Il y a 55 ans:
Le 7 février 1962, dix attentats au plastic sont commis par l’OAS suscitant une profonde réprobation dans l’opinion publique.
Le 8 février 1962, à l’appel des UD CGT Seine et Seine et Oise, de l’Union Régionale CFTC, de l’UNEF, du SGEN, de la FEN de Seine et Oise, une manifestation est organisée avec le soutien du PCF, du PSU, des Jeunesses Communistes, des Jeunesses Socialistes Unifiées de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et du Mouvement de la Paix.
Cette manifestation pacifique contre les attentats de l’OAS, la complicité du gouvernement et la poursuite de la guerre en Algérie est réprimée avec une violence terrible et meurtrière.
Aux abords de la station Charonne (11e) et alors que les organisateurs s'apprêtent à déclarer la dispersion de la manifestation, les brigades spéciales de la police sous les ordres du préfet Maurice Papon chargent à coup de matraque les manifestants qui cherchent alors à se réfugier dans le métro. En contre-bas des marches se déroulent des scènes d'une violence extrême. Des témoins rapportent que des policiers vont se saisir et jeter des personnes dans l'escalier par dessus la rampe de la bouche du métro, ou encore lancer des grilles en fonte sur les manifestants tentant de fuir. Bilan : neuf victimes mortes étouffées ou le crâne fracturé et 250 blessés.
Les Victimes du 8 février:
Jean-Pierre BERNARD, Dessinateur aux PTT, 30 ans, Militant du PCF, et membre de la commission exécutive du syndicat CGT des télécommunications de la Seine.
Fanny DEWERPE, Sténodactylographe, 30 ans, Militante du PCF et du Syndicat des employés et ouvriers du Commerce CGT de la Région Parisienne
Daniel FERY, Employé de Presse, 15 ans, militant de la Jeunesse communiste et du Syndicat national des Cadres et Employés de la Presse CGT
Anne GODEAU, agent d’exploitation aux PTT, militante au PCF et au Syndicat des Services Financiers de Paris des Postes et télécommunications CGT
Édouard LEMARCHAND, Employé de Presse, 40 ans, militant du PCF et du Syndicat national des Cadres et Employés de la Presse CGT
Suzanne MARTORELL, Employée de Presse, 40 ans, militante du PCF et du Syndicat national des Cadres et Employés de la Presse CGT
Hippolyte PINA, 58 ans, militant du PCF et de l’Union Syndicale du Bâtiment de Seine et Oise CGT
Maurice POCHARD, 48 ans, mort de ses blessures quelques mois plus tard
Raymond WINTGENS, imprimeur typographe, 44 ans, militant du Syndicat du Livre Parisien CGT
N'oublions pas ces hommes et ces femmes qui se sont battus contre le colonialisme ! Agissons pour la vérité et la justice et la reconnaissance des crimes d'Etat que furent la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 et celle de Charonne le 8 février 1962.
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Communiqué du 13 février 1962 du Parti communiste français
Les huit martyrs antifascistes du 8 février 1962 entrent dans l’histoire. Aujourd’hui à Paris et dans la France entière, notre peuple arrête le travail pour rendre un hommage solennel et grandiose à ses fils et ses filles héroïques tombés pour sa liberté : Jean-Pierre Bernard, Fanny Dewerpe, Daniel Féry, Anne Godeau, Edouard Lemarchand, Suzanne Martorell, Hyppolyte Pina, Raymond Wintgens. Cet adolescent de 16 ans, ces trois femmes, ces quatre hommes, ces travailleurs s’étaient retrouvés jeudi dernier dans les rues voisines de la place de la Bastille, mêlés à des dizaines de milliers d’autres antifascistes, communistes, socialistes, chrétiens, républicains de toutes tendances et de toutes confessions. Ils sont tombés glorieusement dans la lutte contre les criminels de l’OAS sous les coups d’un pouvoir qui, toujours complaisant envers les fascistes, ne cesse de frapper les défenseurs de la liberté. Le Parti communiste français incline ses drapeaux devant les huit martyrs. Sept d’entre eux, Jean-Pierre Bernard, Fanny Dewerpe, Daniel Féry, Anne Godeau, Edouard Lemarchand, Suzanne Martorell, Hyppolyte Pina, étaient des communistes, nos camarades et nos frères de lutte et d’idéal. Le militant ouvrier Raymond Wintgens, comme nos camarades, a donné sa vie pour l’honneur et l’avenir libre de notre patrie. Le Parti communiste français adresse aux familles des héros antifascistes ses condoléances émues et l’assurance de son entière solidarité. Les travailleurs, tous les démocrates de France entoureront de leur sollicitude les parents des martyrs et tout particulièrement les enfants à qui l’agression de jeudi enlevé un père ou une maman. Le souvenir de ceux qui furent massacrés un soir de 1962 parce qu’ils criaient leu haine du fascisme et leur volonté de lui barrer la route restera à jamais dans les mémoires des Français et des Françaises. Leur sacrifice ne sera pas vain. Au lendemain du crime, pour manifester leur indignation et leur colère, les travailleurs et les démocrates se sont retrouvés plus unis que jamais. Ils y trouveront de nouvelles raisons d’agir pour rassembler les forces de notre peuple afin d’écraser l’OAS, de combattre le pouvoir personnel et d’ouvrir la voie à l’avènement d’une véritable République. Gloire éternelle aux héros du 8 février 1962 ! Vive la liberté ! Le fascisme ne passera pas!
(NB : il n’est question que de 8 morts à cette date parce que le 9ème, Maurice Pochard, alors dans le coma, devait décéder quelques jours plus tard)
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Archives INA les Obsèques des victimes de Charonne