner des leçons, laver plus blanc que le blanc sans même vérifier leurs actes!
Rien à redire aux mesures les plus réactionnaires:
Prenons par exemple les grands textes législatifs les plus récents. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015 pour commencer. Le FN a fait craquer son vernis social.
- Les 7,5 milliards d’euros de coupes budgétaires imposées à l’assurance maladie et aux hôpitaux, rien à redire;
- les 25 milliards d’euros d’exonérations des cotisations sociales accordées essentiellement aux grandes entreprises, rien à redire;
- la remise en cause de l’universalité des prestations familiales, rien à redire;
- l’amendement voté par l’UMP et l’UDI-UC reportant à 69 ans l’âge de la retraite à taux plein, rien à redire;
- les difficultés rencontrées par les salarié(e)s et les associations d’aide à domicile, rien à redire;
- l’augmentation du taux de CSG pour 460 000 retraités, rien à redire!
En fait les deux sénateurs FN, pourtant surmédiatisés à leur arrivée à la Haute Assemblée, n’ont même pas fait le déplacement!
Les sénateurs FN sont des fénéants
Projet de loi de finances pour 2015. Les sénateurs FN ont manqué 21 des 30 scrutins publics et donc sur les articles les plus importants. Ils n’ont déposé que huit amendements sur un texte qui a mobilisé le sénat du 20 novembre au 9 décembre 2014; cinq n’ont même pas été soutenus faute de présence. David Rachline a mis sur le compte des intempéries à Fréjus, la ville dont il est le maire, le fait de ne pas avoir fréquenté sa commission pendant deux mois. On n’ose imaginer la quantité de pluie qui a dû s’abattre en deux mois sur l’antique cité romaine de la côte varoise! Au-delà de l’anecdote, c’est le positionnement attrape-tout du Front national qui devrait le mettre en situation difficile pourvu qu’on sache mettre en exergue ses contradictions.
Le FN avant-garde de l'Europe du Capital!
Rappelons que le programme du FN de 2012, non démenti jusqu’alors, préconise de « restaurer l’égalité des Français devant l’impôt et une répartition juste entre petites et grandes entreprises » – une assertion habile pour ferrer des électeurs ouvriers ou issus des couches populaires et, en même temps, nombre d’artisans et commerçants rattrapés par la « crise ». Ce serait cependant oublier la proposition cardinale du FN sur la dette publique, à savoir : « la maîtrise dans la durée de l’endettement public sera inscrite dans une loi-cadre qui instaurera à terme l’obligation d’un déficit structurel égal à zéro afin qu’aucune mesure budgétaire ne soit gagée par la croissance ». En clair, le FN s’avère plus dur encore sur la trajectoire des finances publiques que ne peut l’être le traité budgétaire européen (que par ailleurs, il n’a pas voté). Et il préfère, en réalité, mettre en place dans notre pays (en toute indépendance en quelque sorte) une sorte de « règle d’or » au carré, encore plus contraignante que celle adoptée par ce qu’il a beau jeu d’appeler l’« UMPS » ! Et vive Syriza !
Dominique Watrin,
Sénateur PCF du Pas-de-Calais.
(*) intertitres de Rouge Cerise