Un article du site de l'Humanité.FR
Ne Pas oublier le massacre de Charonne
Le 8 février 1962, 20 000 personnes participent à Paris à une manifestation contre les attentats de l'OAS et pour la paix en Algérie. A l'issue de ce défilé pacifique, les forces de l'ordre chargent les manifestants aux abords de la station de métro Charonne (11e). Un déchaînement de violences policières qui fera neuf morts et plus de 250 blessés.
Pour ne pas oublier, la CGT, le PCF et le Comité vérité et justice Charonne, une cérémonie d’hommage aux neuf victimes du 8 février 1962 s'est déroulée ce samedi 7 février au métro Charonne.
« En une période où le besoin d’histoire est si fort dans la société française et où est légitimement revendiquée une exigence de vérité, en particulier sur les deux moments clefs de notre histoire nationale récente que sont l’Occupation et les guerres coloniales, il n’est pas inutile de se souvenir de Charonne. » , précisait leur appel.
En pleine vague d'attentats commis sur le territoire métropolitain par l'OAS (l'Organisation de l'Armée Secrète, créée en 1961, dont l'objectif était de maintenir l'Algérie française à tout prix) plusieurs syndicats et organisations politiques de gauche appellent à manifester pour la paix en Algérie. Le rassemblement pacifique a lieu place de la Bastille et le cortège, composé essentiellement de jeunes et en particulier de jeunes femmes, se dirige ensuite en direction de la place Voltaire.
Aux abords de la station Charonne (11e) et alors que les organisateurs s'apprêtent à déclarer la dispersion de la manifestation, les brigades spéciales de la police sous les ordres du préfet Maurice Papon chargent à coup de matraque les manifestants qui cherchent alors à se réfugier dans le métro. En contre-bas des marches se déroulent des scènes d'une violence extrême. Des témoins rapportent que des policiers vont se saisir et jeter des personnes dans l'escalier par dessus la rampe de la bouche du métro, ou encore lancer des grilles en fonte sur les manifestants tentant de fuir. Bilan : neuf victimes mortes étouffées ou le crâne fracturé et 250 blessés.
Eugénie Barbezat
Les victimes:
L'Humanité du 13 février 1962
Jean-Pierre BERNARD, Dessinateur aux PTT, 30 ans, Militant du PCF, et membre de la commission exécutive du syndicat CGT des télécommunications de la Seine.
Fanny DEWERPE, Sténodactylographe, 30 ans, Militante du PCF et du Syndicat des employés et ouvriers du Commerce CGT de la Région Parisienne
Daniel FERY, Employé de Presse, 15 ans, militant de la Jeunesse communiste et du Syndicat national des Cadres et Employés de la Presse CGT
Anne GODEAU, agent d’exploitation aux PTT, 24 ans, militante au PCF et au Syndicat des Services Financiers de Paris des Postes et télécommunications CGT
Édouard LEMARCHAND, Employé de Presse, 40 ans, militant du PCF et du Syndicat national des Cadres et Employés de la Presse CGT
Suzanne MARTORELL, Employée de Presse, 40 ans, militante du PCF et du Syndicat national des Cadres et Employés de la Presse CGT
Hippolyte PINA, 58 ans, militant du PCF et de l’Union Syndicale du Bâtiment de Seine et Oise CGT
Maurice POCHARD, 48 ans, mort de ses blessures quelques mois plus tard
Raymond WINTGENS, imprimeur typographe, 44 ans, militant du Syndicat du Livre Parisien CGT
Les obsèques:

