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Même si Rouge Cerise ne prétend pas pas qu'elle énonce une vérité définitive, cette publication de l'Université Laval au Québec a retenu notre attention car elle fait le point des connaissances scientifiquement établies à ce jour sur un important sujet de santé public. À ce titre, elle est à la fois un message d'espoir et une source de réflexions dans le débat sur la vaccination que nous subissons en France.
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Rouge Cerise remercie l’auteur de cet article, Jean Hamann, qui en a autorisé la reproduction.
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R.C.
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Source : Jean Hamann, Le Fil, 27 juin 2019 Université Laval (Québec) Département de médecine sociale et préventive, Recherche
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L’efficacité de la vaccination contre le virus du papillome humain laisse entrevoir la quasi-disparition de ce cancer
Les programmes de vaccination contre le virus du papillome humain (VPH) sont d’une efficacité telle que les infections causées par ce virus ont connu une baisse draconienne au cours des dernières années. En fait, les résultats sont si probants qu’ils laissent entrevoir la quasi-élimination du cancer du col de l’utérus d’ici quelques décennies. Voilà la conclusion d’une étude publiée aujourd’hui dans The Lancet par une équipe de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Rappelons que les maladies provoquées par le VPH comptent parmi les infections transmises sexuellement les plus courantes. Certaines formes du virus causent des condylomes génitaux ou anaux alors que d’autres provoquent des lésions pouvant conduire aux cancers de la bouche, de la gorge, du vagin, de la vulve, de l’anus, du pénis et surtout, du col de l’utérus. «Le VPH est une composante présente dans presque 100% des cas de cancer du col de l’utérus», signale la chercheuse Mélanie Drolet, première auteure de l’étude parue dans The Lancet.
Le premier vaccin contre le VPH a fait son apparition en 2007 et depuis une centaine de pays ont mis sur pied des programmes de vaccination contre ce virus. Comme les vaccins contre le VPH sont plus efficaces lorsqu’ils sont administrés à des personnes qui n’ont jamais été infectées par ce virus, les premières campagnes de vaccination ont surtout ciblé les préadolescentes.
L’équipe de chercheurs dirigée par le professeur Marc Brisson a effectué une méta-analyse de 65 études récentes réalisées dans 14 pays qui ont implanté un programme de vaccination contre le VPH au cours des 10 dernières années. À l’aide de ces données portant sur un échantillon de 60 millions de personnes, ils ont comparé la fréquence des infections à VPH, des condylomes et des lésions précancéreuses du col de l’utérus dans chacun de ces pays avant et après l’implantation du programme.
Voici les principales conclusions de leurs analyses:
- La fréquence des infections causées par les deux principales formes du VPH causant le cancer du col de l’utérus a diminué de 83% chez les filles de 13 à 19 ans et de 66% chez les femmes de 20 à 24 ans;
- La fréquence des condylomes a chuté de 67% chez les 15 à 19 ans, de 54% chez les 20 à 24 ans et de 31% chez les 25 à 29 ans;
- La fréquence des lésions précancéreuses du col de l’utérus a baissé de 51% chez 15 à 19 ans et de 31% chez les 20 à 24 ans.
- Par effet d’immunité de groupe, la vaccination des jeunes filles a eu des retombées positives chez les jeunes hommes. Ainsi, la fréquence des condylomes a diminué de 48% chez les 15 à 19 ans et de 32% chez les 20 à 24 ans.
Au Canada, le cancer du col de l’utérus touche une femme sur 150 et le taux de mortalité sur une période de cinq ans est d’environ 25%. «La vaccination contre le VPH est encore trop récente pour que l’on puisse mesurer des effets sur ce cancer, souligne Mélanie Drolet. Par contre, nos analyses montrent que la vaccination réduit substantiellement le nombre d’infections et de lésions précancéreuses causées par le VPH. Ces réductions sont un premier signe que la vaccination pourrait éventuellement mener à l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique.»
L’équipe du professeur Brisson tente maintenant de préciser à quel moment l’élimination de ce cancer pourrait survenir et quelles sont les caractéristiques des programmes de vaccination qui permettraient d’y arriver plus rapidement.
Les auteurs de l’étude parue dans The Lancet sont Mélanie Drolet, Élodie Bénard, Norma Pérez, Marc Brisson et une cinquantaine de chercheurs de 14 pays associés au HPV Vaccination Impact Study Group.
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