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Rouge Cerise publie ce matin deux documents qui montrent comment le capital et son système de conditionnement des esprits (communicants, consultants, journalistes, médias) manipule le langage soit pour nous vider le cerveau en utilisant la langue de bois (vidéo de Frank Lepage) soit pour cacher exploitation et exploiteurs en utilisant sa langue de vipère (article de l'Humanité).

Le capital nous impose ses mots pour nous imposer ses idées, soyons vigilants et combatifs, la lutte contre ce conditionnement est une partie essentielle de la lutte de classe.


 

La langue de bois. Frank Lepage

 

 

 

La langue de vipère. Article de l'Humanité

 

Le coup du coût, ou ces mots qui modifient notre perception du réel

Par Jean Rabaté, journaliste honoraire.

 

Bien préparé par le Medef, le coup du « côut » fonctionne à plein. De quoi s’agit-il pour le patronat ? De convaincre les Français que le « coût du travail » est à la base de tous les maux : délocalisations, fermetures d’entreprises, chômage, etc. Et donc qu’il faut le diminuer en rognant sur les salaires et sur ce que patrons et gouvernants nomment « charges » sociales. Ne nous y trompons pas : relayée à longueur de colonnes et d’antennes par tous les médias, éditorialistes, économistes bien-pensants et… ministres, l’idée fait son chemin. Et des dégâts. Y compris dans les rangs des salariés. Comment expliquer sinon que certains d’entre eux, pour garder leur emploi, acceptent, sans enthousiasme, certes, mais acceptent tout de même, de travailler plus, sans gagner davantage ?

« Coût du travail » donc… L’expression est devenue d’usage courant dans les conversations, les discussions, les débats. Elle surgit même, mais oui, de temps à autre sans les moindres guillemets dans les colonnes de l’Humanité ! D’où peut-être le besoin de revenir sur le poids des mots, pour dénoncer, par exemple, l’hypocrisie des prétendus « partenaires sociaux » auxquels le président de la République a cru devoir faire appel une fois de plus lors de ses vœux. Notre journal nota un jour très justement : « Les mots que l’on s’habitue à entendre modifient notre perception du réel et de la vie. » Le Medef et ses amis, y compris au gouvernement, l’ont bien compris. Le coup du « coût » veut faire oublier non seulement que le travail ne coûte rien mais, qu’au contraire, il rapporte. En créant les richesses matérielles et intellectuelles de la nation. Quant aux salaires et aux « charges » (encore un mot trompeur) accusés de tuer la compétitivité, ne sont-ils pas alimentés par le fruit du travail lui-même, et non par les coffres-forts patronaux ?

Ce (mauvais) coup du « coût du travail » est à rapprocher d’une démarche choisie en haut lieu dès la mise en place du gouvernement Ayrault. Elle visait déjà à modifier la perception du réel et de la vie. Le ministère de l’Industrie devint celui du Redressement productif, celui chargé de combattre l’échec scolaire se vit confier « la réussite éducative ». Michèle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes âgées, ne fut plus censée s’occuper de leur dépendance mais de leur « autonomie ». Ce pourquoi sans doute elle proposa à ses alter ego européens de renoncer au mot « vieillir » et de le remplacer par « avancer en âge ». Emportée par son élan, elle envisagea même avec ravissement sur son blog l’époque où l’on « monterait amoureux » au lieu de « tomber » !

On peut certes en rire, ou en sourire, comme on le fit parfois lorsque les licenciements devinrent « plans sociaux », les chômeurs « demandeurs d’emploi », les femmes de ménage et les balayeurs « techniciens de surface », les aveugles « malvoyants », les sourds « malentendants », les immigrés « personnes issues de la diversité », etc. Or, note François-Gilles Egretier, spécialiste du langage, chargé d’enseignement de la communication à Sciences-Po, « il y a la une vraie stratégie sémantique ». Et politique, aurait-il dû ajouter, fort de son expérience de chargé de la communication de Christine Lagarde, alors ministre de l’Économie. Il souligne en effet avec force l’importance des mots dans le débat public et la nécessité de « placer le choix des mots au cœur de la réflexion », y compris pour « organiser et valoriser » des mesures ministérielles ou présidentielles.

C’est avouer que tous les mots et expressions volontiers répétés du côté de l’Élysée, Matignon, Bercy ou Solferino, et que l’on s’habitue à entendre, à lire, et parfois même à utiliser soi-même, sont rarement spontanés. Et jamais innocents. Ils visent en réalité à gommer les côtés sombres de la réalité et de la vie pour rendre les « réformes » acceptables, la politique d‘austérité supportable, le capitalisme amendable. N’en est-il pas encore ainsi avec le véritable acte de servilité fait à Noël en direction du Medef, mais baptisé « pacte de responsabilité » ?

À nous de dénoncer ces manipulations du langage, de montrer ce qu’elles dissimulent. Pour mieux rendre coup pour coup !

Jean Rabaté

 

 

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 Jeudi 16 janvier à 14H

 Solidarité avec Marc, viré par Véolia

Tous aux prud'hommes d'Avignon!

 

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Pour en savoir plus 

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Tag(s) : #SE FORMER - COMPRENDRE
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