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Après Arcueil, en banlieue rouge, où il a passé sa jeunesse, puis Nantes, Brive-la-Gaillarde et Mostaganem où l’a entraîné sa première profession d’agronome, Jérôme Zolma  s’est installé en Provence. Aujourd’hui, professeur des écoles, il est directeur d’une école dans les quartiers Sud d’Avignon, qualifiés de « difficiles ».

Parallèlement, il écrit des romans noirs. Son douzième ouvrage, Les Poubelles de Babylone, paru chez Oskar, est un texte puissant ancré dans les réalités sociales de notre temps.

 

Jérôme, un ami de Rouge Cerise, que beaucoup ont pu rencontrer lors de la dernière Fête de la Marseillaise , confirme pleinement avec ce récit que le roman noir est un genre capital et un excellent outil pour servir l’Histoire.

 

 

Rouge Cerise

 

 

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La boucle est bouclée... (Rapports Nord-Sud)

par Jérôme Zolma


 

Ah, la politique ! Je m’y intéresserais bien, mais... Toujours la même chose ! Dogmes redondants, éléments de langage réducteurs, serpents de mer effleurés par des médias simplificateurs, chiffres arrangés… Pas de quoi se passionner. Et la géopolitique ! Presque effrayant tellement c’est complexe. Vous vous rendez compte : il y a désormais plus de 200 pays à l’ONU. Comment pourrais-je en connaître les réalités ?

Vraiment démoralisant ! De quoi démissionner, cultiver son jardin ou ravaler sa langue… Impossible. La marche du monde, ça nous concerne tous. Et pour nous permettre d’aborder la politique de manière un peu ludique, joindre l’utile à l’agréable en quelque sorte, je vous propose un peu de lecture.


 

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Les éditions Oskar viennent de créer la collection « Les Romans de la colère ». Des auteurs de polar y sont conviés à y bâtir une fiction politique. « Un thème politique ou social qui vous met en rogne » avait proposé l’éditeur aux auteurs. « L’embarras du choix » ont pensé les écrivains avant de se mettre au clavier.

La collection s’est garnie en quelques mois de courts romans aux propos très diversifiés, Toujours documentés et surtout rebelles.

Parmi eux, deux auteurs, D.Daeninckx et J.Zolma, ont abordé sans se concerter les rapports Nord-Sud. Et le déséquilibre chronique des relations commerciales.


 

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Didier Daeninckx dans « Mortel smartphone » nous entraîne sur les traces de Cherald, un jeune congolais, enrôlé de force dans une mine de coltan. Le coltan ? Jamais vu, jamais entendu parler, il y a peu de chances que j’en manipule un jour !

Et pourtant ! Le coltan, dérivé du tantale, est utilisé dans nos portables. On le manipule donc en permanence. Ainsi, pour fabriquer nos chers téléphones, on court en Afrique extraire ce minerai dans des conditions ignobles. L’exploitation de nos anciennes colonies continue. Le Congo, pays en guerre depuis bientôt 20 ans, est le principal producteur mondial de ce produit stratégique. L’état congolais aurait pu en tirer des profits importants. Hélas, les lois de commerce sont incontournables : le pauvre ramasse les miettes et le riche, en l’occurrence les multinationales occidentales, s’octroie des profits immenses.

Cherald en est conscient. Il s’enfuit de la mine et pense comme bon nombre d’Africains : la richesse est en Europe, mon avenir y sera donc meilleur. Son périple épouse le trajet du minerai, l’itinéraire est bien balisé. Je ne vous raconterai pas la suite, disons simplement que Daeninckx montre une fois de plus que les bénéfices des sociétés du Nord se construisent sur la misère du Sud. Notre bien-être également…


 

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J. Zolma dans « Les Poubelles de Babylone » situe sa fiction dans un pays riche. En France. La police enquête sur le devenir de déchets pétroliers de provenances variées. La mise en décharge contrôlée coûte cher. « Hors de question de réduire mes marges pour de vagues raisons écologiques », pensent quelques industriels sans scrupules. Aussi, pourquoi ne pas tout envoyer dans des pays moins regardants, au mépris des conventions internationales ? C’est ainsi que des bateaux sont affrétés en Europe et voguent vers l’Afrique, chargés de cargaison peu ragoûtantes. L’intrigue de Zolma narre l’épopée de deux flics qui suivent un camion suspect en route vers le port de Marseille. La cargaison pourrait bien être chargée à bord d’un cargo-poubelle à destination d’un pays du Sud. Les deux policiers espèrent coffrer les transporteurs et surtout les donneurs d’ordre. Bref démanteler la filière qui, comme on le découvrira peu à peu, se révèlera très bien organisée. Mais là encore, je ne vous dévoilerai pas la suite.

L’histoire vraie du Probo Koala est en toile de fond de cette fiction. En 2006, des déchets pétroliers ont été chargés sur un bateau, le Probo Koala. Ils ont été refusés dans de grands ports de la communauté européenne (trop de risques pour nos populations !) avant de gagner Abidjan. Mises en décharge dans une zone urbanisée, les scories ont dégagé des gaz pestilentiels. Bilan de l’opération : une vingtaine de morts, des malades et un vaste espace pollué pour des décennies.

Aujourd’hui, ces trafics perdurent. Les décharges du Sud reçoivent en particulier des tonnes de déchets « électroniques » qui contiennent métaux lourds et autres composés toxiques. Du coltan par exemple qui retraverse le monde dans l’autre sens. Des enfants travaillent au milieu de ces poubelles et tentent de récupérer quelques grammes de matériaux souvent dangereux qui seront revendus à des prix dérisoires. Pour survivre. Une économie de subsistance qui nous permet de nous débarrasser à peu de frais de milliers de tonnes de matières trop chères à recycler.


Daeninckx dénonce les dérives du voyage aller, Zolma s’insurge sur celles du retour. La boucle est bouclée. Et ces deux fictions illustrent le fonctionnement inique du commerce mondial. La richesse des uns se bâtit sur la misère des autres.

 

J.Z.

 

Les Romans de la colère.

http://osaka-editeur.jimdo.com/les-romans-de-la-col%C3%A8re/ 

 

 

Didier Daeninckx, Mortel Smartphone  

Jérôme Zolma, Les poubelles de Babylone

D’autres colères tout aussi légitimes :

Roger Martin, L’honneur perdu du commandant K. (un auteur que les lecteurs de ce blog connaissent bien)

 

Jacques Mondoloni, Un corbeau à l’heure allemande

 

Catherine Fradier, Le cahier de Masika

 

Marc Villard, Zina et Le

 

 

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"Les Précariteuses" vous invitent

 

 

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Tag(s) : #CULTURE
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