Dessin Courrier Picard
Cet été, alors que je somnolais rêveusement, on attira mon attention sur un passage des Hommes de la Liberté, de Claude Manceron. Il y condense la citation suivante : « Quand la finance est honorée, l’État est perdu. »
Quelle horreur ! Oui, oui, vous avez bien lu. Certes, je n’ignore pas que Manceron historien est perçu comme moins à droite que M. Valls et / ou M. Hollande (ce qui est de plus en plus facile) , mais quand même… Certes, il ne fait que citer, mais quand même… Réveillé de mon agréable torpeur par une saine indignation, je m’enquis : «Quelle est la vipère méphitique, lubrique et bolchévique dont la plume a exsudé ce venin ? »
Eh bien, voilatipas qu’il s’agit de Monseigneur Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu ! Oui, le Montesquieu qui pervertit dans les lycées de France et de Navarre les chères têtes blondes qui parviennent encore à le comprendre. Il écrivait cela vers 1730. On mesure les progrès accomplis depuis. En effet, puisqu’on on nous le serine à longueur de Pujadas (entre autres), nous savons qu’il est indispensable d’honorer la finance pour sauver l’état (sans majuscule cette fois). Je sais que M. Macron m’approuve, je sais qu’ainsi, nous sauvons l’Europe. Ma conscience est donc en paix.
Quant à l’irresponsable Montesquieu (un bien petit esprit en face du géant de la pensée Macron-économique), brûlons son effigie sur les places de nos mairies, devant le mot « Égalité », qu’on y rencontre encore de façon incongrue.
Une dernière citation de ce sinistre personnage, à l’attention exclusive de nos lectrices. « Tous les maris sont laids. » Celle-là, on n’en parle pas au lycée.
Serge Guérin