Chronique dans « La Marseillaise Week end »

On aurait tort de limiter Trump et Kim à deux fous furieux. Trop facile de ne voir que grossièreté et imprévisibilité chez le blond décoloré et le petit joufflu à lunettes. Ce ne sont pas des personnages recommandables et encore moins sympathiques, je vous le concède. Pervers, peut-être, dangereux certainement, mais pas fous.
Lorsque Trump quitte précipitamment le sommet du G7 et à peine installé dans son avion retire sa signature du communiqué final, il n’improvise pas sur un coup d’une colère feinte. Il parachève plutôt sa besogne méprisante pour ses collègues du G7 après être arrivé en retard à toutes les réunions y compris au petit déjeuner tout en maintenant ses diktats économiques et stratégiques.
Lorsque Kim après des mois et des mois de provocations calculées à la sauce atomique décide de changer de braquet sur fortes pressions chinoises, il s’embarque dans une aventure où tout est calculé, pesé et sous pesé.
Il faut dépasser les clichés habituels. Trump et Kim ont été et sont toujours sous estimés. Impossible que le premier soit élu, disait-on dans les milieux newyorkais bien éloignés de l’Amérique du flingue et du hamburger. La revanche des déclassés du pays profond sur l’élite a bien eu lieu.
Quant au second, au delà de sa légende de liquidateur, il n’est ni sot, ni ignare. Peut être un bon joueur de poker.
Décidemment, dans ce nouveau monde, il est nécessaire de modifier les traditionnels logiciels de dépistage à moins de ne plus rien y comprendre.
La rencontre de Singapour constitue un événement considérable pouvant ouvrir la voie à la paix dans cette région du monde. Fou qui ferait le délicat oubliant l’invasion nord-américaine de la Corée en 1950, les 630.000 tonnes de bombes et les 3,2 millions de litres de napalm déversés sur un pays réduit en cendres. Sans oublier les 28.000 soldats US toujours stationnés au Sud.
Dans la plupart des capitales on ne s’y trompe pas comme à Pékin où on évoque « le début d’une nouvelle histoire », à Moscou « un pas important », à Tokyo « un premier geste encourageant ».
L’avenir dira. Quoi qu’il en soit, la perspective de dénucléarisation de la péninsule coréenne, l’arrêt des manœuvres militaires US, l’ouverture d’une coopération économique ne relèvent pas du détail mais d’un bouleversement impensable, il y a quelques mois encore.
Chaque partie joue sa partition, dit-on. Et alors. Que Trump soigne sa popularité et lorgne sur les élections de mi-mandat, rien d’étonnant. Que Kim joue la survie de son régime, on le comprend aisément. Si la paix est à ce prix, le défi mérite d’être relevé et peu importe l’odeur des cuisines.
Il existe en terme de physique quantique le « principe d’incertitude » ou mieux dit le « principe d’indétermination » selon lequel les particules changent en fonction du regard qu’on porte sur elles. La rencontre Trump/Kim et leur communiqué final doivent être interprétés de la même manière.
José Fort
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