Le 7 mars 1942, le cheminot communiste et cégétiste Pierre Sémard était exécuté par les Nazis, martyre d'un idéal mis en oeuvre à la Libération. Son combat continue aujourd'hui.
Comment ne pas associer à la mémoire de Pierre Sémard le combat exemplaire que mènent aujourd'hui les cheminots contre la liquidation des conquis de la Libération? Comment ne pas voir dans la grève historique qu'ils viennent de soutenir avec une abnégation et une détermination admirable, la poursuite de la Résistance de 39-45? Comme le disait notre camarade Albert Cordola, parlant en 2012 dans l'usine occupée des Conti de Vedène, il s'agit "d'un même combat avec des luttes différentes dans leur forme mais qui visent le même but: la renaissance d'une France démocratique et sociale"
Hommage à Pierre Sémard, hommage aux luttes d'hier et d'aujourd'hui menées par les cheminots!
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APPEL DE LA SECTION D'AVIGNON DU PCF
"Le 6 mars à 11h, le Parti Communiste se rendra aux Rotondes pour la commémoration organisée en la mémoire de Pierre Sémard, cheminot résistant fusillé par les nazis à titre d'otage durant la guerre.
Ce sera pour nous l’occasion de célébrer l’esprit de résistance des cheminots qui ont été exemplaires dans la lutte contre la réforme des retraites.
C’est aussi l’occasion de dénoncer la triple aberration qui se profile dans la réorganisation du transport par rail dont vont être victimes les avignonnais.
- Aberration industrielle : la réorganisation de la SNCF en filières qui auront chacune en charge l’entretien de leurs matériels menace l’équipement industriel de la Rotonde, équipement performant et qui a fait ses preuves.
- Aberration économique lorsque la Région fait un appel de mise en concurrence pour le train express régional. La mise en concurrence sur des réseaux ferrés ne fonctionne pas. Le Royaume Uni en revient. La part du fret dont le transport a été libéralisé en 2006 a baissé de 90 %. Cela se traduit chaque fois par un service dégradé et par une augmentation du coût pour les usagers.
- Aberration écologique avec la fermeture de la gare auto-train en Courtine. Le service de transport de voitures par la SNCF ne va pas disparaître : il va basculer sur route !
Nous rappelons notre engagement pour des transports à bas carbone à même de lutter contre le réchauffement climatique. Le rail en fait parti. Appuyons-le !"
Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur- Saône dans une famille de cheminots.
Devenu cheminot lui-même, Pierre Sémard s’engage activement dans le syndicalisme et devient le secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT en juin 1921, de la Fédération des cheminots CGTU après la scission, puis de nouveau avec la CGT réunifiée en 1936.
Militant du Parti Communiste dès sa fondation il en devient le premier secrétaire général ouvrier en 1924 il exercera cette responsabilité jusqu'à 1929. Son militantisme politique notamment contre l'occupation de la Ruhr ou la guerre du Rif lui vaudra d'être plusieurs fois emprisonné.
La vie politique et syndicale de Pierre Sémard illustre bien les débats, les tâtonnements, voire les revirements du mouvement ouvrier à son époque sur la conduite de la lutte de classel. Quels sont les rapports entre le syndicat et le parti? Quelle liberté d'appréciation un parti communiste national peut-il avoir par rapport aux orientations de l'Internationale Communiste? Faut-il faire alliance avec les sociaux-démocrates ou lutter classe contre classe? Voilà quelques unes des questions auxquelles Pierre Sémard sera confronté. Il tentera d'y trouver des réponses en s'appuyant sur la réflexion collective aux seins d'organisations démocratiques/ le parti et le syndicat et sur la pratique du combat de classe.
En 1939, à la déclaration de guerre, Pierre Sémard est réquisitionné comme cheminot et doit s’installer avec sa famille à Loches en Indre et Loire. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, en octobre 1939, par le gouvernement de l’époque en vertu d’un décret qui interdit le Parti Communiste Français.
Alors que l’armée allemande envahit le pays, Pierre Sémard est maintenu en détention au camp de Gaillon dans l’Eure d’où les autorités de Vichy le livreront plus tard comme otage à l’occupant.
Durant sa captivité, Pierre Sémard, malgré son internement, réussit à garder le contact avec les syndicats clandestins, il sera un personnage-phare dans la mobilisation des Cheminots contre les nazis.
Il apporte ses conseils, rédige des appels au combat et dans sa dernier lettre avant d’être fusillé, il lance un ultime appel à ses amis cheminots :
" Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà des vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat".
Les cheminots joueront un rôle considérable dans ce qu’on a appelé "la bataille du rail".
Le 6 mars 1942, Pierre Sémard est transféré à la prison d’Évreux et remis le lendemain aux autorités allemandes pour être fusillé comme otage, le lendemain.
Juliette, l’épouse de Pierre Sémard, fut elle aussi arrêtée le 7 août 1941, elle avait assuré durant l’internement de son mari la liaison avec la direction clandestine des cheminots. Jugée le 5 janvier 1942, elle fut condamnée à 8 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle fut rapatriée le 24 juin 1945.
Avec la complicité de son épouse, Pierre Sémard avait, jusqu’à son exécution, tenu une place considérable dans la direction de la Résistance cheminote. Cette place lui a été reconnue officiellement au titre de la Résistance Intérieure Française. Pierre Sémard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Principale source: "Le chiffon rouge"