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Madeleine Riffaud, 93 ans, dans son appartement du Marais, à Paris. (Annabelle Lourenço pour "l'Obs")
le 10 mars 2023
La ville d'EU (Seine-Maritime, région Normandie) m'a fait l'honneur d'un nom de rue, je tiens à la remercier ici de l'honneur que le conseil municipal m'a fait.
Je suis d'autant plus heureuse que j'ai eu longtemps une maison à Villers-sur-Mer, où j'ai rencontré beaucoup d'habitants qui avaient été décorés par la reine d'Angleterre pour leur rôle dans la bonne organisation du débarquement. On n'en parle jamais, de ces gens là, alors j'en profite.
Et cet article de Jérémy Hébras pour le Courrier Picard me fait dire qu'il y a toujours de gens, par inculture (ou idéologie), qui ne comprennent encore pas (ou font semblant de) ce qu'était la résistance. Pour leur information, on ne choisissait pas dans quel mouvement on entrait, il n'y avait pas de bureau de recrutement ayant pignon sur rue. Trop risqué, évidement. C'était un métier dangereux. On travaillait tous ensemble à la libération de la France, parfois sans même connaître les opinions politiques de ses compagnons de lutte.
Et la création du CNR (Conseil National de la Résistance) par Jean Moulin prouve si besoin en était que la libération de la France primait sur toute autre opinion.
En revanche, il y a quelque chose que je sais dans ma chair, les ayant combattu, eux et leurs maîtres, au péril de ma vie, c'est qu'il y a déjà eu un rassemblement national. Si vous voulez lire, voilà ce qu'on en dit sur Wikipédia :
"Le Rassemblement national populaire (RNP) est un parti politique français fasciste et collaborationniste, fondé par Marcel Déat pendant l'occupation allemande. Le RNP, qui a existé du 2 février 1941 jusqu'en 1944, avait une ligne politique néo-socialiste et embrassait le projet d'Europe nazie unifiée. Il se destinait ainsi à « protéger la race ».
Le RNP fut, pendant l'occupation, l'un des trois principaux partis collaborationnistes en France avec le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot et le Parti franciste de Marcel Bucard, prônant un alignement politique, social et militaire sur l'Allemagne nazie."
Soit les instances dirigeantes de ce parti n'étaient pas au courant, au moment de choisir ce nom, soit elles l'étaient... Je ne sais pas ce qui est le plus "grave" des deux. Je remarque avec étonnement qu'aucun de mes confrères journalistes ne le fait remarquer aux membres de ce parti quand ils disent qu'ils ne sont pas un parti d'extrême-droite. Si l'on ne veut pas être qualifié de quelque chose, il vaut mieux ne pas choisir une dénomination qui y renvoie directement, n'est ce pas ?
Je vous conseille d'aller voir le logo du parti de l'époque et de le comparer à celui d'aujourd'hui... Cela laisse peu de doute sur la possibilité du hasard : https://fr.wikipedia.org/.../Rassemblement_national...
C'est un non-évènement qu'ils votent contre-moi, et l'inverse m'aurait contrarié. J'avoue que les arguments invoqués sont particulièrement savoureux, surtout venant d'un parti ayant été financé par la Russie.
Ceci étant dit, ceux qui ont un peu de mémoire se rendront compte très rapidement que mes articles de grand reporter de guerre, même dans l'Humanité, ont été souvent en confrontation avec la ligne du PCF. Ce qui a valu pas mal de problèmes à mon rédacteur en chef adoré Étienne Fajon, qui préférait, comme moi, chercher la vérité et la dire, plutôt que d'avoir le petit doigt sur la couture du pantalon.
Merci encore au maire et aux élus, pour leur choix et pour me donner l'opportunité de me rendre compte que le combat continue.
Madeleine Riffaud dite Rainer
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