Par Jean-Louis BARTHES. PAU. Ancien Secrétaire du syndicat de la Centrale d’Arjuzanx. Jeunesse à la JOC (Mazamet). Ami de longue date de Jean Ortiz, lui aussi de Mazamet.
Nous, Mineurs d’Arjuzanx, face aux Majeurs qui gouvernent EDF
Nous, prolos en bleus de travail, face aux encravatés
Nous populace, hommes de peu, face aux puissants
Nous ouvrons nos gueules, par respect,
Par mémoire, par solidarité avec les Michel,
Pierre, Jacques, Serge, Henri, les 39 tués par le boulot
Victimes « normales » de l’amiante,
39 pour l’instant !
Qui ne font pas la Une des chaines télévisées
Morts à petit feu, silencieusement,
Au fond de leurs lits, ou de ceux d’hôpitaux publics,
Entourés des leurs, tellement impuissants,
Pétris d’angoisses, de peurs
N’ayant aujourd’hui que leurs mains ridées
Leurs têtes pour se remémorer
Leurs en commun pour tenir encore un peu
Oh non, n’allez pas pleurer dans les chaumières
Nous ne voulons pas ça !
Mais quand les grands medias nous bassinent
Avec les couillitudes de tel footeux
Ou les clitoridienneries de telle starlette
N’avons-nous pas la légitimité de penser
Que les 125 malades et les 39 tués d’entre nous
De ce seul site d’Arjuzanx dans les Landes,
Mériteraient de ce précieux temps d’antenne
Ou de ces précieuses voyelles et consonnes
Alignées dans les colonnes des périodiques !
Les importants des Directions d’EDF
Ont décidé de se coucher, de trahir leur parole.
Difficile d’en trouver un pour dire, “c’est moi”,
« C’est moi qui ai décidé de revenir en arrière,
Qu’il était temps de s’asseoir sur nos engagements écrits il y a 12 ans ! »
QUI, mais QUI DONC a décidé
Que l’heure était venue ?
Que le courageux lève le doigt.
Moi, je vais signer ma rubrique,
De mon vrai nom. Je suis joignable,
Comme d’autres camarades
Qui pourront confirmer mes dires.
Oh nous ne sommes pas des gens importants
Pour la marche du monde!
“Quoi que”... comme dirait Olivier de Robert,
Mais nous sommes révoltés.
Alors nous écrivons, nous aussi.
C’est le syndicalisme qui nous a appris
À écrire, à parler, à nous indigner et à agir,
À défiler au grand jour, à visages découverts.
Nous sommes, finalement pas mal
À ruer, à rugir, à rouspéter, à disputer.
Alors si l’important qui a décidé de cracher
Sur les tombes de nos 39 camarades
Morts pour la (Electricité de) France
N’a pas, ou n’ont pas, les bourses pour se dévoiler
Nous en appelons à tous ceux qui veulent bien
Nous aider à les faire sortir du bois,
Ou des bureaux calfeutrés où ils se planquent
Laissant faire la sale besogne aux avocats qu’ils rémunèrent.
Aidez-nous, plumes acérées,
défenseurs de veuves et d’orphelins
Pas pour faire à notre place, mais avec nous,
Pour donner du poids à nos hurlements de douleurs,
d’incompréhensions, de colères ...
Vous pouvez vous manifester auprès de l'Ul cgt de Morcenx
On attend de vos nouvelles.
Jean-Louis a eu une vie et un combat de syndicaliste au grand cœur, altruiste, chaleureux, solidaire. Je l’ai retrouvé dirigeant syndical CGT à Pau . Il y a quelques mois, son fils nous quittait. Jean-Louis et son épouse ont fait montre d’un grand courage. Nous les aimons.
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Publié le 19 décembre 2016 par SudOuest.fr Landes.
Landes : les victimes de l’amiante en appellent aux députés contre le patron d’EDF
L’entreprise avait interjeté appel, la semaine dernière, après une condamnation par le tribunal administratif. Une première depuis douze ans
« Inadmissible », « odieux », « minable », « méprisant »… L’union CGT de Morcenx, qui mène toujours le combat pour la reconnaissance des victimes de l’amiante, a écrit aux députés Henri Emmanuelli et Florence Delaunay, pour leur demander d’interpeller les directions des grandes entreprises et le gouvernement sur le « scandaleux revirement d’EDF ».
Pour la première fois depuis des années, l’entreprise a décidé d’interjeter appel, après avoir été condamnée, début novembre, par le tribunal administratif de Mont-de-Marsan, dans un dossier d’exposition à l’amiante, concernant quatre ancien salariés de la centrale et la veuve d’un de leurs collègues.
Il y a quelques jours, son PDG, Jean-Bernard Lévy, a choqué en contestant cinq décisions de justice. La CGT brandit, elle, un « accord amiante » pris en 2014 par l’ancien président, François Roussely. Il y était écrit : « EDF est solidaire des salariés s’étant vu reconnaître une pathologie liée à l’amiante […]. Plus généralement, je renonce désormais définitivement à faire appel de toute nouvelle décision des tribunaux des affaires de sécurité sociale (Tass) concernant les dossiers en cours. »