
Chronique de José Fort sur la radio web Radio Arts-Mada tous les lundi à 19h
On ne peut pas aujourd’hui écarter une possible intervention militaire contre le Venezuela. De nombreuses informations, déclarations, déplacements de troupes et de « conseillers » très spéciaux nord-américains témoignent de la volonté de Washington et de ses alliés d’entrer dans une nouvelle phase de leur stratégie d’ingérence agressive contre un pays souverain, le Venezuela. Cette fois, il ne s’agit plus seulement de sabotage économique, de guerre idéologique, d’opérations terroristes : un conflit armé sous couvert « d’opération humanitaire » est en préparation.
Il y a eu d’abord à Caracas l’annonce de l’élection présidentielle pour le mois d’avril prochain qui a provoqué l’ire de Washington et de l’Union européenne comme si une consultation électorale démocratique relevait de l’inadmissible. Puis, contre toute attente et au dernier moment, l’opposition vénézuélienne a refusé de signer l’accord avec le gouvernement pourtant acté en présence de l’ancien président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero.
La « cellule Venezuela » en place au Département d’Etat à Washington réunissant diplomates US, représentants du Pentagone et de plusieurs gouvernements latinos est à la manœuvre. Une sorte de répétition de l’opération « Condor » qui dans les années 1970 consistait à assassiner les leaders de la gauche latino-américaine et à renverser notamment le gouvernement de Salvador Allende au Chili. Conduite par les Etats-Unis, l’opération « Condor » rassemblait les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay.
Lors de sa récente tournée dans plusieurs pays d’Amérique latine, le vice-président nord-américain Mike Pence avait été chargé de présenter à plusieurs présidents « amis » un plan visant à étrangler l’économie vénézuélienne. La nouvelle phase contre Caracas a été confiée au secrétaire d’Etat, Rex Tillerson qui récemment à Buenos Aires et à Bogota a précisé aux présidents Macri et Santos ce que M. Trump attendait d’eux. Dans le même mouvement, le sous-secrétaire d’Etat pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Francisco Palmieri, dans un « souci humanitaire », offrait les services yankees à la Colombie et au Brésil pour contenir « l’immigration vénézuélienne », à l’Argentine et au Pérou une aide en faveur des étudiants vénézuéliens « fuyant la dictature » alors que ces pays font la chasse aux immigrants. Cela rappelle la politique nord-américaine en direction de Cuba que résume ainsi le journaliste argentin Carlos Aznarez, je le cite : « Je te fais la vie impossible, j’oblige tes gens à émigrer, je les reçois les bras ouverts et après je t’envahis sous couvert d’action humanitaire. »
Il y a cette fois le bruit des armes. De nouvelles troupes US viennent de débarquer en Colombie. Des mouvements ont été signalés à la frontière amazonienne du Brésil et de la Colombie. En novembre dernier, la base brésilienne de Tabatinga avait accueilli des manœuvres communes des Etats-Unis, du Brésil, de Colombie et du Pérou simulant une opération visant « un pays sous le joug communiste ». Elle vient d’être mise en état de pré-alerte.
Pendant ce temps, à Bogota, l’ambassadeur US y va de sa petite musique en déclarant que le Venezuela a besoin d’une « sortie démocratique institutionnelle rapide », tandis que l’actuel président colombien Santos, expert en matière de manipulations électorales, affirme qu’il ne « reconnaîtra pas le scrutin » présidentiel vénézuélien alors que son prédécesseur, le criminel Uribe, demande « une intervention militaire rapide avec le concours colombien. »
William Izarra, commentateur géostratégique, qualifie les événements en cours « d’opération tenaille » et précise que la Colombie, la Guyana et les îles hollandaise Aruba, Bonaire et Curazao où « les militaires US se baladent comme chez eux » pourraient aussi servir de bases d’agression contre le Venezuela.
Le pire est-il à craindre ? Diosdado Cabello, un des principaux dirigeants vénézuéliens réagit
en ces termes :
« Il est possible que vous entriez, mais nous verrons comment vous sortirez. »
José Fort