Décidément, il ne nous sera rien épargné !
Samedi 15 heures. Je m’installe avec un peu de retard dans la Salle des Augustins à Pernes où se déroule l’Assemblée générale de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance.
La vue dégagée que j’ai sur une nuque qui ne l’est pas moins me procure une impression de déjà-vu.
Perplexe, je me lève, avance dans l’allée latérale et… oui, impossible de se tromper, c’est bien lui !
Comment d’ailleurs avoir le moindre doute alors que ses affiches tapissent tout l’ex-canton de Pernes, même si elles semblent montrer une certaine propension à se décoller…
Bref, lui, c’est Julien Langard, élu municipal communautaire à Carpentras où il joue les seconds couteaux auprès de Marion Maréchal Le Pen et d’Hervé de Lépinau, vous savez, cet ex du Mouvement pour la France de De Villiers, puis ex de la Ligue du Sud de Bompart et aujourd’hui membre du comité national du FN à l’issue d’une ascension fulgurante et, accessoirement, qui poursuit en justice notre ami François Corteggiani, accusé de l’avoir représenté en … lapineau.
Julien Langard, donc, a été bombardé candidat dans le canton de Pernes, qu’il ne connaît pas, en compagnie d’une chef d’entreprise, (cette profession assure à elle seule le tiers des candidatures FN aux cantonales) qualifiée de «génie climatique» sur la brochure frontiste, et cette responsabilité il la prend au sérieux en hantant toutes les manifestations du canton, fendant les rangs et la foule, main tendue…
De là à imaginer qu’il débarquerait à l’Assemblée générale des anciens résistants et de leurs amis, dans une salle où se trouvent Sylvain Meyer (Commandant Gervais) et Louis Orinier du Maquis des Monts-de-Vaucluse, Albert Cordola, emprisonné, torturé puis déporté à Dachau, des membres de la famille des fusillés de Barbarenque, il y avait un fossé…
Toute honte bue (mais je m’égare, ces gens n’ont pas honte), ce quidam membre d’un parti fondé sur tout ce que la Résistance a combattu est donc venu s’asseoir au milieu d’anciens résistants et d’amis de la Résistance.
Faut-il donc lui rappeler qu’il n’a jamais désavoué les propos de l’ex-président du FN, Jean-Marie Le Pen et que qui ne dit mot consent ?
Rafraichissons donc la mémoire de monsieur Julien Langard :
- L’ex-président du Front national s’est déshonoré en parlant de «détail de l’Histoire» à propos des chambres à gaz…
- L’ex-Président du Front national s’est déshonoré en déclarant que « l’Occupation allemande n’avait pas été particulièrement inhumaine même s’il y avait eu des bavures inévitables dans un pays de plus de 550 000 mètres carrés »…
- L’ex-Président du Front national s’est déshonoré en rendant les résistants responsables du massacre d’Oradour-sur-Glane…
- L’ex-Président du Front national s’est déshonoré en fondant son mouvement avec des hommes qui avaient noms Léon Gaultier, Pierre Bousquet, André Dufraisse, François Brigneau, Victor Barthélémy, Gilbert Gilles ou Roland Gaucher, dont les uns portèrent l’uniforme de la Milice et d’autres celui de la SS (1) !
Que monsieur Julien Langard, donc, loup mal déguisé en berger, aille représenter ailleurs un parti qui n’a toujours pas reconnu qu’il s’est fondé sur le racisme, la xénophobie et la haine et qui est totalement étranger aux valeurs de la Résistance à l’honneur lors de cette assemblée générale.
Quant à nous, fidèles à la leçon des combattants de l’Ombre, nous continuerons à nous montrer vigilants, comme ils l’auraient souhaité !
Roger Martin
Secrétaire de la section Oswald Calvetti du Parti communiste français
(Le monde est petit. Il semblerait que monsieur Langard connaisse très bien M.B., l’innocent professionnel né sous le signe de la balance…)
C’était il y a deux ans. Scandalisés par la présence de Maréchal Le Pen à la cérémonie aux martyrs de Barbarenque, une partie de l’assistance tourne le dos et entonne Le Chant des Partisans.
(1) Pour mémoire :
Léon Gaultier: Ancien lieutenant Waffen SS condamné à 10 ans de prison dont il ne fera que 2, a fondé une maison de disques, la SERP, avec Le Pen en 1963. Membre du conseil national du FN dès sa création, en 1972.
André Dufraisse: Membre du Parti populaire français et de la Légion des volontaires français (LVF), dit « Tonton Panzer ». Membre du Bureau politique du Front national de 1972 à sa mort, compagnon de Martine Lehideux, ex-présidente du groupe FN au conseil régional d'Ile-de-France, elle-même nièce de François Lehideux, ministre de l'Industrie de Pétain. À sa mort, en 1994, Le Pen prononça sur le parvis de l'église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet un bref hommage au défunt, avec lequel il avait milité depuis 1956. Disant, entre autres : « M. Bousquet a peut-être eu les responsabilités que vous dites, il a peut-être été un ancien SS mais moi je suis de ceux qui sont pour la réconciliation des Français...»
François Brigneau: De son vrai nom Emmanuel Allot, ancien membre de la Milice, vice-président du FN de 1972 à 1973. Éditorialiste de National Hebdo, condamné plusieurs fois pour incitation à la haine raciale.
Roland Goguillot: alias Roland Gaucher, responsable des jeunesses du Rassemblement national français de Marcel Déat. Journaliste à Minute, co-fondateur du FN en 1972, puis membre de son Bureau politique. Conseiller régional FN de Franche-Comté et directeur de National Hebdo jusqu'en 1993.
Pierre Bousquet: premier trésorier du FN, décédé en 1991, ancien membre du Parti franciste puis caporal (rottenführer) de la 33ème division de grenadiers SS Charlemagne.
Victor Barthélemy: secrétaire de Jacques Doriot, chef du PPF. Membre du comité central de la Légion des volontaires français (LVF). Secrétaire général du Front national de 1973 à 1978
Gilbert Gilles: adjudant de la Waffen-SS, auteur de livres apologétiques sur ses campagnes dans la Division Charlemagne, puis activiste de l’OAS, devient en 1984 chargé de mission de Le Pen afin de récolter des fonds en Afrique.