Hervé rentre au pays, par Roger Martin

8 Avril 2014

César (Jules, pas le personnage de Marcel Pagnol) aimait à dire, paraît-il, qu’il préférait être le premier dans son village que le second à Rome.

Orgueil, orgueil, quand tu nous tiens !

Ce n’est pas notre Hervé de Lépinau départemental, que d’ignobles caricaturistes stipendiés de Moscou (si, si, il a déclaré sur Radio Bleu Vaucluse, qu’il confondait sans doute avec Radio Bleu Marine, que sur le marché de Carpentras les communistes distribuaient un « brûlot diffamatoire » alors qu’il s’agissait tout benoitement des Aventures d’Hervé le Lapinau, une BD de notre ami François Corteggiani, qui, s’il nous aime bien, ne nous a pas encore fait le plaisir d’être des nôtres) ont pris pour cible qui manifesterait pareil dédain.

Lui, à défaut d’être premier dans son village d’Aubignan, a pris le risque, après un parachutage bien médiatisé, de franchir le Rubicon, en l’occurrence l’Auzon, et de sauter sur Carpentras, en compagnie du ban et de l’arrière-ban de l’extrême-droite et de sa Lorelei maréchaliste. Hélas, trois fois hélas, voilà que malgré la division des électeurs de Gauche au premier tour, Démocratie Directe ayant brandi haut et fort le drapeau de la pureté révolutionnaire et d’une incorruptibilité qui en aurait laissé pantois le regretté Robespierre lui-même, un sursaut ( François Corteggiani et moi-même aimons beaucoup ce mot ) s’est produit, qui a vu, à la suite d’une campagne au porte à porte, sur les marchés et partout où des gens vivent et s’assemblent, la victoire de celles et ceux qui ne voulaient pas que Carpentras vire au brun marine.

300 voix d’avance, 2,5%, ce n’est certes pas un triomphe, mais le soir où Béziers est tombé entre les mains de Ménard, où Le Pontet s’offrait aux amis de Maréchal Le Pen et Bompart, la défaite des Brun marine, venant après la prise ratée de Sorgues la semaine précédente (et de la manne financière de sa communauté de communes), avait quelque chose de revigorant et même de roboratif, comme dirait notre ami Serge Guérin.

Et donc, Hervé de Lépinau, dont le seul argument de campagne entre les deux tours avait été la dénonciation de la construction d’une mosquée gigantesque, à la différence de César, est bien le second dans Rome, euh, Carpentras. Un avantage au fond qu’il ait gardé son domicile dans la riante cité d’Aubignan. Débarrassé de la lourde tâche de gérer Carpentras, il pourra se retirer dans ses faubourgs, évitant ainsi les agressions, les incendies, les viols, qui ont fait de la capitale du Comtat Venaissin, si l'on en croit son site, le Chicago du Midi de la France.

Comme on n’est pas rancuniers nous autres, à Rouge Cerise, on a décidé de saluer ce retour au pays presque natal, en offrant au grand voyageur un dessin inédit de notre ami Corteggiani.

Allez, sans rancune, et bon vent, Hervé.

Roger Martin

Victoire!-copie-1