Ce samedi 3 mai, sous l’égide du Nouveau Front Populaire, se tenait un rassemblement antifasciste organisé autour de deux tables rondes :
La gestion des municipalités par l’extrême-droite : quelles résistances ?
Face à la montée des extrêmes-droites : la nécessité de l’unité
Le premier débat donnait la parole à six intervenant-e-s Eric Arnaud (enseignant CGT), Pascale Arraou (LDH), Jean-Pierre Aubert (ancien gérant de maison de la presse à Toulon), Patrick Roulette (éducateur, CGT), Fabienne Véra (co-responsable CNL et élue d’opposition communiste à Vedène) et Patrick Savignan (élu d’opposition à Orange).
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Pendant près d’une heure et demie, les intervenant-e-s ont pu exposer, après un hommage à Fabienne Haloui, absente d’Orange ce jour-là, rappelant qu’après la « prise » de la ville en 1995, le terrain des luttes n’avait pas été abandonné par tous, les faits et méfaits de l’extrême-droite installée aux manettes des communes. Les interventions les plus fortes furent évidemment celles qui se nourrissaient de l’expérience et de la réalité vécue et subie. En particulier les témoignages de Patrick Roulette et Patrick Savignan, sans oublier celui de Fabienne Vera, qui montra, chiffres à l'appui, combien la question du logement était essentielle.
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Le second débat, qui devait compter à l'origine cinq participant-e-s : Raphaël Arnaud ( député de Vaucluse, LFI), Lucien Stanzione (sénateur, PS), Pauline Salingue (Porte-parole nationale NPA), Géraldine Boÿer (EELV) et Roger Martin (PCF), vit la participation supplémentaire de Victorine Surtel (conseillère municipale à Carpentras -Génération.s).
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Le sujet principal du débat, la nécessité de l’unité, ne pouvait arriver sans qu’auparavant chacun ait présenté une analyse de la situation. Après nombre de considérations très moralisantes peinant à montrer le lien évident entre le racisme, le fascisme et le capitalisme, la politique fit alors irruption dans le débat. Avec des points de vue qui pouvaient montrer certaines divergences, les interventions des responsables NPA, LFI et PCF mirent l’accent sur la fascisation du capitalisme.
Le plus gros problème, c’est que si la nécessité de l’union était revendiquée par les intervenants des deux débats, le mode d’emploi manquait. Comme ce fut évoqué, et par les intervenants et par l’assistance, difficile de s’unir lorsque des mouvements et leurs dirigeants sont régulièrement pris à parti, y compris physiquement, par ceux-là mêmes qui brandissent l’étendard de l’unité. Mais surtout, comment parler d’unité et barrer la voie aux extrêmes-droites, en évoquant les présidentielles, alors que dans moins d’un an il y aura des élections municipales sous tension et qu’elles devraient être l’objet de toute notre attention ? Comment, en outre, s’en tenir trop souvent à des déclarations d’intention : une grande partie de l’électorat RN est composée de gens qui sont en difficultés, dont bon nombre d’ouvrier-e-s, comment faire pour leur montrer qu’ils se trompent de colère et les faire revenir à un vote de classe ?
L’objectif aujourd’hui, ne devrait-il pas être d’empêcher Avignon, Carpentras, Cavaillon et d’autres communes de tomber dans l’escarcelle du RFN ? Comment comprendre alors qu’une des intervenantes réclamant l’unité à grands cris, s’inscrive à Carpentras dans une dérive de division qui ne pourra que favoriser l’extrême-droite ? Que, sur Avignon, rien n’avance vraiment pour une démarche unitaire, et que Cavaillon et d’autres communes restent dans le flou ?
Le rassemblement d’Orange mérite d’être salué. Réunir 150 personnes dans cette ville aux mains de l’extrême-droite depuis 30 ans était une gageure, parvenir à débattre dans l’écoute et le respect était déjà une victoire.
Pour autant, l’absence de véritable débouché politique et la constatation que nous avions ce jour-là d’avoir affaire à des convaincus, ne doivent pas être masquées.
Les plus durs combats restent à mener.
Pour Rouge Cerise, E.W.