
Derrière une apparence d’avancée sociale, un coup porté contre les principes fondamentaux de la Sécu. Issue de l’accord national interprofessionnel (ANI) de janvier 2013, transcrit dans la loi, la réforme visant à généraliser la complémentaire santé en entreprise entre officiellement en application le 1er janvier. Toutes les entreprises devraient alors avoir souscrit un contrat collectif pour leurs salariés, financé à parts égales par l’employeur et le travailleur. Les sociétés non équipées jusqu’alors, des PME et TPE regroupant 4 millions de salariés, devront donc se mettre à jour. Et toutes les autres, déjà dotées, doivent vérifier la conformité de leur contrat avec les nouvelles règles : respecter un plancher de garanties minimales – le « panier » de l’ANI –, et un plafond – des remboursements maximaux – pour en faire un contrat dit « responsable ». Conditions impératives pour que l’entreprise puisse bénéficier d’exonérations d’impôts et de cotisations sociales. Fin décembre, selon un bilan du ministère de la Santé, 56 accords de branches professionnelles sur un régime de frais de santé avaient été conclus. Mais de nombreuses entreprises – un quart des TPE et PME, selon la CGPME – n’avaient toujours pas souscrit de contrat. Réticence à engager une dépense supplémentaire ? Ou difficulté à se repérer dans le maquis des offres ? La réforme a en effet donné lieu à une concurrence acharnée entre les divers opérateurs, mutuelles, institutions de prévoyance et assureurs, ces derniers se livrant parfois à un dumping tarifaire, tirant ainsi les couvertures vers le bas. Les salariés, dont le contrat individuel était souvent d’un niveau supérieur, peuvent alors souscrire, à leurs frais, une surcomplémentaire pour obtenir de meilleures garanties.
Les complémentaires font partie du service public
« Sous l’angle de l’égalité face aux soins, c’est catastrophique. Vous aurez le pilier de base (de la Sécu – NDLR) qui remboursera de moins en moins les soins courants, le contrat de complémentaire qui variera selon les branches et selon la force de négociation entre salariat et patronat, et, pour ceux qui peuvent y accéder, les surcomplémentaires », observe Frédéric Pierru, sociologue. Un système inégalitaire, pourtant financé sur fonds publics : le montant des aides fiscales et sociales aux entreprises devrait passer, avec l’ANI, de 7,5 à 10 milliards d’euros.
La mise en place d’une complémentaire obligatoire pour les salariés représente « un vrai changement de paradigme », poursuit Frédéric Pierru : « On considère que les complémentaires font partie du service public de l’assurance maladie comme la Sécu. Or, ce n’est pas du tout le même univers, pas du tout les mêmes effets redistributifs, les mêmes modalités de financement. » Pour « ne pas avoir à augmenter les prélèvements obligatoires afin de faire la reconquête de la Sécu », « on laisse se développer un marché qui n’a aucune justification en termes d’efficience, d’égalité d’accès aux soins », analyse le chercheur. À des prélèvements obligatoires publics – impôt, CSG, cotisations – « proportionnels aux revenus, socialement justes et efficients », on substitue, avec les primes des complémentaires, des « prélèvements obligatoires privés, inégalitaires et inefficients ». Si elle couvre les salariés, cette réforme laisse de côté, outre les fonctionnaires, l’ensemble des personnes hors du monde du travail, chômeurs de longue durée, retraités… Du coup, pour ces derniers, le gouvernement prépare un dispositif spécifique d’aide à l’acquisition d’une complémentaire. Soit, après la CMU-C, l’ANI, etc., une neuvième voie d’accès à cette couverture santé, observe-t-on à la Mutualité, dénonçant cette « segmentation de plus en plus forte, qui va à l’encontre de la solidarité, la mutualisation entre assurés, et qui se fait forcément au détriment des plus fragiles ». Si, pour Jocelyne Cabanal, dirigeante CFDT en charge du dossier, l’ANI est néanmoins « un progrès très significatif », au motif notamment qu’il permet de couvrir des salariés de TPE, PME souvent en situation de précarité (contrats courts, temps partiels),à la CGT, Marie-Annick Nicolas, outre le caractère « totalement inégalitaire » du système, pointe un risque plus lourd : « La complémentaire santé pour tous les salariés du privé, c’est permettre encore plus à la Sécu de se désengager. » Celle-ci ne rembourse déjà plus que 55 % des soins courants.
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"Jamais nous ne tolérerons que ne soit renié un seul des avantages de la sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès..." Dernier discours d’Ambroise Croizat à la tribune de l’Assemblée Nationale, en octobre 1950
Il fut une époque où les réformes attestaient d'une réelle vision humaniste, et le crédo de ceux qui les mettaient en place était " Nous sommes là pour Servir, pas pour Se Servir ".
Rouge Cerise vous invite en complément de l' article de L'Huma à une comparaison osée entre la naissance des complémentaires obligatoires et la naissance de la sécurité Sociale. Guillaume Sarkozy versus Ambroise Croizat .
Ambroise CROIZAT, fils d'ouvrier et l'un des créateurs de la Sécurité sociale disait : « La cotisation sociale c’est de la création de richesse immédiatement investie pour les citoyens, c’est le meilleur système de création de richesse sans actionnaires »…
Guillaume Sarkozy frère de l'ex-Président, évincé de son poste de délégué général du groupe de protection sociale Malakoff Médéric suite au rapprochement avec la Mutuelle Générale, s'accroche quand à lui à son bureau et à son parachute doré . Guillaume Sarkozy lui est “... fier d'être un patron industriel qui délocalise. Assez de faux semblant : la perte d'emploi, la déstabilisation industrielle, c'est normal, c'est l'évolution.”
Guillaume Sarkozy partira avec un chèque compris entre 1 et 2 millions d'euros et ne sera sans doute pas regretté par qui que ce soit.
Ambroise Croizat à son enterrement au père Lachaise était accompagné par une foule de plus d'un million de personnes .
Il nous reste à nous Communiste, la difficile tâche de rappeler qu'il a existé et qu'il existera encore des alternatives réelles aux politiques libérales destructrices de solidarité ... et qu'il peut exister une Sécurité sociale couvrant à 100 % l’ensemble des soins pour toutes et tous, et financée par les cotisations versées par les employeurs.
Cela passe par une rupture avec les politiques d’austérité menée par ce gouvernement, comme par ceux qui l’ont précédé.
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Ambroise Croizat, le bâtisseur de la sécu - France 3 Rhône-Alpes
Ce film est à la fois le portrait d'un homme, l'histoire d'une longue lutte vers la dignité et le portrait d'une institution incarnée par ses acteurs du quotidien. Un film qui nous parle de tous...