"Monsieur Jullien" par Serge Guérin

Réflexion faite, je n’aime pas M. Vincent Jullien, que je ne connais pas. C’est là une opinion mûrie en tenant compte des aléas de la conjoncture, du pourquoi et du comment des choses, ou vice-versa. Cette opinion tient surtout au contenu de l’interview que M. Vincent Jullien, candidat du PS à Sorgues, a accordée à Vaucluse Matin, ce 26 Mars, page 10. Pourtant, la photo (en couleurs) était belle. On pouvait apprécier la frimousse altière de vieux baroudeur aux traits burinés et aux tempes grises. Quelle séduction!

Quant au contenu !  Quelle stupidité béante ! Examinons-le de près, il le mérite.

À Sorgues, M. Vincent Jullien, et il n’est pas le seul , a été laminé par M. Lagneau. Il sait pourquoi, et son ire vengeresse dénonce les coupables : « Le Front de Gauche a martelé les critiques vis-à-vis du PS et du gouvernement et a perverti la campagne, etc. »

Ohé ! M. Vincent Jullien, qu’avez-vous fait, pendant cette campagne ? Donné des ordres à votre staff? En tout cas, vous ne vous êtes jamais accoudé à un zinc, près de ceux qui avaient cru que « le changement, c’est maintenant », et se trouvent trompés, leurrés, bernés, dupés, trahis.

Ohé ! M. Vincent Jullien, vous avez une mémoire bien courte et bien accommodante. Vous avez oublié qu’en menant une politique de droite sous une étiquette de gauche, M. Jospin a propulsé M. Le Pen au second tour des présidentielles. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, tout naturellement et tout simplement.

Eh bien, c’est trop simple pour M. Vincent Jullien. Son analyse, pardon, son exégèse, est beaucoup plus fine et nuancée : « Par l’obstination du PC, M. Lagneau est élu au premier tour ». Merci, M. Jullien, merci d’avoir dénoncé les vrais responsables : les communistes, ces pelés, ces galeux dont nous vient tout le mal.

Ohé ! M. Vincent Jullien, vous habitez où? Au pays où les canards portent des bretelles ? Eh bien, à titre personnel, et seulement à ce titre, je m’engage à voter pour vous le jour où les pintades iront à la plage en bikini.

Et je n’en aurai  MÊME PAS HONTE.

Serge Guérin.

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