Monsieur le Ministre de l’Education Nationale,
Le Mouvement des Jeunes Communistes de France et le Parti Communiste Français ont toujours eu à cœur de se battre pour une éducation gratuite, choisie et de qualité pour tous.
Depuis 10 ans, pas une année sans que les lycéens descendent dans la rue pour combattre les inégalités , la concurrence entre les élèves ou la casse du caractère national de notre enseignement. Les lycéens rejetent ainsi l'idée que tous les élèves ne pourraient pas réussir car ils n’auraient pas les mêmes capacités.
Parfois exclus, fréquemment infantilisés, les élèves ont souvent connu comme réponse le silence , comme si le débat leur était refusé. Habitués à être méprisés quand il s’agit de construire une autre société, nous ne sommes pour autant jamais restés bouches fermées. Notre ambition est la réussite de tous!
Alors oui, la refondation est nécessaire mais elle est bien loin d’être parfaite. Un simple retour en arrière ne peut suffire à rendre l’école plus juste. Nous devons aller plus loin et redessiner les contours d’une école pour la réussite de toutes et tous. Une école où l’élève, considéré comme un citoyen à part entière, soit au cœur du projet pédagogique.
Permettez-nous de vous faire part de nos inquiétudes quant à la première version du projet de loi d’orientation pour l’école. Vous y réaffirmez l’égalité des chances, nous, nous refusons que notre scolarité soit soumise à des paris. La société dans laquelle nous évoluons est nourrie d’inégalités, l’école ne doit pas les nier mais les corriger; pour cela il faut répartir les moyens selon les besoins pour permettre à chacun(e) de réussir son parcours.
Nous nous inquiétons également de l’absence du lycée dans le projet. Nous ne voulons pas que le lycée devienne une gare de triage entre les élèves. On ne peut pas concevoir que certains élèves soient fait pour des études longues et d’autres des études courtes, sans donner les moyens à tous de réussir. La réussite de tous, passe aussi par une orientation choisie. Vous le dites vous-même, l’orientation est trop souvent subie.
Sous prétexte de compétitivité, le projet prévoit de rapprocher école et entreprise et de développer le pouvoir des régions en matière d’orientation et de carte de formation.
Nous nous opposons fermement à l’idée que nos formations soient construites régions par région selon leurs moyens et selon les besoins des entreprises sans prendre en compte les besoin de la société et les aspirations des jeunes. L'enseignement secondaire, qu'il soit général, professionnel ou agricole doit rester une mission de l'Etat seul garant de l'égalité territoriale.
Nous ne pouvons pas envisager que le gouvernement actuel, qui cible l’orientation subie comme une des raisons de la mise en échec de certains, propose malgré cela que nos formations soient soumises au patronat. Nous devons réaffirmer le rôle essentiel des conseillers d’orientation psychologues.
Renvoyer l’orientation aux régions c’est:
- Casser le cadre national de l’éducation.
- Ne pas entendre nombre d’économistes qui affirment qu’une adéquation entre formation initiale (3 à 5 ans) et les besoins des entreprises (forcément à court terme) est un mythe.
- Ignorer que le parcours d’un jeune se construit dans la mobilité et non sur un territoire unique.
- Oublier que 59% des jeunes ne travaillent pas dans les secteurs professionnels pour lesquels ils ont été formés.
- Enfin et surtout creuser les inégalités entre les élèves.
Avec des moyens et des réalités différentes, les régions ne pourront pas permettre un accès égal aux formations. Non seulement ce seront, encore une fois, les lycées où les moyens manquent le plus cruellement, qui seront les plus lésés. Les lycéens de milieu populaire seront condamnés à reproduire le même parcours que leurs proches.
L’orientation scolaire reste fortement influencée par l’origine sociale. Les élèves ont besoin d’une orientation scolaire fondée sur le droit de suivre des études choisies. Les Conseillers d’Orientation, grâce à leur formation, permettent aux jeunes de découvrir de nouvelles possibilités de formation. Ecarter ces conseillers des établissements ne laissera à bien des jeunes que la possibilité de reproduire le parcours de leur environnement social; évidemment ce sont les milieux populaires qui en pâtiront! Construire les formations en fonction du bassin d’emploi rendra impossible toute ambition d’ y échapper.
Monsieur le ministre, la refondation s’est faite très rapidement après votre prise de fonction, écartant ainsi la majorité des élèves de la concertation. Pourtant des propositions, nous en avons! Nous continuerons donc à nous battre pour une orientation choisie: chaque élève doit pouvoir choisir son parcours de formation, pour pouvoir ensuite choisir son parcours professionnel.
L’école n’est pas une marchandise! Notre orientation ne doit pas être une variable d’ajustement aux intérêts du patronat!
Nous réclamons:
- Un Service Public National de l’Orientation et d’Information ayant les moyens d'agir sur tout le territoire
- Un Plan pluriannuel d'embauches de professeurs, infirmières, conseillers d'orientation…
- La Gratuité totale de l'école y compris pour les livres et le matériel professionnel
- Une Augmentation du nombre de conseillers d'orientation et assurance de leur formation continue pour que chaque élève puisse être suivi par un professionnel formé.
- Un Tronc commun d'ambition pour toutes les filières (générale, techno ou pro)
- Une scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans donnant à tous les jeunes le droit à une formation et à l'Etat, le devoir de lui en proposer une.
Nordine IDIR
Secrétaire Général du MJCF
et le secrétariat du Réseau Ecole du PCF
Site du Mouvement des Jeunes Communistes:http://www.jeunes-communistes.org