Gaz de schiste : forages dans le Luberon ?
Le permis de Cavalon autoriserait la société Thétis Oil à explorer les sous-sols pendant 5 ans. Une consultation est en cours sur un projet de recherche d’hydrocarbures dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône.
Souvenez-vous. C’était en juillet 2013. François Hollande annonçait que non, il n’y aurait pas d’exploitation du gaz de schiste. Or aujourd’hui, un document n’attend plus qu’une signature. Un projet d’arrêté émanant du ministère de l’Écologie, pas encore signé, mais à la fin duquel les noms de Ségolène Royal, ministre de l’Écologie et Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, sont déjà apposés. Un texte qui mentionne les avis favorables des préfets du Vaucluse, des Bouches-du- Rhône et des Alpes-de-Haute-Provence. Un document qui, en trois pages, explique qu’il sera accordé un permis exclusif de recherche de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux, dit «permis de Calavon». Ce permis, anciennement baptisé «de Gardas» (déposé en 2010), concerne un territoire de 870 km² et s’étend sur tout le sud du Vaucluse, sur une partie des Bouches-du-Rhône, allant de Lagarde-d’Apt à Sénas en passant par l’Isle-sur-la-Sorgue et Ansouis, soit une très grande partie de la superficie du Parc naturel régional du Luberon.
Au total, 48 communes du Vaucluse et 6 des Bouches-du-Rhône sont concernées, ce qui englobe 110 000 habitants. L’arrêté attend le dernier avis du Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies avant d’être soumis à la signature des deux ministres.
LE PERMIS DE CAVALON CONCERNE 48 COMMUNES DU VAUCLUSE ET 6 DES BOUCHES-DURHÔNE
C’est une «veille citoyenne» qui a permis de débusquer sur le site internet du ministère de l’Écologie ce nouveau projet d’exploitation du sous-sol du Luberon, passé soigneusement sous silence. Le 23 septembre, Olivier Florens, conseiller général écologiste et l’avocate Me Irène Bourré dénonçaient lors d’une conférence de presse la signature imminente de cet arrêté qui accorde à la société suédoise Tethys Oil AB le droit de recherche. Une recherche loin d’être neutre pour les militants environnementaux car, selon eux, les études géologiques annoncées s’accompagneront «certainement d’acquisitions géophysiques». Il prévoit des forages profonds de 1 500 mètres avec des derricks de 50 mètres de haut, une circulation conséquente de poids-lourds, l’utilisation de quantités astronomiques d’eau sur des territoires de sécheresse... Rappelons que la loi de juillet 2011 interdit « l’éclatement de la roche pour l’extraction des hydrocarbures », mais elle n’interdit pas de déposer des permis de recherche et d’expérimentation. Or, la fracturation est la seule méthode existant à ce jour... Et ici, personne n’est dupe.Si les compagnies pétrolières forent pour « explorer » et qu’elles trouvent ce qu’elles cherchent, elles sauront faire en sorte que les permis d’explorer se transforment en permis d’exploiter.
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