Mon petit-fils, petit garçon courageux et vif, va avoir 7 ans et a fait sa rentrée au CE1 le 2 septembre dans une école du vaucluse.
Comme il était fier avec son grand cartable, de retrouver ses copains, de faire la connaissance de sa nouvelle maîtresse et d'étrenner ses belles affaires de classe toutes neuves!
Après quatre années d'école heureuses et réussies, quel bonheur pour lui d'aborder cette année scolaire avec une motivation intacte et une santé de fer!
Les deux premiers jours, tout fut parfait: la classe, la géométrie, la lecture, la récré... Le soir, ce petit bonhomme rentrait heureux à la maison, prêt à goûter et à faire ses devoirs sans rechigner. Mais le premier mercredi, il fallut se lever tôt pour le chemin de l'école, encore, et le jeudi encore, et le vendredi encore!
Ce même vendredi soir lorsque je voulus le récupérer pour une petite balade, il me répondit tristement par la négative: "oh! non mamie! ce soir, je joue un peu et je me repose."
Mais oui, suis-je bête, il a "travaillé" durant toute une semaine sans coupure, cet enfant, parfois plus qu'un adulte bien portant! Il s"est levé tôt chaque jour, concentré sur ses nouveaux cahiers jusqu'à 15h45 avec un petit intermède "cantine". Et en plus, chaque soir, il a commencé une activité péri-scolaire (la nouveauté de l'année!) jusqu'à 16h30. En fait, il a travaillé une demi-journée de plus par semaine par rapport à l'an dernier. Ensuite, le goûter, les devoirs puis le bain et après le repas familial, "au lit" avec une histoire! Bien-sûr, chaque soir, épuisé après une telle journée, il s'est endormi avant la fin de l'histoire quotidienne.
Et ça, c'était la première semaine, mais que dire à la fin du premier mois, quand l'activité "poney" du mercredi après-midi a repris, car bien-sûr, impossible d'arrêter un loisir découvert il y a trois ans et qui le remplit de joie! Bref, du lundi matin au vendredi soir, combien de temps reste-t-il à cet enfant pour se poser et se reposer en journée? Croyez-vous qu'il soit possible à ce gamin pourtant en pleine forme de mettre son cerveau et son corps au repos avec un rythme pareil? Croyez-vous qu'il va tenir physiquement jusqu'aux vacances de la Toussaint et encore pire, jusqu'à la fin de l'année scolaire?
Et que dire alors des enfants que les parents ne peuvent récupérer le mercredi à midi (eh oui, pas de cantine le mercredi!), qui vont jongler entre papys, mamies, voisins, amis, nounous! Que dire de ceux qui restent à la garderie le soir car leurs parents travaillent tard (eh oui, personne n'est parfait!)? Que dire de ceux qui ont des frères et soeurs plus petits nécessitant encore plus d'attention dans ce rythme effréné? Que dire des enfants fragiles et qui ont besoin de plus de sommeil?
Mercredi dernier, lorsque je suis allée le chercher à la fin de son activité "poney" afin de passer un moment avec lui, avec sa naïveté touchante, il me regarda et me dit: "Mamie, quand je serai grand, je ferai grève!". Devant mon étonnement, son visage se renfrogna et il rajouta avec sérieux: "Ben oui, je ferai grève pour que les enfants n'aient plus l'école le mercredi, car je suis "trop" fatigué, tu sais."
Alors moi, grand-mère attentive (et engagée certes!), bientôt retraitée de l'Education Nationale où durant ma longue vie professionnelle j'ai mis toute mon énergie au service de ce public si fragile, et simple citoyenne aussi, je suggère à tous ceux qui se questionnent à propos des nouveaux rythmes scolaires de méditer sur ce témoignage de petit enfant sincère et spontané.
Comme moi, demandez à Mesdames et Messieurs les politiques au pouvoir, armés de faux arguments et d'ambitions douteuses, d'écouter simplement nos enfants, les premiers concernés, afin de cesser de les manipuler, de les épuiser et de les décourager!
Martine Taxil
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Mardi 30 septembre 8H15 - 8H45
"LES SALAIRES"
Bernard Friot sur France Culture
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