Ce jeudi 11 juin a été inauguré par Monsieur SERGE ANDRIEU, maire de Carpentras, l'espace ANTOINE DIOUF. À cette occasion a été dévoilé un panneau qui, fait rarissime, explique qui fut notre camarade. Un exemple à suivre.
Au cours de la cérémonie, CÉLINE ET RÉMY CHAUVET de l'Association des Amis d'Antoine Diouf et d'Albin Durand ont pris la parole pour évoquer la mémoire de notre camarade. Rouge Cerise publie ci-dessous leur intervention.
La section Oswald Calvetti était naturellement représentée à cette inauguration.
R.C.
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Antoine DIOUF, allocution de l'Association des Amis d'Antoine Diouf et d'Albin Durand (ADAD) prononcée par Céline et Rémy Chauvet
Merci Monsieur le Maire de pouvoir prendre la parole au nom de l’association « Antoine Diouf Albin Durand ».
Merci également pour cette initiative d’ inaugurer cet espace de rencontre, à l’entrée de Carpentras, du nom d’Antoine Diouf .
C’est une journée importante pour notre association, encore plus pour le reconnaissance que nous lui faisons aujourd’hui.
Notre association «Les Amis d’Antoine Diouf Albin Durand » a été créée en 2004 pour perpétuer la mémoire de ces 2 résistants assassinés le 1er août 1944 à Sarrians par un commando de tueurs du Parti populaire français.
Mais qui était Antoine Diouf ?
Métis d’origine, Antoine, Gabriel Diouf est né à Marseille le 12 février 1910 dans le quartier de la Corderie, au 71 boulevard Gazzino (aujourd’hui Boulevard André Aune, résistant lui aussi). N’ayant jamais connu son père, sans doute l’un des employeurs de sa mère, Catherine Diouf dite Bamby, 32 ans, née à Dakar, lingère, mourut sans doute en 1913.
Très tôt orphelin, Antoine Diouf fut confié en 1924 auprès de la Protection catholique de l’enfance délaissée à Lanas (Ardèche). Il obtient le certificat d’études primaires. Il fut placé dès 14 ans, comme ouvrier agricole d’abord en Isère, puis à Sarrians au Clos, ensuite à Monteux.
A sa majorité il reçoit son fameux costume rayé et un petit pécule. Il fit son service militaire dans le 173e régiment d’Infanterie de Corte entre avril 1931 et avril 1932, il est nommé caporal en octobre 1931. Il sera embauché comme ouvrier agricole dans le Gard, en octobre 1932. Il fut ensuite aide-infirmier à l’hôpital d’Uzès, fit une période militaire au 27e régiment de tirailleurs algériens à Avignon en 1934, travailla à nouveau dans l’agriculture à Vinezac (Ardèche) et arriva à Sarrians en novembre 1937 où il fut embauché dans une ferme avant de rejoindre celle d’Albin Durand en 1938. Ayant trouvé là une famille. Antoine Diouf s’intégra dans le village, y jouant au football, en particulier dans l’équipe qu’Albin Durand avait créée au sein des Sports populaires sarriannais. Surnommé affectueusement Blanchette, apprécié pour son talent de chanteur fantaisiste, il chantait à l’occasion des spectacles donnés dans le département, sa dernière représentation eut lieu à Carpentras (au théâtre) en juillet 44. Mobilisé le 26 août 1939, il fut réformé temporaire, puis affecté au dépôt d’infanterie de Marseille. Démobilisé, il revint à Sarrians à la mi-juillet 1940. Albin, Antoine, ce n’était pas le patron et l’employé, mais deux amis, deux camarades.
Albin Durand était un militant communiste extrêmement actif. Antoine Diouf le suivit dans cet engagement. Adhérent de la Jeunesse communiste avant la guerre, il adhéra au parti durant la Résistance. Les témoins se souviennent qu’il chantait dans les bals clandestins que la Résistance organisait. Il fut arrêté avec Albin Durand le 1er août 1944 torturé, et assassiné comme lui par un groupe du Parti populaire français (PPF) – le Groupe d’action pour la justice sociale, appuyé par des éléments de la Wehrmacht. Ce groupe, bien renseigné, avait sévi auparavant à Malaucène puis à Violès.
Antoine était un homme affable, agréable, facétieux. On louait sa gentillesse et sa joie de vivre.
Les obsèques d’Antoine Diouf et Albin Durand eurent lieu le 29 août 1944 en présence d’une foule considérable, au moins 5000 personnes. Depuis plusieurs années, l’association des Amis d’Antoine Diouf Albin Durand entretient leurs mémoires. Un ouvrage « Faits et Causes » sur le parcours des deux hommes, sur la Résistance dans le Vaucluse, sur les circonstances de leur mort et sur ceux qui en ont été les responsables a été écrit et publié en 2016.
Je terminerai mon intervention par le refrain de la chanson écrite par Marcel Faraud en hommage à Antoine Diouf.
Oh non... oh non… Je ne vendrai pas mes amis.
Je suis français et j'ai promis.
Croyez vous que ma chair meurtrie, me fasse trahir ma Patrie ?
A ma Patrie mon cœur jura : « Noir, au devoir demeurera ».
Alors vous pouvez me tuer, pour le restant je suis muet.
Je suis français et j'ai promis.
Je ne vendrai pas mes amis.
Oh non… oh non...
Merci encore à la municipalité de Carpentras et à son maire Serge Andrieu de donner à cet espace à l’entrée de la ville le nom d’Antoine Diouf, résistant, « mort pour la France ».
Merci de votre attention.
Pour se procurer le livre contactez
l'Association des Amis Antoine Diouf - Albin Durand
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