Photo Mohammed El Hamzaoui
Article tiré de la Marseillaise le 12 février 2018
Les Jeunes communistes des Bouches-du-Rhône appelaient à protester samedi contre l’installation du mouvement Bastion social à Aix-en-Provence. Le témoignage du gain d’influence d’une extrême droite en pleine recomposition.
Après l’ouverture il y a presque 4 ans d’un local par l’Action française rue Navarrin à Marseille, le mouvement Bastion social, inspiré des néofascistes italiens de CasaPound, annonçait samedi l’ouverture du sien intitulé « la Bastide » rue Mignet à Aix-en-Provence. Une initiative qui fait écho à l’installation de locaux du même mouvement à Lyon puis Strasbourg et Chambéry.
À Aix, les fondations du projet « la Bastide » avaient été jetées par les royalistes maurassiens de l’Action française fin 2017 avant de se concrétiser sous le label Bastion social, preuve de la perméabilité entre les groupes ultra-nationalistes qui sévissent dans les Bouches-du-Rhône. De nombreux actes de violences qui leur sont imputés ont été commis à Aix-en-Provence mais aussi à Marseille depuis plusieurs années. Une escalade que l’on croyait stoppée par l’arrestation en octobre de 10 personnes issues de la mouvance néofasciste pour projet d’attentat visant des migrants, des mosquées et des personnalités politiques telles que Christophe Castaner ou Jean-Luc Mélenchon.
Premiers à réagir à l’ouverture de ce local d’extrémistes à Aix, les Jeunes communistes des Bouche-du-Rhône ont appelé à un rassemblement de protestation samedi après-midi devant l’hôtel de ville.
L’occasion pour eux de lire un message des JC de Strasbourg, confrontés dans leur ville au même problème : « Le prétendu nationalisme révolutionnaire n’a rien de révolutionnaire. Il s’agit pour citer Gramsci de rien de plus que du « subversivisme réactionnaire », une continuation de la politique libérale avec la mitrailleuse et les coups de revolvers ». Autre lettre de soutien, celle des JC de Lyon, également mobilisés contre un local du Bastion social dans la capitale des Gaulles : « Nous marchons dans les pas du PCF, nous sommes les héritiers de la Résistance contre Pétain et Hitler ».
Le secrétaire fédéral des JC 13, Nicolas Testart tempête contre les politiques néolibérales menées par le gouvernement en place et ceux qui l’ont précédé car pour lui « le fascisme tire sa force du désespoir et de la colère dans lesquelles chaque jour les travailleurs s’enfoncent un peu plus ». Il prévient : « Nous ne laisserons pas les fascistes s’installer dans notre ville en pleine lumière. Aussi longtemps que ce Bastion social existera nous serons là pour exiger sa fermeture car derrière le fascisme se cache le capital, la lutte antifasciste est internationale. »
Dans le rassemblement on notait la présence de personnalités progressistes telles que Catherine Piat (Résister aujourd’hui), Hervé Guerrera (Poc), Véronique Marouzé (PCF), Vincent Avilla (PG), André Guinde (PS), Rémy Jean (Ensemble), Olivier Mateu (UD CGT) et François Canu (UL CGT Aix) …
De l’autre côté étaient réunis le président national du Bastion social, Steven Bissuel, issu du Groupe union défense (GUD) qu’il a ressuscité à Lyon en 2011, mais aussi celui qui se présentait précédemment comme le leader des membres de l’Action française d’Aix, Stan Kama, ou encore le conseiller municipal ex-FN de La Ciotat, Yann Farina.
Le témoignage d’un syncrétisme idéologique réunissant des anciens du groupe violent GUD, des royalistes de l’Action française, des nostalgiques de Vichy et des éléments d’extrême droite disposés à jouer le jeu des institutions.Une ambiance assez bien résumée dans les paroles du groupe de musique Cor Ignis, formé par des militants locaux qui poussent la chansonnette contre la République en entonnant « Marianne est une salope qui en veut toujours plus » ou pour rendre hommage à Robert Brasillach, rédacteur en chef du journal collaborationniste et antisémite Je suis partout : « Brasillach artiste plein de talent, dans nos cœurs tu es présent. »
Léo Purguette