(illustration du Huffingtonpost)
Corrèze, terre d’accueil
Le 16 juillet dernier, à la suite d’une enquête préliminaire de la Section antiterroriste, un certain Varg Vikernes, citoyen norvégien et sa femme, Marie Cachet, française, ont été interpellés à Salon-de-la-Tour, en Corrèze, soupçonnés de préparer un attentat.
L’acquisition de cinq armes – fusils et carabines, dont plusieurs 22 long rifles – avait en effet alerté les policiers sur les intentions de cet individu. Non sans raison, malgré certains bons esprits qui, trop pressés ou mal informés, crient déjà à un second Tarnac !
Mais qui est donc réellement ce « chanteur », « musicien », « écrivain » norvégien vivant en France qui le 3 avril 2011, sur son site, appelait nos compatriotes à voter pour le Front national ?
La musique n’adoucit pas toujours les mœurs
À l’origine, il s’appelait Kristian Vikernes. Son prénom, jugé trop chrétien, il le remplacera au tout début de sa carrière musicale de black metal, pour lui préférer celui de Varg, qui signifie « loup » en bokmål, langue scandinave dérivée du danois. Plus tard, il intercalera entre les deux noms celui de Quisling, en hommage à Vidkun Quisling, qui dirigea de 1942 à 1945 le gouvernement norvégien collaborateur des nazis, sous le titre transparent de fører, avant d’être fusillé.
Passionné de légendes germaniques et scandinaves et de guitare, il se frotte aux groupes de black ou death metal avant de créer en 1991 le groupe Burzum dont il est le seul membre ! Il enchaîne quatre disques avant de rejoindre en 1992 le groupe Mayhem, ne tardant pas en entrer en rivalité avec son leader, Øystein Aarseth, plus connu sous le pseudonyme d’Euronymous.
Racistes, admirateurs du nazisme, vouant une haine violente au christianisme accusé d’avoir détruit le vieil esprit païen scandinave, il participe alors à des incendies criminels visant des églises. L’église Stavkirke de Fantoft, datant du XIIème siècle est la première d’une longue série. Avide de publicité, il ne peut s’empêcher de donner une interview, visage camouflé et brandissant deux coutelas, ce qui met les policiers sur sa piste. Il est néanmoins relâché au bout de deux mois, faute de preuves.
La nuit du long couteau
Début 1993, son inimitié pour Euronymous s’est muée en haine. En août, accompagné d’un acolyte, Snorre Westvold Ruch, dit Blackthorn, il assassine son rival de plusieurs coups de couteau, prétextant l’auto-défense, alors qu’il a laissé intentionnellement sa carte bancaire à un comparse chargé de louer un film pour se créer un alibi. Lorsqu’il est arrêté, la police trouve 150 kilos d’explosifs et 3000 cartouches dans sa maison. Dans un livre qu’il écrira en prison, il confie qu’ils étaient destinés à faire sauter l’immeuble Blitz, repaire du mouvement anarcho-communiste à Oslo. Plus tard, il expliquera qu’il entendait être prêt à lutter contre une invasion soviétique !
Le 16 mai 1994, il est condamné à 21 ans de prison pour le meurtre d’Euronymous, l’incendie de trois églises, la tentative d’incendie d’une quatrième et pour le vol et la détention d’explosifs et des munitions.
En avril 1997, cinq néo-nazis de l’organisation Einsatzgruppen - du nom des unités de SS qui assassinèrent plus d’un million de juifs et de soviétiques - dont un l’avait fréquenté en prison, tentent de le libérer, financés à hauteur de 100 000 couronnes par sa mère. Échec total. Les poursuites seront abandonnées l’année suivante.
Un fugitif bien entouré
Le 26 octobre 2003, bénéficiant d’une permission, il prend la fuite, arrête une voiture en menaçant le conducteur d’une arme de poing. Lorsqu’il est repris, le lendemain, on trouve dans le véhicule des poignards de combat, un masque à gaz, un GPS, un ordinateur portable, un téléphone mobile, des tenues de camouflage. Une perquisition dans une cabane où il s’était momentanément réfugié permet de mettre la main sur un fusil automatique AG3 et une arme de poing.
Le 11 mai 2009, il est libéré après 15 ans de prison, s’installe dans le comté de Telemark puis quitte la Norvège et gagne la France - qu’on a connue moins accueillante ! - avec sa femme et ses deux enfants. Entre temps, il a enregistré plusieurs disques en prison et écrit autant de livres, sans jamais avoir renié ses opinions nazies.
La presse, quand elle ne minimise pas ses prises de position - passées, lit-on ici et là - l’assimile à Anders Behring Breivik l’auteur de la tuerie qui fit 77 morts le 22 juillet 2011 en Norvège. Une erreur. Vikernes, sur son site Barzum, qui, soit dit en passant s’orne de deux runes d’Odal, celles que portaient les Jeunesses hitlériennes et la 7ème Division SS de volontaires de montagne, crache sur Breivik, coupable d’avoir tué de vrais Norvégiens sous couleur d’islamophobie et insiste sur les véritables responsables de la décadence blanche, les « juifs » !
Fascistes de tous les pays, unissez-vous !
Varg Vikernes, chantre de la race blanche n’est pas un inconnu pour les fascistes français. En 1998, dans mon ouvrage Main basse sur Orange, j’évoquais les identitaires de Nouvelle Résistance, groupe auquel appartenaient Christian Bouchet et André-Yves Beck, aujourd’hui élu de Bollène et bras droit de Jacques Bompard, et une de leurs publications, une revue musico-nazie, Napalm Rock. Entre des articles de fond, des études sur le paganisme, des publicités pour des groupes musicaux comme « Piles of Dead Jews », elle faisait la promotion du « prisonnier de guerre » Varg Vikernes, en particulier dans son numéro 13, en le gratifiant d’une apostrophe évocatrice: « Salut à toi, fier et valeureux guerrier ! ».
Plus que jamais, NO PASARAN !
Roger MARTIN